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Le chef du gouvernement face à son destin

Chef du gouvernement

Maintenant que les jeux sont faits et qu’Ennahdha a, enfin, révélé l’identité de la personnalité qui aura la charge constitutionnelle de former et de présider le prochain gouvernement, l’opinion publique se pose plusieurs interrogations dont il importe d’analyser les significations et de tirer les conclusions.

Et la première de ces interrogations concerne la marge de manœuvre et la liberté d’initiative qu’Ennahdha, le parti vainqueur des législatives du 6 octobre dernier, accordera au chef du gouvernement désigné pour ce qui est des négociations et des concertations qu’il aura à mener, peut-être, à partir d’aujourd’hui, avec les leaders et les responsables des partis politiques et aussi des coalitions ainsi qu’avec les personnalités nationales susceptibles de faire partie de la future équipe ministérielle.

Pour être plus clair, l’on se demande déjà si le chef du gouvernement désigné par Kaïs Saïed sur décision du conseil de la choura d’Ennahdha — faut-il le rappeler — aura les coudées franches pour mener à sa guise ses concertations ou sera obligé de rendre compte quotidiennement au président d’Ennahdha des résultats de ses contacts.

Plus encore, et à suivre les déclarations et les indiscrétions distillées, notamment par les alliés d’Ennahdha qui ont fait accéder, mercredi dernier, Rached Ghannouchi à la présidence du Parlement, l’on fait régner, inconsciemment ou intentionnellement, le flou total sur l’approche qui sera adoptée en vue de la constitution du prochain gouvernement. L’on ne sait pas toujours aussi si les mêmes alliés seront associés au choix des membres de la future équipe gouvernementale ou auront leur mot à dire sur le contenu du programme que ce même gouvernement aura à mettre en œuvre ou contribueront, au moins, à l’élaboration des mesures urgentes à prendre au cours des cent premiers jours du gouvernement.
Ainsi, doit-on attendre les premiers gestes du chef du gouvernement désigné pour découvrir si les négociations reprendront avec Ettayar et Echaâb qui ont fait faux bond à Ennahdha, mercredi dernier, au palais du Bardo.

Idem pour le parti Au Cœur de la Tunisie qui jure qu’il n’a conclu aucun deal avec Ennahdha pour porter Rached Ghannouchi à la tête de l’ARP et dont les responsables assurent qu’ils participeront au prochain gouvernement mais à leurs conditions, sauf qu’ils attendent encore d’être invités à présenter leurs exigences.

Le président de la République, Kaïs Saïed, a donné, en remettant à Habib Jomli, le candidat d’Ennahdha, sa lettre de désignation de futur chef du gouvernement, le coup d’envoi de négociations, de consultations et de discussions-marathons qui pourraient aboutir rapidement au cas où les partenaires au futur gouvernement prendraient la décision de faire prévaloir la voix de la raison et de mettre l’intérêt supérieur au-dessus de toutes les considérations, plus particulièrement, les agendas partisans.

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