La faillite du tour-opérateur britannique Thomas Cook a mis plus d’un hôtelier dans une situation embarrassante. Il faut reconquérir ce marché en tissant des liens avec les petits tour-opérateurs, les réseaux de vente et le renforcement des vols aériens
« La destination Tunisie sur le marché britannique après la faillite de Thomas Cook et à la veille du Brexit » : tel est le thème du séminaire organisé hier par l’Observatoire du tourisme au siège du ministère en présence notamment de René Trabelsi, ministre du Tourisme et de l’Artisanat, et plusieurs professionnels dans le domaine de l’hôtellerie, du transport aérien et du tourisme. La faillite de ce tour-opérateur britannique a eu des impacts négatifs sur la situation financière de plusieurs hôtels tunisiens.
Selon les chiffres disponibles, présentés au cours du séminaire et concernant la situation du marché britannique du 1er janvier au 30 septembre 2019, les arrivées des Britanniques sont au nombre de 184.275. La part du marché britannique est de 7,7% du total des Européens, y compris les Russes, et de 2,5% du total général. Les nuitées des Britanniques durant cette période sont de 1.458.099, soit une évolution de 138,7% par rapport à la même période de l’année précédente, ce qui représente une part de 8,8% du total des Européens, y compris la Russie, et 5,7% du total général. La durée de séjour est de 7,91 jours. Ces chiffres montrent clairement que ce marché a son poids en Tunisie et le tour-opérateur en faillite Thomas Cook gère une grande partie de ces entrées britanniques.
Programmer le maximum de sièges
D’après les interventions au cours de ce séminaire, et malgré cette crise qui a frappé certains hôteliers tunisiens, la situation est satisfaisante et de nombreux touristes britanniques sont intéressés de visiter notre pays. Les professionnels sont, cependant, soucieux de gérer la saison touristique 2019-2020. Toutes les parties prenantes, y compris les compagnies aériennes, dont Tunisair et Nouvelair, doivent s’y préparer pour décrocher de nouveaux marchés et programmer des vols sur le marché britannique pour compenser les vols perdus suite à la faillite de Thomas Cook. Il s’agit, en fait, de programmer le maximum de sièges pour réaliser la croissance escomptée, d’autant plus que la demande existe. Plusieurs Britanniques veulent se rendre en Tunisie et il faut leur donner la possibilité d’y venir.
A prendre en considération également le tourisme des jeunes qui offre des opportunités immenses. Tunisair qui réceptionnera de nouveaux appareils en 2021 et 2022, va augmenter son offre, ce qui permet d’attirer plus de touristes britanniques.
Il est nécessaire aussi d’inciter les compagnies aériennes étrangères à venir en Tunisie pour permettre aux touristes de visiter des zones touristiques comme Hammamet, Kantaoui et Sousse qui sont les plus prisées. Il ne faut surtout pas brader les prix, recommande un intervenant. Une étude élaborée au cours du mois d’août a montré que plusieurs hôtels de catégories 4 et 5 étoiles ont augmenté leur prix. Il est recommandé aussi d’exploiter les niches dans le marché britannique et de collaborer avec les petits tour-opérateurs au Royaume-Uni.
Si la Tunisie ne se positionne pas sur le marché britannique, d’autres compagnies aériennes peuvent prendre sa place. D’où la nécessité d’opter pour un marketing agressif, en vue de la promotion de la destination Tunisie. Il est possible aussi d’implanter des tour-opérateurs tunisiens à l’étranger pour être en contact direct avec les touristes potentiels.
Repositionnement sur le marché britannique
Le représentant de la Fédération tunisienne des agences de voyages a rappelé, de son côté, que la faillite de Thomas Cook n’est pas une première en son genre puisque l’on a assisté auparavant à la faillite d’autres tour-opérateurs. Il a proposé la mise en place de garde fou en vue de se protéger contre les chocs extérieurs, l’institution d’une assurance collective, la consolidation du pouvoir de négociation non seulement sur les prix mais aussi sur les délais. On entretient, de même, des relations parfaites avec la puissante ATA (Air Transport Association). Les demandes formulées par les représentants des professionnels tunisiens ont toujours trouvé une suite favorable.
L’ambassadeur de Tunisie à Londres a envoyé un message mettant en exergue l’importance du transport aérien pour le repositionnement sur le marché britannique, estimant qu’il faut travailler plus sur la qualité que sur la quantité. Un travail de marketing reste à faire pour mieux faire connaître la destination tunisienne qui a retrouvé la sécurité après les attentats perpétrés au musée du Bardo et dans un hôtel à Sousse. Notre pays demeure une destination fortement appréciée par les Britanniques.
A la fin des travaux, Afif Kchouk, président de l’Observatoire du tourisme, a lu les dix recommandations élaborées.
Ainsi, les professionnels tunisiens doivent considérer le Brexit comme une opportunité et non pas un inconvénient. Ils sont appelés également à estimer la faillite de Thomas Cook comme une page tournée. Il est recommandé, de même, de développer les lignes aériennes vers la destination britannique, notamment de raffermir les liens avec les circuits des distributeurs, de développer le marketing digital, de mettre en place une stratégie commerciale efficace et de promouvoir l’enseignement de la langue anglaise en Tunisie.
En conclusion, Nabil Bziouech, directeur général de l’Ontt, a mis en exergue l’importance du marché britannique et on a commencé à tisser des liens avec des tour-opérateurs pour qu’ils programment la destination Tunisie. Les actions ont été multipliées auprès des réseaux de vente de voyages pour qu’ils placent notre pays dans leurs programmes. Le mot d’ordre lancé est le renforcement du digital dans les opérations promotionnelles et l’option pour l’open sky.