Ancienne gloire du foot tunisien, fonceur, mais aussi polémique et « agressif », Tarak Dhiab va-t-il réussir son come-back ? La thèse et l’antithèse.
Son retour n’est pas une surprise pour les rouages de la Kasbah. L’ex-ministre des Sports sous la « Troïka » fait son come-back dans un gouvernement dit d’indépendants. Ce n’est pas complètement vrai pour le cas de Tarak Dhiab, qui s’est affiché comme partisan d’Ennahdha depuis des années (et c’est son plein droit finalement).
On se demande alors, et dans l’état actuel de notre jeunesse et de notre sport, si son retour est un choix approprié ou non de Jemli. En tout cas, il n’est pas étranger au sport, c’est même quelqu’un qui a un long vécu et qui a des qualités mais aussi des défauts. Ce n’est pas à lui seul de réformer un secteur aussi confus et inexploité comme la jeunesse et le sport.
Fonceur
Ancien grand joueur de l’EST et de la sélection, consultant VIP de « Beinsports », charismatique pour le public sportif, Tarak Dhiab a une « légitimité » que nul ne peut contester. C’est aussi un fonceur, il ne recule pas devant des décisions douloureuses, conflictuelles et courageuses. Dossier infrastructure et embauche des diplômés de la jeunesse et des sports, il a beaucoup fait durant son premier passage.
Face aux barons du sport, il n’a pas peur d’agir et de mettre le doigt sur la plaie. Tarak a un relationnel garni à l’international, notamment dans les pays du Golfe.
Il a, en plus, un appui politique d’Ennahdha, il connaît bien les soucis des sportifs et des clubs ainsi que les rouages et les complications d’un ministère « lourd » par ses procédures. Son retour peut faire du bien et mettre plus d’autorité et d’efficacité dans les décisions. Les fédérations, les sportifs et les dirigeants, en bonne partie le respectent.
Règlements de comptes
Si on aborde le contre de son retour, on parlera de deux points. D’abord, un C.V. pas riche et une instruction faible (d’ailleurs, ça se pose pour d’autres membres du gouvernement). Il lui faudra, en cas d’investiture, étoffer son cabinet de compétences et ne pas faire comme en 2012 quand il a mis à ses côtés quelques personnes qui n’ont pas le niveau d’instruction requis. Le sport et la jeunesse (domaine qui risque d’être marginalisé par Tarak connu plus comme sportif) sont aujourd’hui une industrie.
On parlera d’un deuxième point contre. Le nouveau ministre, aussi audacieux et autoritaire, est quelqu’un qui aime les conflits. Son éternel bras de fer avec Wadi El Jary risque de créer de la tension dans notre football. Tarak, qui n’a pas oublié son départ en 2013, va-t-il attiser de nouveau ses anciens conflits avec le Cnot, la FTF, quelques présidents de fédérations ? Ça ne servira personne si c’est le cas.
Il reste à notre avis quelqu’un de fort comme dirigeant, mais a besoin d’étoffer son équipe et d’être plus docile et conciliant avec les acteurs du sport. Un grand nom, bien évidemment, mais aussi il doit changer son discours et sa méthode de 2012.
Plus que le nom du ministre, le sport et la jeunesse ont besoin d’une autre approche plus rationnelle et moins « politique » pour gagner en rendement. Sinon, on continuera avec les règlements de comptes et le copinage qui ont tué notre jeunesse et surtout notre sport.