Les graves crises (politique, économique, sociale…) que connaît notre pays nous imposent de trouver des réponses concrètes à des problématiques majeures et précises. Pour en débattre, la 34è édition des Journées de l’entreprise sera organisée sur le thème : « L’entreprise et le nouveau rôle de l’Etat ».
La crise économique qui sévit dans le pays depuis plusieurs années, la montée du chômage, l’exclusion sociale, la précarisation de la relation salariale et l’augmentation récente des déficits publics ont poussé l’Institut arabe des chefs d’entreprise (Iace) à évoquer la question du nouveau rôle de la l’Etat, qui sera débattu lors de la 34e édition des Journées de l’entreprise, qui se tiendra les 6 et 7 décembre 2019 à Sousse.
Lors d’une conférence de presse tenue hier à cette occasion, Nafâa Ennaifer, coordinateur des Journées de l’entreprise, a indiqué que le Think-Tank économique s’est focalisé sur le volet économique et a alimenté le débat sur plusieurs thématiques en relation avec l’économie à l’instar de la Loi de Finances 2020, le déficit énergétique, le chômage, la détérioration du service public, la non amélioration des conditions d’attractivité… « La Tunisie fait face, aujourd’hui, à de nouveaux enjeux majeurs qui vont jouer l’avenir du pays. D’où la nécessité de débattre ces problèmes structurels pour qu’on ne perde pas le courage de résister et on ne condamne pas l’avenir des générations futures », a-t-il précisé.
Ennaifer a ajouté que durant ces journées, l’Iace a choisi de braquer les projecteurs sur cinq crises majeures. L’événement sera, donc, l’occasion pour discuter de la crise politique que nous vivons actuellement, des défis qu’elle soulève et des alternatives pour y faire face afin d’assurer la stabilité et l’efficacité des institutions publiques, réformer et améliorer le quotidien du Tunisien…
Il est aussi grand temps de discuter de la crise économique, en dépit des controverses éternelles sur le degré d’implication de l’Etat dans les sphères économiques et sociales. « Il y a des stratégies industrielles et d’autres tournées vers l’avenir qui sont mises en œuvre par beaucoup de pays concurrents qui ont, bel et bien, donné des orientations claires, capables de mettre l’Etat devant ses responsabilités en tant qu’acteur qui doit être dans l’anticipation. A cet égard, l’Etat tunisien doit définir, avec le secteur privé, les métiers de demain et les secteurs stratégiques sur lesquels tout le monde devrait travailler ensemble car les citoyens et les entreprises attendent de l’Etat qu’il soit un Etat stratège, chargé de préparer l’avenir », a-t-il expliqué.
La troisième crise qui sera débattue est sociale. L’enjeu ici c’est de combattre l’exclusion et les disparités sociales et d’adopter le modèle d’inclusion sociale tout en identifiant le rôle et l’importance du secteur privé et du troisième secteur. La quatrième crise est technologique. L’accent sera mis sur le digital qui est en train de toucher et impacter l’économie dans son ensemble : secteurs, filières, métiers, emplois, croissance… «On est tous conscients aujourd’hui que la transformation numérique de l’Etat devient une nécessité pour rendre plus efficiente son action et améliorer la qualité des services publics, offrir un environnement de travail modernisé aux agents publics, mettre fin à la corruption et à la bureaucratie…Donc, un grand chantier a été lancé pour réussir cette transformation digitale et vaincre les résistances», souligne Ennaifer.
Enfin, c’est la crise civique et morale, dont personne ne parle bien qu’elle affecte notre climat, notre morale, l’image du pays… Les acteurs économiques et les citoyens sont désormais animés d’un « réflexe de survie » qui se manifeste par toutes ces incivilités, ces égoïsmes, cette indiscipline, cet opportunisme, ce désengagement et cette absence d’adhésion à tout « projet collectif ».
« Après une analyse profonde de ces crises, on va s’orienter vers des conclusions claires pour identifier nos principaux besoins qui sont au nombre de trois. On constate tout d’abord un besoin des ressources financières pour mener les réformes nécessaires et pallier ces carences qui peuvent être très graves pour le pays et pour les générations futures. Il est également question d’identifier les besoins en ressources humaines… et comment réduire le départ massif des compétences de l’administration et de nos jeunes à l’étranger. Troisièmement, on constate un besoin d’un leadership fort et de compétences de gouvernance au plus haut niveau de la sphère de l’Etat », a-t-il expliqué.
Pour rappel, l’ouverture de cette édition sera présidée par le chef du gouvernement, Youssef Chahed, et l’ancien président de la République, Mohamed Ennaceur. De nombreuses personnalités de renom national et international, des acteurs économiques, des décideurs politiques, des banquiers et des experts du monde des affaires seront au rendez-vous. Cette édition verra aussi la participation de plusieurs personnalités venant de plusieurs pays du monde comme la Turquie, la France, la République de Maurice, l’Allemagne, le Portugal, Canada, Singapour…