La Quatrième Semaine de la cuisine italienne dans le monde s’est déroulée la semaine passée à Tunis. Elle a clos une semaine de rencontres et de dégustation par l’organisation d’une Table ronde sur le thème : «Origine, tradition, authenticité, qualité, la valeur des indications géographiques et des certifications dans les secteurs agroalimentaire et biologique ».
L’initiative vient de l’ICE-Agence italienne pour le commerce extérieur, qui travaille sous l’égide de l’ambassade d’Italie. Ont pris part à cette rencontre des représentants d’institutions tunisiennes et italiennes spécialisées dans la protection des produits typiques, bio et labellisés.
« Cette table ronde est l’occasion pour discuter des bonnes pratiques dans un secteur stratégique tant pour l’Italie que pour la Tunisie », affirme Donatella Iaricci, directrice de l’ICE-Agence italienne pour le commerce extérieur.
La demande croissante exprimée par les consommateurs en Tunisie et en Italie prêts à payer plus cher pour se sentir bien dans leur assiette a incité les acteurs publics et privés des deux pays à se pencher sur la valorisation de cette filière.
Un facteur de fierté pour les collectifs de producteurs
«Une filière explorée en Tunisie depuis les années 50, à travers des productions vinicoles labellisées AOC», déclare Lamia El Kateb, sous directrice des marque à l’Innorpi.
« Dans les années 80, des agriculteurs commencent à développer le bio sous la pression des acheteurs sans le savoir », réplique Samia Maamar, directrice générale de l’agriculture bio au ministère de l’Agriculture.
Ces produits sont susceptibles de participer au développement économique territorial, de réduire la pauvreté notamment dans les régions défavorisées et d’ancrer les populations dans leurs villes et villages d’origine en plus de devenir un facteur de fierté pour les collectifs de producteurs.
Les autorités ont ainsi entamé un travail d’identification des produits typiques par l’octroi notamment de signes distinctifs de qualité tout en analysant leur chaîne de valeurs. En Tunisie, les signes de qualité liés à l’origine sont régis par la loi du 28 juin 1999 relative aux Appellations d’origine contrôlée (AOC) et aux Indications de provenance (IP).
Une loi qui s’applique aux produits agricoles et alimentaires naturels ou transformés, végétaux et animaux.
Les deux pays jouent un rôle important dans ce secteur aux riches potentialités et peuvent trouver des formes de partenariat. Le modèle du «bio district», présenté à la table ronde par Mauro Conti, directeur général de Federbio (fédération du bio en Italie), est conçu comme une chaîne de sociétés sur un territoire donné, capable de produire de la valeur sous forme de produits ou de services de consommation. Il s’agit d’une zone géographique où les citoyens, les producteurs et l’administration publique concluent un accord pour la gestion durable des ressources locales.
Chocolat de Modica, une success story
L’ Italie avec 863 produits certifiés possède le plus grand nombre de produits bio en Europe. Les indicateurs du bio sont en croissance exponentielle depuis des années. Le chiffre d’affaires du bio est de 2,5 milliards d’euros en 2018, avec une hausse de 3% sur le total du secteur alimentaire. De même en Tunisie la production du bio a augmenté ces dernières années. Comme l’a mentionné Samia Maamar, 8.000 opérateurs ont investi cette filière d’avenir, dont 149 font de l’export vers 30 pays répartis sur les cinq continents. Le bio tourisme fait partie des tout nouveaux produits qu’offre cette filière avec comme bonus la découverte des plus beaux territoires du pays du nord au sud.
A la fin de la table ronde, Antonio Scivoletto, directeur général du Consortium de protection du chocolat de Modica, a présenté une success story, qui a fait d’un minuscule village de Sicile un lieu fréquenté par des milliers de consommateurs avides de ce succulent chocolat travaillé à l’état cru, où les cristaux de sucre ne sont pas jamais dissous et restent craquants. Il en résulte des saveurs et un goût uniques. Il raconte comment les archivistes ont retrouvé la recette originale de ce chocolat produit à Modica depuis la domination espagnole de la Sicile au XVe siècle. C’est le premier chocolat d’Europe à avoir obtenu une Indication géographique protégée, en octobre 2018.
« Ce chocolat a fait plus pour ma ville que le classement de l’Unesco, faisant doubler le nombre d’hôtels pour accueillir les visiteurs du festival de chocolat de Modica », explique Antonio Scivoletto.
Il ajoute : « Cela nous intéresse d’intégrer tant les dattes Nour, que les petits piments tunisiens bio, que la menthe certifiée d’El Ferch dans notre chocolat ».