Le 27 avril, à partir de 20h00, le Théâtre municipal ouvrira ses portes pour la grande fête du roman tunisien: le Comar d’or, désormais une tradition et un tremplin confirmé pour la promotion de ce genre littéraire. C’est la 23e édition du Comar d’or qui sera dédiée à la mémoire de Rachid Ben Yedder. 32 romans en langue arabe et 15 en langue française sont dans la course. A cette occasion, nous avons eu un entretien avec M. Lotfi Ben Haj Kacem, président du comité d’organisation du Comar d’or.
Le Comar d’or a 23 ans aujourd’hui. Quel est votre bilan de cette manifestation ?
Après toutes ces années on peut dire que le Comar d’or a largement contribué à la promotion du roman tunisien, contrairement à d’autres prix qui existent déjà. Nous avons pu créer autour du Comar d’or tout un événement sans nous contenter de remettre tout simplement un prix à la fin de l’année. Cet aspect festif est valorisant pour le roman autant que toute la communication qui se fait autour des livres en course. Cela ne s’arrête pas là, puisqu’on continue à soutenir, à accompagner et à donner de la visibilité aux romans primés après l’événement.
Parlez-nous de l’évolution de ce prix …
Nous avons constaté, qu’au fil des années, le nombre des romans édités et présentés au concours a augmenté. De 1997 à 2019, nous sommes passés de 17 à 523 romans en langue arabe et de 13 à 280 romans en langue française en compétition. L’évolution concerne également la qualité, qui, selon les membres successifs du jury, s’est nettement améliorée. En parallèle, la valeur des prix a augmenté, à l’occasion de la vingtième session, pour atteindre les 10.000 dinars. Sur un autre niveau, nous avons amélioré de manière sensible l’organisation de cet événement, et pour l’édition 2019 nous comptons introduire une touche digitale.
C’est aussi une édition dédiée à feu Rachid Ben Yedder ….
Effectivement, c’est une édition dédiée à feu Rachid Ben Yedder, qui est le président du groupe et qui tout au long des éditions précédentes, était présent parmi nous. Il nous a également toujours encouragés pour l’organisation du Comar d’or, parce que c’est quelqu’un qui a cru au mécénat d’une manière générale en Tunisie, étant lui-même mécène et grand lecteur de romans. Il lisait régulièrement tous les romans primés entre autres. A l’occasion de cet hommage qu’on lui rend, on a revu la cérémonie dans sa globalité. Cette année, la soirée ne sera pas consacrée au tarab comme d’habitude, mais à la musique classique, puisque toute la soirée sera animée par l’Orchestre symphonique dirigé par Hafedh Makni.
Les éditeurs font des efforts aujourd’hui pour publier les romans avant la date butoir du dépôt au concours du Comar d’Or…
Si ce prix contribue au développement du roman tunisien, c’est tant mieux, mais il faut reconnaître aussi que c’est tout le monde qui y participe. Les éditeurs ont, par exemple, un rôle extrêmement important dans la promotion du roman parce que, motivés par ces prix, ils vont dénicher des talents pour les mettre en valeur.
Vous accordez une attention particulière à la qualité du jury, ce qui met haut la barre pour les concurrents…
Nous avons toujours eu des jurys d’un haut niveau. C’est un choix qu’on s’est fixé depuis le début pour donner de la consistance et de la crédibilité à nos prix. Ce qui est important à connaître aussi c’est que ces jurys fonctionnent de manière autonome par rapport aux organisateurs de la Comar. Tout ce qui est évaluation des romans fait partie du travail du jury. A l’intérieur de ces jurys, on prévoit une rotation annuelle de deux membres pour assurer la continuité, tout en injectant du sang neuf .C’est grâce au choix de ces jurys aussi que les livres primés par la Comar sont d’une qualité irréprochable. C’est pour cela aussi que plusieurs romans primés sont promis à un parcours international.
Avez-vous des projets pour des Comars d’or pour d’autres disciplines littéraires, comme la poésie par exemple ?
Nous sommes une entreprise à vocation économique. Mais pour nous, il est absolument important que cette entreprise soit ouverte sur son environnement et contribue à la vie sociale et culturelle du pays. Convaincus de ce concept, nous nous sommes engagés dans deux grandes opérations : le Comar d’or et le Marathon international de la Ville de Tunis. En 2006, lorsque nous avons lancé ce prix, le roman était le parent pauvre des activités culturelles dans le pays. C’était la même chose pour le marathon. Nous avons cru en ces deux activités et nous avons réussi à relever le défi culturel et sportif. Il fallait faire des choix et nous ne pouvons pas être présents partout dans le domaine culturel et sportif.
Chaque année, on lance un appel aux entreprises et aux institutions économiques pour faire la même chose que nous, mais dans d’autres domaines. Nous avons été sollicités par les représentants des autres disciplines culturelles. Nous les invitons alors à contacter d’autres entreprises et institutions économiques. Nous n’avons pas les moyens humains et matériels pour tout gérer, pour la simple raison que nous sommes les organisateurs du Comar d’or, nous ne déléguons pas cela à un second. Nous avons créé tout un service au niveau de la Comar «Le service événementiel» et dont la mission est de s’occuper tout au long de l’année de ces deux opérations.