Accueil Sport Le haut niveau ne s’improvise pas…

Le haut niveau ne s’improvise pas…


Le but magistral de Gomis résume à lui seul les limites d’une formation «sang et or» qui n’arrive toujours pas à se frayer une place dans le prestigieux gotha mondial.


Il y a un seuil que l’Espérance de Tunis n’est pas parvenue à franchir au niveau mondial. Pourtant, elle en est à sa troisième participation à la Coupe du monde des clubs. A chaque fois, c’est pareil : une défaite en match d’ouverture.
La première fois, ce fut en 2011. L’Espérance a perdu devant le club qatari Al-Sadd (2-1), une équipe d’un rang sportif inférieur. A l’époque, staff technique et joueurs avaient abordé le match d’Al-Sadd avec l’idée que c’était gagné d’avance et se voyaient déjà affronter le FC Barcelone. Ils ont oublié que pour pouvoir rencontrer le Barça, il fallait d’abord battre Al-Sadd.

L’année dernière, la leçon de 2011 n’a pas été retenue. Le tirage au sort a désigné Al-Aïn, club du pays organisateur, comme premier adversaire du champion d’Afrique au Mondial des clubs.
Il a suffi à l’équipe d’Al Ain de remporter le championnat émirati, de faire des recrutements de valeur en ramenant des joueurs expérimentés en fin de carrière mais ayant disputé le très haut niveau et de bien préparer son match d’ouverture de la Coupe du monde des clubs pour atteindre son objectif.
Prenant encore une fois leur premier adversaire à la légère, les «Sang et Or» ont concédé une lourde défaite sur le score sans appel de 3-0.

Tout est calculé
Si l’Espérance de Tunis ne parvient toujours pas à dépasser un seuil en Coupe du monde des clubs, c’est que dans le football business, tout est calculé. Rien n’est laissé au hasard.
Les dirigeants d’Al-Hilal l’ont compris. L’équipe, qui a perdu il y a un an contre l’Etoile du Sahel en finale de la Coupe arabe des clubs champions, n’est pas celle qui a donné la réplique à l’Espérance de Tunis samedi en Coupe du monde des clubs. Et ce n’est pas un choix hasardeux d’avoir recruté Bafé Gomis et Sebastian Giovinco.

Si l’Italien n’a pas joué, le Français, lui, a fait son entrée en cours de jeu. Son but magistral résume les limites techniques des joueurs «sang et or», notamment les défenseurs que le Français de 34 ans a balayés sur son chemin. Pourtant, Gomis n’était pas à 100 % de ses moyens. La preuve, il a fait son apparition en cours de jeu. Il devait faire partie du onze rentrant, mais comme il n’a pas encore retrouvé toutes ses sensations, son entraîneur, Răzvan Lucescu, a préféré l’utiliser en cours de jeu. Une carte qui s’est avérée gagnante puisque, neuf minutes après son entrée, Bafé Gomis a fait la différence en marquant le but de la victoire et de quelle manière ?!

A 34 ans, le Français a démontré qu’il a de beaux restes, même quand il n’est pas à 100 % de ses moyens à cause d’une blessure. Quelle technique et quelle habileté, balle au pied ! Bafé Gomis, le vétéran, a lobé Mohamed Ali Yaacoubi, dribblé le solide Abdelkader Badrane, s’est frayé un chemin vers la cage de Moez Ben Chérifia avant de l’assommer. Tout cela en coup de vent !

Quand on voit et revoit le but de Gomis contre l’Espérance de Tunis dans ce Mondial des clubs, deux enseignements majeurs nous viennent à l’ésprit. Le premier est que le génie et la technique d’un footballeur ne s’effacent pas avec l’âge. Le deuxième est lié au premier : quand on est footballeur professionnel, jouer le très haut niveau n’est pas une mince affaire. C’est un travail de tous les jours qui commence dès les catégories jeunes. Outre la morphologie que se travaille dès le jeune âge et qui doit faire partie du programme de la formation d’un jeune joueur, un footballeur professionnel doit soigner son physique tous les jours sur et en dehors du terrain. C’est ce qu’on appelle l’hygiène de vie.

Il y a également le volet mental. Or, quand on voit l’attitude des joueurs espérantistes sur le terrain, on a l’impression qu’il y a un blocage mental qu’on n’arrive pas à cerner. Anis Badri et ses camarades donnaient l’impression d’être accablés par ce qu’on pourrait appeler «Le syndrome du Mondial». Des joueurs accablés qui n’arrivaient pas à profiter de leurs moments forts du match.

Par ailleurs, la cohésion du trio d’attaque, Badri-Houni-Ouattar, qui a fait la différence contre le Raja de Casablanca et face à la Jeunesse Sportive de Kabylie, était inexistante contre Al-Hilal.
Bref, réussir sa participation à une Coupe du monde des clubs est un seuil que la formation «sang et or» n’est pas parvenue à franchir. Ce n’est pas seulement une question de qualité de joueurs, mais également d’un état d’esprit et d’un mental qui s’acquièrent progressivement en jouant régulièrement dans le très haut niveau.

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