
62 min sur grand écran ont suffi à la réalisatrice Hiba Dhaouadi pour entraîner son public dans le quotidien trépidant de «trois jeunes de la lune». Trois parcours différents, trois portraits de jeunes filles, trois tranches de vie attachantes mais surtout admirables. Retour sur un bel hommage et sur les récits d’une lutte sans merci pour une vie presque ordinaire…
Comme le titre l’indique, «Gil Of the Moon» ou «Bent el Gamra» de Hiba Dhaouadi traite sur grand écran—mais d’une manière télévisée— le calvaire de trois jeunes filles, Lamia Hakim, la plus âgée, Aya Gannouni et Sihem Hamzaoui. Filmées chacune de son côté, ces dernières se connaissent mais tentent de mener à bien leur vie avec son lot de bonnes et de mauvaises surprises mais surtout de défis à relever au quotidien.
Elles sortent souvent le soir pour faire leurs courses et leurs besognes du jour, fuyant les rayons du soleil, se couvrent de la tête aux pieds au moindre déplacement dans la journée, passent des journées entières dans des lieux clos mais éclairés, couverts, à travailler, s’interroger, échanger et rêver d’une existence meilleure pleine d’ambition. Les trois filles se conditionnent, font face au regard de la société et tiennent à avoir une vie ordinaire malgré le «Xeroderma Pigmentosum», une maladie génétique connue sous l’appellation «Les enfants de la lune». On en compte 1000 en Tunisie, 70 en France et 300 aux Etats- Unis. Des enfants contraints d’éviter au maximum les rayons ultra–violets au risque d’avoir rapidement des lésions cancéreuses ou même des brûlures. Ces enfants ont 4000 fois plus de risques d’être atteints par un cancer de la peau. Leur système immunitaire reste fragile.
Les trois filles filmées désirent vivre leur vie comme elles l’entendent : faire des études, se divertir, tomber amoureuses, fonder une famille et aller au-delà de ce que leur impose la maladie comme restrictions.
Hiba Dhaouadi a tenu à sensibiliser l’opinion publique sur cette minorité marginalisée à cause de sa maladie et attirer ainsi l’attention des autorités et de l’Etat sur sa situation alarmante. «Girl Of the Moon» est un cri de détresse retentissant mais qui s’achève sur une note d’espoir, d’optimisme et ne verse pas dans le pathos. Le film exprime l’urgence de voir émerger des espaces spécifiques et de se consacrer davantage à la recherche médicale pour améliorer les conditions de vie.
«Girl of the Moon», long métrage documentaire, a déjà obtenu le Prix du meilleur documentaire lors de la dernière édition du Festival du film tunisien. Le film a remporté aussi deux autres récompenses en 2019 : le deuxième prix au Festival international d’Alexandrie en Egypte, (Prix Ahmed Hadhri pour la meilleure première œuvre) ainsi que le Prix du Credif pour la meilleure réalisatrice cinématographique. Produit par Nada Mezni Hafaidh, le film est parrainé et soutenu par le groupe international SVR, laboratoire dermatologique, la Fondation Rambourg, Chicken & Egg Pictures et l’Association d’aide aux enfants de la lune. «Girl of the Moon » est en salle depuis le 2 décembre 2019.