Un seul des quatre championnats a pu se dérouler. Une paralysie presque totale.
D’habitude, quand un arbitre s’énerve, il use automatiquement de ses cartons jaunes et rouges. Mais, cette fois, ça se passe en dehors des enceintes sportives, et plus particulièrement en handball tunisien, dont les arbitres ont boycotté les compétitions du week-end dernier. En effet, un seul des quatre championnats a pu se dérouler, à savoir le play-off de la Nationale A, alors que ceux de la Nationale B, de la division d’honneur et des féminines ne purent avoir lieu en raison de l’absence des arbitres. Du jamais vu dans l’histoire de la compétition locale !
Dialogue de sourds
Comment en est -on arrivé là ? Cela remonte au printemps dernier, lorsque nos arbitres montèrent soudain au créneau, en menaçant de boycotter la cruciale phase de la fin de saison.
Et cela à cause du silence radio de la fédération qui n’arrivait pas à régler leurs dus (plus d’une année d’impayés ).
Finalement, ils revinrent à de meilleurs sentiments, non sans avoir obtenu l’assurance de voir leurs revendications satisfaites avant l’ouverture de la nouvelle saison. C’est qu’ils savaient que la crise financière dans laquelle se débattait la fédération était effectivement si grave et chronique que ses dettes ne cessaient de s’accumuler auprès des entraîneurs nationaux, des conseillers techniques régionaux, des fournisseurs, des hôtels et même de son personnel administratif !
Au début de la saison actuelle, nouvel épisode du feuilleton avec un autre préavis de grève heureusement vite abandonné au nom du «patriotisme», les arbitres ayant alors renoncé à la grève pour ne pas perturber la concentration de la fédération sur les préparatifs de l’important événement de la CAN.
Jeudi 30 janvier : le énième ultimatum des hommes du sifflet expire, la partie d’en face n’ayant pas, à nouveau, tenu sa promesse. Du coup,le vase déborde, les réserves de la patience s’épuisent et nos arbitres ne voient plus que rouge. Ça y est, les voilà en grève. Comme un seul homme et pour de bon, cette fois-ci. Ils y tinrent si farouchement que les âpres négociations conduites par les membres fédéraux se sont avérées improductives. Face à la position terriblement inflexible des arbitres, pourquoi la fédération n’a-t-elle pas publié un communiqué annonçant le report de tous les matches ? Cela aurait épargné à plusieurs clubs les frais des déplacements inutiles qu’ils ont endurés sans jouer !
Le bout du tunnel ?
Quels rebondissements connaîtra cette affaire ? Jusqu’où ira le bras de fer ? Aux dernières nouvelles, le bureau fédéral a décidé de trancher là-dessus, lors de sa réunion de cette semaine. Oui, mais comment et quand? Où trouver ce joli pactole de 400 mille dinars pour éponger la totalité des dettes accusées envers les arbitres ? En cas de persistance de la crise, pourra -t-on éviter le pire des scénarios, à savoir l’annulation de toutes les rencontres à venir et, par là, décréter la… fin de la saison avant terme ? Et puis, la tutelle finira -t-elle par jouer les pompiers, en injectant, d’urgence, une avance sur la subvention annuelle allouée à la fédération afin d’aider celle -ci à entrevoir le bout du tunnel ?
Mohsen Zribi