L’absence d’observateurs dans la quasi-totalité des bureaux de vote a discrédité le scrutin, selon le témoignage de plusieurs électeurs.
L’Isie, handicapée par le manque de finish, a peut-être raté le rendez-vous du second tour de la présidentielle suite aux grands efforts fournis lors des élections municipales partielles, des législatives et du premier tour de la présidentielle. On ne peut pas gagner à tous les coups. L’Isie avait l’air de manquer de souffle hier avec des bureaux de vote vides d’observateurs et de contrôleurs, et ses membres flânant dans les centres de vote.
Les explications fournies à cet effet par les responsables de l’Isie n’étaient pas de nature à rassurer les électeurs. L’attachée de presse de l’Isie, Asma Ben Messoud, nous a bien expliqué qu’il incombe aux deux candidats à la présidentielle de désigner des observateurs et de les envoyer dans les bureaux de vote et non à l’Isie qui s’est acquittée de son rôle et a délivré les accréditations nécessaires aux différents observateurs, contrôleurs et représentants des médias. Mais le citoyen ne comprend rien, c’est l’Isie qui doit endosser la responsabilité de cette « bavure ».
Dans les bureaux de vote de la banlieue nord, plusieurs électeurs rencontrés étaient mécontents et ont mis en doute l’intégrité de ce second tour.
Mohsen B. s’étonne de l’absence d’observateurs et de contrôleurs devant le bureau de vote de l’école Bouchoucha, au Kram. « L’Isie, à elle seule, ne pourra nullement assurer l’intégrité de ce second tour de la présidentielle ». « L’absence d’observateurs dans la quasi-totalité des bureaux de vote, notamment au Kram et à La Goulette, discrédite le scrutin, ont souligné plusieurs électeurs ».
Autre fait inquiétant, « la présence de membres de l’Isie qui figurent parmi les sympathisants d’un parti politique bien connu », accuse l’un des électeurs, la quarantaine bien sonnée.
« Comment l’Isie choisit-elle ses membres et sous quels critères », se demande-t-il, emporté et l’air inquiet.
Plusieurs électeurs étaient mécontents et ont mis en doute la transparence de ce second tour. « Mais où sont passés les observateurs et les contrôleurs ? », se demandent-ils.
Abdelkarim, chef du centre de vote Frahat-Hached au Kram, n’a pas manqué, lui aussi, de manifester sa grande inquiétude quand il a réalisé l’absence d’observateurs et de contrôleurs depuis l’ouverture des bureaux de vote. C’est anormal et inconcevable, commente-t-il.
L’une des représentantes de la société civile a été interdite de prendre des photos à l’intérieur des bureaux de vote et a été priée de quitter les lieux par les agents de police auxquels le chef de centre a fait appel.
Un choix bien difficile
Ceci n’a pas empêché d’autres électeurs de manifester leur satisfaction. C’est un scrutin qui se déroule dans une totale transparence, assure une dame à l’allure moderne. Une jeune fille et son frère étaient tous les deux du même avis. Toutefois, en dehors des bureaux des vote et même à l’intérieur, certains n’hésitent pas à enfreindre les règlements. Une vieille dame, accompagnée de son fils, brandit le signe de la victoire et cite à plusieurs reprises le nom du candidat pour lequel elle a voté. Un autre jeune, une fois le devoir électoral accompli, quitte le bureau de vote en criant haut et fort « Attention, il ne faut pas voter pour la Macaronie !» Personne n’interviendra pour le faire taire!…
Fatma, institutrice, nous raconte à la sortie des urnes qu’elle n’était pas convaincue de son choix. « J’ai voté pour untel, mais j’étais dans le flou total. Au fait, j’ai voté pour le moins mauvais, pas plus ». Le désarroi se lisait dans son regard, l’amertume aussi. Elle n’était pas d’ailleurs la seule. Plusieurs autres électeurs étaient rongés par l’indécision. Le débat télévisé a ancré ce sentiment chez certains qui ont fini par voter blanc.
Il va sans dire que la palme d’or revient surtout à ces personnes porteuses de handicap qui ont tenu à accomplir leur devoir électoral en dépit de l’absence de mesures appropriées pour faciliter leur accès aux centres de vote.