LES Tunisiens et les Tunisiennes se réveilleront aujourd’hui, lundi 20 janvier, en découvrant sur Facebook ou sur Internet le nom du prochain chef de gouvernement qu’aura choisi le Président Kaïs Saïed parmi la vingtaine de personnalités qui lui ont été soumises par les partis politiques, les coalitions et les blocs parlementaires sondés pour lui proposer les candidats qu’ils estiment les plus aptes à former le futur gouvernement, conformément à ce que stipule le fameux article 89 de la Constitution du 27 janvier 2014.
Les Tunisiens les plus chanceux, les irréductibles de Facebook et ceux qui suivent à la loupe, et à la minute près, tout ce que le chef de l’Etat communique sur la page officielle Facebook de la présidence de la République auront la chance inédite de devancer leurs concitoyens et connaître le nom «de l’heureux élu» du palais de Carthage au cas où le président de la République respecterait scrupuleusement l’expiration du délai constitutionnel des dix jours que lui accorde la Constitution pour dénicher «son poulain-chef de gouvernement» chargé de constituer la future équipe ministérielle, parmi les candidats proposés par les acteurs du paysage politique parlementaire (c’est-à-dire les forces représentées au parlement) ou en optant pour une personnalité qu’il choisira lui-même et dont personne n’a le droit au plan constitutionnel de contester la décision, contrairement à plusieurs lectures de constitutionnalistes autoproclamés qui ont malheureusement semé le doute et la cacophonie au sein de l’opinion publique.
Donc, aujourd’hui, il nous est possible de faire connaissance avec l’identité du futur chef de gouvernement à minuit tapant de la nuit du dimanche 19 au lundi 20 janvier en application stricte de l’expiration du délai constitutionnel qui a débuté dans la nuit du 10 janvier 2020 à minuit et quelques minutes, immédiatement après la réception par la présidence de la République de la correspondance électronique provenant du président du Parlement l’informant de l’échec du gouvernement Jemli à obtenir la confiance des députés.
D’aucuns rétorqueront que passer en revue et avec des détails qui pourraient être sans intérêt les procédures à respecter ne peut en aucune manière influencer le choix que le Président Kaïs Saïed aura à faire pour dénicher «l’oiseau rare» qu’on attend avec impatience.
Cette même lecture respectueuse, à fond, des procédures, pourrait cacher aussi une appréhension ou une crainte de voir les acteurs du paysage politique et civil prétendant être les plus influents sur la scène nationale et y maîtrisant la donne (surtout après l’échec du gouvernement Jemli) perdre les atouts dont ils croient disposer et se trouver dans l’obligation d’accepter, malgré eux, l’approche de gestion ou de gouvernance de la prochaine étape — comme pourrait les surprendre le Président Kaïs Saïed.