Accueil Economie Supplément Economique Amani Boubaker- Directrice du Centre d’orientation et de reconversion professionnelle (Corp) : «Etre une force de proposition pour créer de nouvelles opportunités»

Amani Boubaker- Directrice du Centre d’orientation et de reconversion professionnelle (Corp) : «Etre une force de proposition pour créer de nouvelles opportunités»


En se positionnant en tant qu’intermédiaire de choix entre les entreprises et les candidats à la recherche d’un travail, le Corp se donne pour mission d’offrir de nouvelles perspectives et opportunités aux chômeurs. Son principal objectif, selon sa directrice Amani Boubaker, est de faire face à la problématique de l’emploi en Tunisie qui n’est pas uniquement liée à la création de postes, mais également à la réforme de l’éducation et de la formation professionnelle. Interview.


Vous venez d’achever la troisième édition du Corp Tour 2019. Quelle est la nouveauté de cette édition ?
Cette troisième édition vient clôturer les deux précédentes. En effet, le but du Corp Tour était d’aller à la rencontre des jeunes diplômés et chercheurs d’emploi, là où ils se trouvent, dans toutes les régions de la Tunisie, et d’essayer de créer un espace d’échange avec les entreprises locales via les mini-salons de l’emploi, organisés pour l’occasion.
Pour l’édition 2019, on a élargi l’accès à ces mini-salons de l’emploi en organisant en amont des formations ouvertes à tous, sans pré-sélection au préalable, chose nouvelle qui n’existait pas dans les éditions précédentes. Ainsi, on a permis à un plus grand nombre des jeunes diplômés de profiter de nos sessions de formation en ‘’soft skills’’. Le flux qu’on a enregistré témoigne du succès de ces formations, flux qui a augmenté lors des journées du Corp Tour, les 12 et 13 novembre où on a enregistré environ 3.000 participants entre entreprises, chercheurs d’emploi, étudiants…

Le dysfonctionnement structurel du marché du travail en Tunisie résulte de l’écart qualitatif entre l’offre et la demande de compétences. C’est précisément à ce niveau qu’intervient le Corp afin d’orienter les demandeurs d’emploi vers les secteurs d’avenir à forte employabilité. Pouvez-vous développer ce point de vue ?
Le problème du chômage est crucial car il intervient à un moment où le pays passe par une étape difficile. Malgré cette situation, un travail en profondeur est en train d’être réalisé pour venir à bout de ce phénomène et atténuer un tant soit peu les effets pervers du chômage en Tunisie. Mais, pour bien comprendre le problème du chômage dans notre pays, il faut établir, tout d’abord, un constat juste et pertinent capable de trouver des solutions adéquates pour pouvoir avancer sur le bon chemin. Dans ce cadre, la mission principale du Corp est de rapprocher les qualifications des chercheurs d’emploi aux réels besoins des entreprises. Notre centre se positionne, donc, comme un intermédiaire entre les entreprises et les demandeurs d’emploi afin de créer une nouvelle dynamique entre les deux parties.
Pour revenir à notre dure réalité, on constate un réel «gap»/fossé entre l’offre et la demande sur le marché de l’emploi. De nouveaux métiers et de nouveaux secteurs ont vu le jour et l’ère technologique et écologique actuelle modifie les données : certains métiers offrent des postes en pleine mutation tandis que d’autres sont en perte de vitesse. Le deuxième constat concerne les jeunes qui se sentent perdus sur le marché de l’emploi et qui ont besoin d’un accompagnement pour ne pas se retrouver seuls dans leur recherche d’emploi. D’où la nécessité de former des experts et des conseillers capables d’orienter les jeunes vers les nouveaux métiers. L’objectif est de transformer l’énergie parfois sombre de la jeunesse d’aujourd’hui en une énergie positive. C’est la clé de la sortie du marasme actuel.
A cet égard, au sein du Corp, on a mis en place des sessions de formation, d’orientation et de reconversion afin de permettre à de jeunes diplômés et chercheurs d’emploi de mieux s’adapter avec les demandes réelles du marché de l’emploi, en améliorant leur apport en soft skills et en les reconvertissant vers les métiers d’avenir et à forte employabilité.

