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Spécial journées de l’entreprise : Les recommandations à suivre


En clôturant la 34e édition des Journées de l’Entreprise, l’Institut arabe des chefs d’entreprises (Iace) a annoncé une série de recommandations qui restent toujours d’actualité, et qui portent essentiellement sur la nécessité de mettre l’accent sur le rôle de l’Etat promoteur d’un environnement propice à l’entrepreneuriat et au développement de l’entreprise, ainsi que sur l’importance des rapports étroits de concertation et de coopération entre l’Etat et le milieu entrepreneurial.


Crise politique : pour un Etat efficace
Pour améliorer la gouvernance et l’efficience des institutions, l’Iace propose de doter les commissions des compétences requises pour pallier la lenteur d’examen des lois et garantir la qualité des rendus attendus, sanctionner l’absentéisme au parlement, pour une meilleure efficacité et une meilleure crédibilité pour le travail parlementaire, accélérer l’implémentation des réformes, en imposant un délai de 60 jours pour passer un projet de loi devant l’Assemblée générale. Un autre point de la même importance : pour garantir et améliorer le fonctionnement de l’administration, il est temps de donner la priorité à la réforme de la haute fonction publique et améliorer rapidement l’attractivité de l’administration pour la doter des compétences dont elle a besoin, valoriser les mobilités interministérielles (promotions, primes) et inter-fonction publique, développer un système d’information interministériel visant l’harmonisation des pratiques de gestion des ressources humaines dans l’administration.

Le think-tank propose, également, de rétablir un Etat fort, efficace, agile et réactif, capable de faire respecter la loi, de tirer profit des atouts qu’offre l’ouverture à l’international et de bien gérer les collatéraux de la globalisation et des réformes «douloureuses». Par ailleurs, la consolidation d’un Etat de droit demeure déterminante pour l’assainissement du climat des affaires et l’attractivité du site Tunisie, et ce, à travers la responsabilisation et la protection des agents qui font respecter les lois.

Crise économique et rôle de l’Etat
Le débat sur la politique industrielle doit être un débat ouvert, où l’intervention des pouvoirs publics devrait être définie par rapport à un nouveau monde industriel qui a ses propres contraintes et qui appelle à un rôle proactif de l’Etat. Pour ce faire, deux principales modalités d’intervention sont jugées unanimement nécessaires. Tout d’abord, il faut s’orienter vers une politique de ciblage industriel, et ce, à travers la définition d’une politique de ciblage industriel répondant à des critères précis (avantages comparatifs réels et latents/potentiel des régions/main-d’œuvre qualifiée, etc). Les moyens utilisés pour le ciblage peuvent être sous forme de Benchmarking international, appel des compétences nationales et concertation public et privé efficace ou à travers une grande cohérence de la politique d’incitation à l’investissement avec une politique basée sur le ciblage industriel.

Deuxièmement, il s’agit de renforcer l’intégration à la chaîne de valeur globale, et ce, à travers une promotion d’une montée progressive dans les chaînes de valeur globales à travers une analyse complète des chaînes de valeur spécifiques aux secteurs cibles et un recentrage sur les biens intermédiaires à fort contenu technologique et de ne pas omettre d’adapter (la formation des ressources humaines, l’aménagement du territoire, l’amélioration de l’infrastructure).
En outre, dans la mesure où une stratégie de redynamisation industrielle devrait engager l’avenir économique et social d’un pays, la politique industrielle à définir se doit d’abord d’être lisible et compréhensible auprès de tous les acteurs économiques concernés. De ce fait, cette politique nécessite plus qu’un simple diagnostic de l’existant, mais plutôt l’engagement d’une mobilisation collective autour d’états généraux de l’industrie. Il faut également, favoriser des partenariats public-privé, et fédérer les entreprises autour de leaders capables de jouer le rôle de locomotives de l’innovation.

Crise sociale : quel modèle d’inclusion à adopter ?
La question de l’implémentation des politiques sociales est cruciale pour le développement des pays. En effet, il est important de construire un modèle social progressiste, novateur et inclusif. Ceci sera présenté à travers les principales recommandations ci-dessous ; développer des programmes de transfert conditionnel de revenu aux pauvres ; les familles bénéficiaires veillent à maintenir à l’école leurs enfants en âge de scolarisation obligatoire (6-16 ans) pour limiter l’abandon scolaire, les parents bénéficiaires s’engagent à offrir 2 à 3 jours ou 3 heures par jour de travail bénévole pour contribuer à améliorer les services publics (municipalités, écoles primaires, collèges, lycées, administrations, infrastructures, etc.).

Deuxièmement, il faut revoir la politique des caisses de compensation: l’universalisation progressive des garanties sociales par un ciblage efficace des pauvres et en contrepartie l’élimination progressive des subventions des prix des produits alimentaires. Autre point important, pour s’orienter vers la territorialisation, il faut adopter un modèle de développement économique plus inclusif adapté aux régions. Pour ce faire, impliquer plus les acteurs locaux qui sont les mieux équipés pour construire une véritable approche adaptée aux spécificités des régions. Il est également question de renforcer le rôle du troisième secteur. En effet, l’émergence d’un troisième secteur économique est un complément aux efforts des secteurs privé et public.

