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Une nouvelle donne

Chef du gouvernement

L’HEURE a-t-elle sonné pour que Habib Jemli, le chef du gouvernement désigné, prenne son courage à deux mains et décide de mettre fin au «pèlerinage quotidien à Dar Dhiafa» des responsables des partis politiques, des personnalités nationales, des présidents ou secrétaires généraux des organisations professionnelles et de certains visages du tissu associatif en vue de faire part de leurs approches quant à la formation du prochain gouvernement, à l’élaboration du programme d’action qu’il aura à appliquer et enfin au choix des membres qui formeront la future équipe ministérielle ?

La question s’impose et exige une réponse claire et nette d’autant plus que les rencontres-négociations ou échanges d’idées avec les politiciens et les représentants de la société civile commencent à lasser les Tunisiens, sans oublier les déclarations produites à l’issue de ces rencontres, déclarations qui n’éclairent en rien la lanterne des citoyens qui suivent quotidiennement le ballet à Dar Dhiafa et exigent, désormais, qu’ils soient informés de ce qui se passe effectivement entre Habib Jemli et ses interlocuteurs et réclament davantage de transparence et de clarté pour ce qui est des messages qu’on essaye de faire passer à travers les déclarations et les petites phrases qui ne font que perpétuer le flou et perdurer un suspense qui ne motive plus personne.
Un suspense qui a dévié de son objectif initial en migrant vers un duel inquiétant ou même un conflit qu’on peine à cacher entre le chef du gouvernement désigné, en l’occurrence Habib Jemli et le président du parti qui l’a désigné pour assumer la charge de former le nouveau gouvernement, à savoir Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha et président du Parlement.

Quel enseignement les Tunisiens peuvent-ils tirer ou quel message ont-ils à saisir quand ils se trouvent devant l’obligation d’assister aux déclarations contradictoires de Habib Jemli et de Rached Ghannouchi sur la participation du parti Qalb Tounès à la future équipe ministérielle ?
Qu’il s’agisse d’une nouvelle manœuvre d’Ennahdha et de Qalb Tounès qui finiront par s’entendre «pour préserver l’intérêt supérieur du pays», comme ce fut le cas lors de l’élection de Rached Ghannouchi à la présidence du Parlement, ou qu’il s’agisse d’un réel désaccord entre Ennahdha et son chef de gouvernement désigné, les Tunisiens en premier lieu et aussi les partenaires aux négociations interminables de Dar Dhiafa (dont certains commencent à donner des signes d’impatience, voire de désenchantement) ont le droit de savoir où vont ces mêmes consultations, quand prendront-elles fin et quelle équipe ministérielle et quel programme révéleront-elles à la fin ?

Certaines parties comme l’Ugtt, à travers son secrétaire général, Nouredddine Taboubi, appellent à l’accélération de la constitution du gouvernement et d’autres laissent entendre que le nouveau paysage parlementaire apparu à la faveur de la création des groupes parlementaires pourrait impacter le processus ou l’approche adoptée jusqu’ici par Habib Jemli en vue de la formation de son gouvernement.
Et si la charte révélée, hier, par Habib Jemli contenant les critères et les obligations des ministres à choisir jointe aux répercussions que pourraient engendrer les transformations opérées au Parlement introduisaient, effectivement, une nouvelle donne qui obligerait Habib Jemli à revoir sa stratégie de négociation ?

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