Après près de cinq ans d’existence et de travail continu au sein du Corp, avons-nous encore besoin d’étudier les spécificités du marché national de l’emploi où le diagnostic est déjà prêt et est-il temps de passer à l’action ?
Aujourd’hui, les constats sont faits et on se trouve dans un état quasi statique en terme d’action. On pense qu’il est grand temps de bouger, même si beaucoup d’actions et d’initiatives ont été faites, mais il reste beaucoup à faire.
Notre approche et nos démarches constituent une partie de la solution mais il faudra combiner tous les efforts des parties prenantes publiques et privées ainsi que les ONG pour constituer une force de proposition et créer de nouvelles opportunités pour les chercheurs d’emploi et les jeunes diplômés, et aussi mieux répondre à l’offre et la demande sur le marché de l’emploi.
L’idée première derrière notre projet réside dans l’introduction, en Tunisie, de la notion de reconversion professionnelle afin de désengorger certains secteurs au profit d’autres, offrant un meilleur potentiel de recrutement et de nombreux débouchés…L’un des grands défis d’aujourd’hui, c’est de donner de l’espoir aux jeunes et de les éclairer sur toutes les opportunités qui s’offrent à eux.

Que fait le Corp pour atteindre cet objectif ?
Le Corp se veut à l’image de la Tunisie de demain, respectant la dignité des employés, le droit des employeurs et croyant en les jeunes qui constituent le capital futur de notre pays. Dans cette optique de donner de l’espoir aux jeunes et de les éclairer sur toutes les opportunités qui s’offrent à eux, on travaille ardemment à rapprocher les qualifications des chercheurs d’emploi aux réels besoins des entreprises en Tunisie, et ce, à travers les sessions de formation qu’on organise et qui se focalisent sur l’apprentissage des techniques de recherche d’emploi et des softs skills.

Parmi les entraves notables pour l’accès à l’emploi, figure un déficit en compétences relationnelles dont certains jeunes souffrent. Faut-il miser sur le «soft skills» et est-ce suffisant ?
A l’inverse des “Hard Skills” qui définissent nos compétences techniques, les “Soft Skills” sont nos compétences humaines, personnelles et sociales. Elles se réfèrent directement à notre intelligence émotionnelle. C’est à la fois notre savoir-être et notre savoir-vivre. Elles représentent notre façon de communiquer avec les autres et sont bien plus importantes dans le cadre du travail que l’on peut penser.
Concerné par cet enjeu de société, le Corp s’engage dans le «soft skills», qui reste une condition essentielle pour les entreprises pour recruter ces candidats. Un savoir-faire, un dynamisme, une motivation, mais aussi un caractère du comportemental convaincant de leur part pour aspirer à un poste stable.

Quelles sont les réalisations du Corp en chiffres depuis sa création ?
Depuis sa création en septembre 2015, le Corp œuvre via ses services à outiller les chercheurs d’emploi pour l’amélioration de leur employabilité et travaille constamment à réaliser le matching adéquat entre le profil du candidat et les attentes des entreprises. On a reconverti plus de 450 candidats (452). On a formé 2.604 candidats en soft skills, lors de nos sessions d’orientation. On a placé 1.523 candidats dont 556 placements directs via les reconversions et 967 placement indirects (candidats orientés, ou lors du Corp City, Smart Tunisia Job Fair ainsi que des candidats accompagnés). On a formé des cadres de l’Etat (144). On a accompagné des candidats à faible employabilité et des retournants d’Allemagne (160).

Charger plus d'articles
Charger plus par Meriem KHDIMALLAH
Charger plus dans Supplément Economique

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *