Accueil Société La Tendance Moderne des SPAs fait fureur : Les bains maures menacés de disparition

La Tendance Moderne des SPAs fait fureur : Les bains maures menacés de disparition


Le «relooking in» déplaît toujours aux nostalgiques du bon vieux temps


A l’heure du modernisme rampant, plus aucun secteur de la vie active n’en est épargné. Partout, la mode est au relooking, au besoin de se faire «in», bref à la tendance à la sophistication au détriment du naturel et aux dépens du rétro qui n’a presque plus cours. Les bains maures populaires, vous vous imaginez, s’y mettent à leur tour. Eux au patrimoine historique qui nous est si cher et organiquement collé à nos traditions.
Aujourd’hui, il est malheureux (heureux?) de constater que leur nombre s’est réduit comme peau de chagrin. Faute de statistiques officielles disponibles, on peut avancer que deux sur trois ont perdu leur splendeur d’antan.
Oui, on n’y va plus comme avant, soit parce qu’ils ont vieilli et menacent ruine, soit parce qu’ils se sont «embourgeoisés». Aujourd’hui, le glas a sonné pour ces bains maures à la splendide architecture ottomane faite de marbre, de carrelages aux couleurs chatoyantes et de coupoles surplombant le toit (ou «stah» de l’époque).

Aujourd’hui, on n’y distribue plus ni seau pour la lessive, ni «foutas» pour se draper… Le «tayyeb» (comprenez masseur) qu’on s’arrachait joyeusement a, à son tour, disparu de la circulation, après avoir, durant près d’un… siècle, tenu le rôle de vedette du hammam. Idem pour la «harza» qui était très sollicitée par la gent féminine. En un mot, c’est tout un empire, berceau d’une belle et longue histoire, qui s’est effondré sous les coups de boutoir d’un modernisme à la fois dévastateur et sauvage «Les temps ont changé», soupire le propriétaire d’un bain maure situé à la cité Ghezala. Face à la chute de mes recettes consécutive à la baisse du nombre de clients, je n’avais plus mille et une solutions. Ou je modernise l’établissement, ou je mets la clé sous le paillasson».

Hammam… de luxe
Et c’est la seconde option qu’il choisit. Du coup, un prêt bancaire et aux travaux de rénovation de démarrer. La transformation, selon ses dires, fut radicale : dallage en marbre, murs en faïence, portes en aluminium, «mathras» de luxe, sauna, jets d’eau, pavillons de massage, seaux colorés, et jeunes hôtesses d’accueil belles, souriantes et branchées. Un SPA, quoi ! Le tout à un tarif de quinze dinars. La tendance a, aux dires de notre interlocuteur, touché un très grand nombre de bains maures traditionnels un peu partout dans le pays.

A contrario, cette offensive de modernisation semble déplaire aux incurables nostalgiques du passé qui la voient d’un mauvais œil. «Rien, jure l’un d’eux, ne vaut nos vieux hammams au charme incomparable. Personnellement, j’y vais tous les vendredis et je continuerai de le faire, même si on m’offrait un accès gratuit à ces… pseudo SPAS qui pullulent dans nos hôtels».
Il l’a dit avec un tel enthousiasme et une telle détermination qu’on ne dirait pas qu’il porte ses 50 printemps ! Une façon comme tant d’autres de résister aux vents violents des modes des temps modernes.

Mohsen ZRIBI

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