La Tunisie doit se préparer durant les prochaines décennies à faire face à d’importants problèmes en termes d’accès à l’eau. Comment remédier aux pénuries de cette ressource? Une vision nationale stratégique de gestion des ressources rares est nécessaire. Vision axée sur l’optimisation des décisions en rapport avec leur mobilisation et leur usage, ainsi que sur la définition des choix de politiques à établir pour contribuer à leur durabilité et la promotion d’une nouvelle gouvernance institutionnelle de ces ressources hydrauliques.
La Tunisie est appelée à adapter ses politiques économiques et ses stratégies sectorielles pour contrecarrer le phénomène de la rareté de l’eau et optimiser au maximum l’allocation des ressources en eau disponibles entre les différents secteurs et activités économiques.
Dans sa dernière version du Water Risk Atlas, le Think Thank «world Ressources Institue», a publié comme chaque année, son classement des pays confrontés à des niveaux élevés de stress hydrique. La Tunisie s’est affichée au 30e rang du classement.
Les statistiques montrent aujourd’hui que le total des ressources mobilisables est de l’ordre de 4,8 milliards de m3 (50% d’eaux de surface provenant de nappes profondes). Le volume des ressources disponibles est de 450m3 par habitant et par an, sachant que le seuil de pauvreté en eau est de 1.000m3 par personne et par an.
Disponibilité de l’eau potable
Concernant la disponibilité de l’eau potable, le taux d’approvisionnement a atteint 100% dans le milieu urbain et 97,9% dans le milieu rural. Malgré ces taux élevés, la disparité régionale existe encore, notamment dans les gouvernorats du Nord-Ouest à cause de la rareté des eaux souterraines à l’échelle locale.
En effet, le gouvernement a élaboré une stratégie à l’horizon 2030 afin de faire face à cette pénurie, visant l’économie d’eau, le développement des ressources non traditionnelles, dont les eaux usées traitées, et la protection de la qualité des eaux contre la pollution.
Allocation et coûts
L’objectif est aussi de préserver la construction de barrages, de lacs collinaires et de puits profonds, outre la réalisation de projets de dessalement des eaux dans le Sud de Tunisie et l’édification de six stations de dessalement d’ici 2021, moyennant un volume global de 31.000m3 par jour.
Parmi les projets programmés au cours de la prochaine étape, la réalisation d’une étude d’aménagement d’une station de dessalement des eaux dans le gouvernorat de Sfax, avec une capacité de 100 mille m3 par jour, qui sera portée après son extension à 200 mille m3 au profit de 650 mille habitants. Cette station sera opérationnelle en 2020.
L’allocation actuelle des ressources en eau par secteur est repartie comme suit:
-agriculture: 2.200m3 (77,3%)
-eau potable: 420 m3 (15,5%)
-industrie: 160m3 (6%)
-tourisme: 35m3 (1,2%)
Les coûts sont répartis comme suit:
–coût de revient de l’eau potable distribué par la Sonede: 0,600DT/m3
-coût de dessalement des eaux saumâtres (nappes): 2DT/M3
– coût de dessalement de l’eau de mer: 3DT/m3
-facturation de l’eau d’irrigation:: 0,140DT/m3
-facturation en moyenne: 0,360 DT/m3 ( 2,9 millions d’abonnés dont deux millions reçoivent un facture de moins de 10 DT / trimestre).
Avancées stratégiques
Pour la Tunisie, les trois dernières années ont été des années de défis face aux effets de plus en plus visibles et impactants du stress hydrique, vécu suite aux années de sécheresse consécutives. Durant l’année 2017, les piliers de la concrétisation de l’orientation vers la gestion de la demande, ont continué à se construire. Des études de portée stratégique ont été réalisées ou sont en voie d’achèvement, telles que l’étude tarifaire de l’eau d’irrigation, celle sur le mode de gestion des eaux ainsi que plusieurs études environnementales…
En revanche, le Code des eaux est toujours en attente d’être soumis à l’examen par l’ARP. La lenteur de ce processus a entraîné par conséquent des ralentissements pour concrétiser des projets structurants comme la conception et la mise en place de la Police de l’eau, ou encore la décentralisation de la gouvernance de la ressource avec les futurs conseils régionaux de l’eau. Le ministère de l’Agriculture n’a pas cependant ménagé ses efforts pour anticiper sur certaines mesures prévues dans le nouveau code, notamment les concertations régionales pour le rationnement de l’eau d’irrigation, et les comités locaux d’intervention contre les forages et les branchements illicites.