Ce troisième secteur constitue, aujourd’hui, une réalité économique intéressante et un enjeu stratégique important, qu’il s’agisse du développement de nouvelles activités économiques, de la création ou du maintien de l’emploi, de la prévention de l’exclusion sociale, de l’aide aux personnes ou encore de l’apprentissage et du renforcement de la démocratie économique et de la citoyenneté active. Il contribuera certainement à l’inclusion économique, par la création de la richesse et de l’emploi et par la cohésion sociale et la solidarité. Plusieurs actions institutionnelles à entreprendre pour renforcer le rôle de ce troisième secteur, à savoir promulguer des textes de loi concernant un Code de l’entreprise sociale, le Crowdfunding et celui sur les fondations, renforcer la contribution du secteur privé aux causes publiques, étendre le champ d’intervention de la RSE.

Crise technologique et transformation digitale de l’Etat
La généralisation de l’utilisation et du recours à l’outil numérique n’est pas un choix, cela est devenu une obligation, afin que la Tunisie puisse faire partie du Monde. Le refus d’un recours important à l’outil informatique risque de nourrir la frustration et d’encourager encore plus la fuite à l’étranger des jeunes Tunisiens, de différentes couches sociales, digitales natives, et qui considèrent, à juste titre, que seul le numérique peut apporter une réponse rapide à des questions ou à la prestation de services administratifs ou autres.
Pour cela, il est nécessaire que toutes les parties prenantes jouent leur rôle, l’exécutif, à travers la Présidence du gouvernement et tous les ministères concernés, l’Assemblée des représentants du peuple, la Banque centrale ainsi que la société civile et le secteur privé. Tous doivent œuvrer ensemble pour que la Tunisie puisse convenablement prendre le virage du numérique.

Parmi les recommandations, l’Iace cite : la digitalisation de l’administration à travers l’instauration d’un Haut-Commissariat à la numérisation des services administratifs, rattaché à la Présidence du gouvernement, afin de coordonner, harmoniser et mutualiser les actions de numérisation de l’administration. Il y aussi la question de l’accélération de la mise en œuvre de l’identifiant unique et de l’identité numérique du citoyen et l’instauration d’une fiscalité propre au numérique. Et ce, pour endiguer et limiter les risques de fraudes et d’optimisation fiscale.
Pour renforcer la souveraineté numérique, l’Iace propose l’accélération de l’approbation de la loi sur la protection des données personnelles (Rgpd) par l’ARP.

Il est important de bien encadrer l’hébergement des données, plus particulièrement les données sensibles ainsi que les données personnelles et de sensibiliser les Tunisiens quant à ce type d’enjeux. Pour remédier à l’ignorance digitale, il faut développer l’enseignement et la formation pour favoriser le lettrisme numérique dès le plus jeune âge, y intégrer les compétences du XXIe siècle, y compris les compétences liées au numérique, à la valeur ajoutée du numérique et intégrer le numérique dans la pédagogie et la didactique. Par conséquent, préparer les enfants à vivre dans un monde qui n’existe pas encore, à des métiers qui n’existent pas et à résoudre des problèmes qui n’ont pas encore été identifiés.
Pour s’aligner avec la révolution de la crypto-monnaie, il faut accélérer la mise en œuvre du dinar CBDC et de la convertibilité du dinar. En effet, la facilité d’utilisation des monnaies électroniques, et plus particulièrement celles à base de blockchain, fera en sorte que nombre de Tunisiens seront tentés d’y recourir, même si ces monnaies seront achetées en devises. N’oublions pas que même si le dinar n’est pas convertible, il est possible d’acheter sur le marché tunisien des vouchers libellés en euros.

Crise des valeurs : vers un Etat régulateur
Pour remédier à cette carence éthique de plus en plus aiguë, et mettant en péril tout l’appareil administratif le rendant incapable de jouer le rôle de levier de développement et de croissance économique, un socle de mesures est nécessaire pour moraliser la vie publique. Pour cela, il faut œuvrer principalement sur trois volets, à savoir créer un mur d’intégrité: le mur d’intégrité est l’ensemble de textes de loi et décrets et pratiques portant sur la lutte contre la corruption et qui vise à protéger les deniers publics et former une opinion publique favorable aux batailles contre ce fléau. Et ce, notamment moyennant des mesures telles que commencer par l’école, changer l’école (l’école de demain est une école citoyenne et d’éthique), changer les méthodes (choisir les règles de la classe démocratiquement pour insérer la conduite démocratique et le respect de la différence d’opinion).

En faveur des jeunes, il faut instaurer un réseau de champions d’intégrité au sein des facultés et des quartiers et consacrer un concours annuel des meilleures initiatives en matière de renforcement du patriotisme, d’éthique et de lutte contre la corruption.
Au niveau de l’administration, il est indispensable de mettre en place un organe de surveillance des violations du code d’éthique dans tous les organes publics, renforcer l’appartenance à l’institution, l’ancrage du patriotisme chez les parties prenantes et rationaliser les formes de représentation professionnelles et syndicale, renforcer la transparence, encourager l’égalité des chances et la méritocratie et abolir toute forme de favoritisme dans l’accès aux postes de responsabilité, injecter plus de transparence dans la gestion des affaires publiques (les commissions de marché doivent faire appel à un membre de la société civile et un autre représentant du secteur privé), renforcer l’esprit du volontariat (créer le réseautage et les moyens nécessaires pour cet axe qui orientent la concentration des jeunes et tout sentiment de frustration en comportement positif).

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