On aurait pu se dire que l’artiste n’avait plus de secrets pour nous.
Et pourtant ! L’exposition que présente la galerie Ghaya, en collaboration avec Amin Bouker cette semaine, nous prouve que cet étonnant artiste avait encore beaucoup à dire, à offrir et à nous faire découvrir.
On aurait pu croire avoir tout vu, et avoir tout connu de ce magnifique monument de l’histoire de l’art tunisien qu’a été Jellal Ben Abdallah. On aurait pu penser avoir exploré le parcours et l’évolution de cette magnifique carrière de près de 80 ans consacrés entièrement et totalement à la peinture. On aurait pu se dire que l’artiste n’avait plus de secrets pour nous après l’important ouvrage, à lui consacré par Amin Bouker il y a peu de temps. Et pourtant ! L’exposition que présente la galerie Ghaya, en collaboration avec Amin Bouker cette semaine, nous prouve que cet étonnant artiste avait encore beaucoup à dire, à offrir, à nous faire découvrir. Les œuvres présentées, mis à part quelques travaux anciens, inédits certes, mais servant peut-être davantage de références, sont toutes récentes, et datent des dernières années de celui qui clôtura presque le siècle. Alors, si ce ne sont pas toutes des œuvres spectaculaires, c’est une démarche passionnante et émouvante que l’on nous invite à suivre.
L’exposition avait été décidée par Jellal Ben Abdallah lui-même, qui avait émis le vœu de se manifester « une dernière fois », et de chanter « la mer toujours recommencée » l’ayant accompagné toute sa vie, en choisissant pour thème « La mémoire et la mer ».
La collection présentée est insolite, inhabituelle, iconoclaste quelquefois. On y découvre un Jellal ben Abdallah curieux de nouvelles techniques, n’hésitant pas à sortir de sa zone de confort pour tester de nouveaux supports, de nouveaux matériaux. Un artiste total, pour qui l’abstrait n’est pas un tabou, mais une aventure joyeuse de couleurs, qui s’amuse à travailler avec des crayons de couleur, de la craie, des papiers craft et même….du café.
Un peintre espiègle qui peint sur des paquets de papier boucher, des menus d’avion, des marque- pages, grave le carton avec des instruments de bloc opératoire avant d’y injecter de l’acrylique liquide. En un mot, un artiste pour qui tout est art, ce qui n’exclut en aucun cas le ludique. Et qui, à la fin de sa vie, ose encore, essaie, explore, découvre et nous fait découvrir.
Alors, au-delà des travaux en eux-mêmes, dessins, miniatures, aquarelles, esquisses, gouaches, fusains, c’est à une remontée de la mémoire, une incursion dans l’atelier secret, une redécouverte de l’homme, une plongée dans l’émotion que nous convie cette exposition. Exposition accompagnée d’un livre qui n’est, en aucun cas, un catalogue, mais qui raconte une des multiples facettes de Jellal Ben Abdallah. Nous en reparlerons.