Jamais on n’a vu des cafés bondés et envahis par les jeunes non pas pour suivre un derby de la ligue des champions de l’UEFA mais un débat entre deux postulants à la magistrature suprême.
Certains ne manquaient pas d’humour et ont demandé le recours aux arbitres assistants vidéo (VAR) pour visionner des passages pouvant changer le cours de leurs choix.
Les deux candidats « anti-système », l’universitaire Kais Saied et l’homme d’affaires Nebil Karoui se sont salués à la fin d’un débat télévisé retransmis en direct et qui s’est déroulé dans le calme et le respect mutuel.
Une image qui restera incrustée à jamais dans la mémoire des Tunisiens, au-delà d’une confrontation tumultueuse sur les réseaux sociaux entre les partisans de chaque candidat, galvanisée surtout par des tentatives de récupération politique et des affaires cousues de fil blanc.
Jamais, dans un pays Arabe, on a vécu pareil face-à-face entre deux candidats à la présidentielle. Jamais aussi on n’a vu des cafés bondés et envahis par les jeunes non pas pour suivre un derby de la ligue des champions de l’UEFA mais un débat entre deux postulants à la magistrature suprême.
Le spectacle était d’une rareté exceptionnelle hier, à Sidi Bou, à Carthage et à la Marsa et les salons de thé branchés ont été pris d’assaut au point que certains retardataires n’ont pu trouver de place et ont dû suivre le débat debout.
Les acclamations, les rire et les applaudissements ponctuaient les phases d’un face-à-face inédit. Les jeunes suivaient avec attention le comportement et les propos de deux candidats que tout oppose. Ils s’esclaffent de rire au détour d’un contenu qui surgit d’une phrase ponctuée par une hésitation de l’un des candidats.
Une ambiance de stade a régné hier soir dans les salons de thé, animée par un public jeune et branché qui commence à découvrir la politique grâce à deux candidats atypiques. Des supporteurs et des fans des deux candidats ont suivi dans une ambiance bon enfant le premier débat télévisé entre deux candidats à la présidentielle.
Nos jeunes ont de la chance et n’ont pas connu les douloureuses années de braise où la Tunisie n’avait droit qu’à un seul candidat à la présidentielle avec qui se présentaient, parfois, un ou deux postulants fantoches.
Ils n’ont pas vécu le cauchemar d’une campagne électorale organisée en faveur d’un seul candidat qui se délectait dans la spoliation de l’argent public, accédant au pouvoir avec un taux de qui tombe rarement en dessous de 90%.
De bon augure pour la Tunisie post-révolution mais les jeunes sont appelés à voter en masse demain et ne pas bouder le scrutin.