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Passation des pouvoirs | Veiller à l’élégance et à l’harmonie

Après la passation des pouvoirs, il est tout à fait logique que certaines options changent, mais il est essentiel, surtout en matière de diplomatie, que cela se fasse avec doigté et beaucoup d’élégance. Car nous importe le sentiment de continuité de l’Etat et de respect des traditions de modération, d’objectivité et de justice.

Ça bouge du côté de la présidence de la République et il semblerait que de nouvelles options soient en voie. Ce qui est bien normal.

Mais, sans attendre, les observateurs, experts et commentateurs, ainsi que des personnalités politiques et d’anciens responsables s’exposent çà et là à des commentaires, critiques et «mises en garde».

Dernier événement critiqué, l’entretien accordé par le chef de l’Etat au ministre allemand des Affaires étrangères sans que notre ministre des Affaires étrangères n’ait été convié, une très vieille tradition ancrée dans le protocole.

Mais il s’est avéré, hier, que la destitution des deux ministres que nomme le président de la République conjointement avec le chef du gouvernement, ceux de la Défense et des Affaires étrangères, soit Abdelkrim Zbidi et Khémaïes Jhinaoui, ait été, en fait, opérée dès lundi. Cependant que Khémaïes Jhinaoui a affirmé avoir présenté sa démission à Youssef Chahed hier mardi. Sauf que la communication reste apparemment défaillante et se double de versions contradictoires.

Dans un statut publié hier sur sa page Facebook, l’ancien ambassadeur de Tunisie au Liban, Samir Abdellah, qui a fait partie de l’équipe de campagne du candidat à la présidentielle Youssef Chahed, a critiqué les agissements de certaines personnalités de l’Etat et relevé des cafouillages qu’il attribue à « l’immaturité politique ». Il a, dans la foulée, estimé comme incorrect et déplacé le refus par le Parti destourien libre de répondre à l’invitation que lui a adressée la présidence de la République, et le fait que le ministre de la Défense ait boycotté les réunions du Conseil des ministres.

Il en conclut que le sens de l’Etat se perd chez nous autant que la maturité politique.

De son côté, le secrétaire général adjoint de l’Ugtt, Sami Tahri, a adressé une série de questions qu’il qualifie d’urgentes au président Kaïs Saïed.

Réagissant à l’affaire de la visite organisée à Tel-Aviv d’une délégation d’une vingtaine de jeunes Tunisiens, Sami Tahri s’est demandé s’il est normal que l’on implique ainsi ces jeunes dans la normalisation avec l’entité sioniste. Avant de se demander si le président de la République compte présenter un projet de loi criminalisant la  normalisation avec Israël et qualifiant de haute trahison tout acte de normalisation. Mais nous savons que le chef de l’Etat a été, â deux reprises, clair et ferme sur cette question. Sachant qu’il a précisé dans une interview accordée à un média français qu’il est contre la normalisation avec Israël mais qu’il n’a rien contre les juifs, au contraire.

Et le responsable syndical de demander, à l’occasion, au président de la République si les pages portant son nom sur les réseaux sociaux, appelant à la dissolution de la centrale syndicale, l’engagent ?

A un carrefour de deux présidents de la République, il est logique que certaines options changent, mais il est essentiel, surtout en matière de diplomatie, que cela se fasse avec doigté et beaucoup d’élégance. Car nous importe le sentiment de continuité de l’Etat et de respect des traditions de modération, d’objectivité et de justice dont s’est toujours prévalu la diplomatie tunisienne.

Dans sa lettre de démission, Khemaïes Jhinaoui a expliqué les motifs ayant entraîné sa démission. Des motifs qui se résument essentiellement en « l’impossibilité de poursuivre sa mission à la tête du département qui exige une harmonie entre les institutions de l’Etat ». Sans doute a-t-il voulu alerter l’opinion sur des tiraillements entre Carthage et La Kasbah. Comme au bon vieux temps de Si El Béji.

Étant diplomate de carrière, il n’a probablement pas dit les choses comme il les a jugées. Quant à nous citoyens, nous aurions préféré voir le chef de l’Etat recevoir le ministre et l’informer de sa destinée, avant que le chef du gouvernement n’officialise la fin de mission de Jhinaoui.

Même chose pour Abdelkrim Zbidi, jusque-là porté aux nues pour sa discipline et son efficacité au service du pays et de la protection de ses frontières à l’encontre du terrorisme, du banditisme et de la contrebande.

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