Ceux qui se sont empressés de déclarer après la chute du gouvernement Jemli au Parlement qu’Ennahdha est devenu, désormais, un parti comme les autres dans la mesure où même s’il dispose toujours du plus grand nombre de députés au palais du Bardo, il a perdu son statut de force n°1 du paysage politique national post-révolution sont appelés à revoir leur copie, puisque le parti de Montplaisir a réussi, grâce à une manœuvre politique dont il est le seul à maîtriser les ficelles, à revenir sur la scène politique nationale comme l’acteur principal dont on attend les initiatives et qu’on courtise secrètement ou au vu et au su de tout le monde dans le but d’en tirer des faveurs.
Ainsi, grâce à l’initiative législative relative à l’amendement du Code électoral soumise au Parlement par les députés nahdhaouis avec le soutien de leurs collègues de Qalb Tounès initiative appelant au relèvement à 5% du seuil électorale, Ennahdha est-il parvenu à transformer la donne prévalant sur la scène politique nationale dans le sens que l’intérêt des Tunisiens et leur attention ainsi que le suivi médiatique quotidien ne sont plus braqués exclusivement sur ce que concoctent au palais Dhiafa Elyes Fakhfakh et les partis qui discutent de son document de référence portant l’appellation officielle «le programme du gouvernement de la clarté et de l’édification de la confiance».
Les objectifs réels qu’Ennahdha cherche à réaliser à travers la remise sur le tapis de ce projet de loi ne visent-ils pas le plus simplement du monde à écarter les petits partis politiques en cas d’élections législatives anticipées et l’émergence de deux ou trois grandes formations politiques qui domineront le futur paysage parlementaire ?
Et ces agendas qui ne sont plus un secret pour personne à la faveur des craintes réelles de voir le gouvernement Fakhfakh tomber au Parlement et de voir les législatives anticipées s’imposer comme une solution inévitables ont poussé, comme le soulignent plusieurs observateurs, Ennahdha à exiger de la commission parlementaire de législation générale d’accélérer l’examen du projet en question de manière à ce qu’il puisse passer en plénière et être adopté avant que Fakhfakh ne réussisse à former son gouvernement et à solliciter la confiance des députés.