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14 Janvier, la preuve par 9


Ce qui est singulier dans notre «révolution» tunisienne, c’est la minutie et l’exactitude avec lesquelles le destin a dévoilé tous les questionnements et toutes les énigmes qui s’étaient posés aux protagonistes de l’époque où avait éclaté la révolte populaire, suite au ras-le-bol d’une population dont les difficultés croissaient sans cesse, a contrario de l’enrichissement parasite d’une oligarchie familiale qui a fini par détourner à son strict avantage de larges franges de l’économie nationale.


La «révolution tunisienne», tout d’abord, était-elle une révolution ou une colère généralisée suite au décès de Mohamed Bouazizi ou encore une insurrection populaire successive à une révolte survenue à un «mauvais moment» de l’histoire, où le régime autoritaire non démocratique du président Ben Ali s’enlisait dans une routine qu’il n’arrivait plus à surpasser par de nouvelles solutions économiques et sociales, mais était contraint de réprimer de manière violente.
Ben Ali et son gouvernement étaient d’ailleurs obsédés, depuis 2004, par les échecs répétés desdites «grandes réformes» que le régime avait identifiées comme panacée pour relancer enfin la croissance économique qui s’essoufflait et refusait obstinément de redémarrer, empêchant le régime de dégager  une nouvelle dose de «distribution de la richesse nationale».

Tant bien que mal, le pouvoir avait pu rester fidèle à sa promesse d’augmenter les salaires tous les trois ans, en trois tranches annuelles, mais ces améliorations devenaient moins généreuses et certains secteurs menaçaient d’explosion.
Le déclenchement de la crise du bassin minier de Gafsa fut ainsi, à la fois, une répétition générale et un dernier avertissement adressé à Ben Ali. Le régime avait-il atteint les limites de son «mode de développement» ? Les syndicalistes en étaient convaincus, eux qui avaient vécu une crise similaire en 1977, à la veille de la grève générale du 26 janvier 1978.

Depuis 2004, le gouvernement n’a cessé de se promettre, dans ses planifications, de relancer le PIB qui stagnait autour de 4,5%, mais les «solutions identifiées» n’arrivaient pas à forcer le destin.
Ces «solutions», que l’Union européenne appuyait et finançait, consistaient en un pari sur le haut de gamme et en une pénétration technologique plus audacieuse, mais les investisseurs partenaires hésitaient et les délais tiraient en longueur. Et, dans une ambiance nationale où l’obsession de la succession politique attisait les luttes sans merci au sein des familles Trabelsi, Ben Ali et Materi, certaines réformes ont été très mal gérées, accaparant l’attention du chef de l’Etat : éolien, photovoltaïque, désalinisation de l’eau de mer… Chaque aile de la «famille» voulait sa part et l’intérêt national en pâtissait.

Dès le lendemain de la révolution, «experts» et politiciens ont été nombreux à appeler à revoir le «modèle de développement», mais ce modèle a, sous Ben Ali, permis, sur une longue période, d’atteindre et de dépasser les 5% de croissance du PIB. Au terme de neuf années de «révolution», la raison reprend le dessus et les sages sont désormais convaincus qu’il est plus réaliste de préserver notre modèle de dévelopement tout en l’agrémentant par des réformes fondamentales débouchant sur un modèle enrichi plus performant.
C’était le rêve de Ben Ali : gagner deux ou trois points de croissance par une meilleure pénétration technologique, et un point et demi grâce au choix du haut de gamme.

La preuve par «9» de notre titre se réfère à ces neuf années post-révolutionnaires qui nous ont permis d’évaluer et de comparer les performances et les contre-performances de notre économie nationale, malgré la mauvaise gouvernance, les détournements de fonds, les grèves excessives, l’incorporation des anciens prisonniers politiques dans l’administration, les manipulations subies par les archives des caisses sociales…
Il se trouve que les neuf ans de stagnation n’ont pas affecté massivement les capacités productives, malgré tous les déficits et toutes les affaires de corruption. Notre modèle de développement reste perfectible mais exige un rapide enrichissement. Ce sera le travail d’un bon gouvernement de sauvetage national.

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