Face aux pressions d’Ennahdha et aux conseils amicaux de Tahya Tounès le poussant à élargir les consultations pour la formation de son gouvernement, Elyes Fakhfakh se trouve dans l’obligation de trancher : céder aux caprices des uns et des autres ou se préparer à subir un fiasco assuré
On l’avait prédit la semaine dernière : Elyes Fakhfakh, le chef du gouvernement désigné, a commis une «grosse» erreur en annonçant vendredi dernier que tout était prêt pour que les dix partis qui composeraient la ceinture partisane et parlementaire de sa future équipe ministérielle signent, samedi dernier, le document «programme commun» du prochain gouvernement.
Fakhfakh s’est encore permis — en laissant entendre que la signature du «programme commun» n’était plus qu’une question d’heures — le luxe de révéler que la composition de son gouvernement sera dévoilée au cours de cette semaine. Ce qui voulait dire, dans l’esprit d’Elyes Fakhfakh, que le délai constitutionnel qui lui est accordé pour former son gouvernement et pour lui solliciter la confiance des députés sera largement devancé.
Sauf que, malheureusement, les calculs ou les projections de Fakhfakh se sont révélés faux et ceux qui lui ont reproché son attitude de précipitation en livrant ses déclarations sans avoir réussi à s’assurer l’aval de ses «alliés-partenaires», dont en premier lieu Ennahdha, avaient, en effet, raison en lui adressant leurs remarques.
Ennahdha lui a fait faux bond en demandant le report de la signature du «programme commun» à la journée d’hier, lundi 3 février, en prétextant que son président, Rached Ghannouchi, était rentré tardivement d’une mission parlementaire au Burkina Faso. Un prétexte qui cache la volonté du parti nahdhaoui de faire participer ses institutions de prise de décision — le bureau exécutif et le Conseil de la choura — au processus d’adhésion au gouvernement Fakhfakh comme il s’y cramponne depuis le démarrage des négociations, c’est-à-dire en y excluant Qalb Tounès (38 députés) ou en rejetant l’idée de faire partie du même gouvernement au cas où la proposition nahdhaouie «d’élargir les consultations pour toucher le parti de Nabil Karoui» serait, encore une fois, rejetée par Elyes Fakhfakh.
Hier, à moins d’une heure du démarrage de la réunion censée être consacrée à la signature du programme commun, réunion qui devait commencer à 15 heures, Ennahdha a mené son dernier forcing médiatique en déléguant Ahmed Gaâloul sur Mosaïque Show et Oussama Sghaïer sur IFM-Radio pour convaincre l’opinion publique et peut-être aussi «les partenaires encore hésitants» d’Elyes Fakhfakh de la justesse de son approche visant à la formation d’un gouvernement d’union nationale composé de tous les partis disposant de représentants au Parlement, sans exclusion ni marginalisation.
Et les dernières tractations entreprises par Ennahdha en vue de convaincre Elyes Fakhfakh de changer de position de se poursuivre, hier, au moment même où Gaâloul et Sghaïer faisaient leur show sur Mosaïque FM et IFM-Radio.
Ainsi Rached Ghannouchi a-t-il rencontré, hier matin, le chef du gouvernement désigné dans une dernière tentative de le pousser à accepter l’idée d’un gouvernement d’union nationale. Sauf que la réunion en question n’a pas abouti au consensus et Ghannouchi s’est trouvé dans l’obligation de recourir à la commission nahdhaouie des concertations pour qu’elle prenne la décision qui s’imposait.
Et la même commission n’a pas tardé à faire connaître sa décision : Ennahdha participera à la réunion en se faisant représenter par Noureddine B’hiri, le président de son bloc parlementaire, mais ne signera pas le document contractuel proposé par Fakhfakh aux participants à la réunion.
Une source informée auprès d’Ennahdha explique la décision en soulignant: «La signature du document contractuel (le programme commun) doit être le couronnement de l’accord final sur le soutien politique et la structure gouvernementale, son programme et sa composition finale».
Que faut-il retenir de cette position? Beaucoup pensent que le parti nahdhaoui n’a pas encore sauté le pas en rompant le dialogue avec Fakhfakh et en se retirant du processus de négociation qu’il mène depuis maintenant plus de deux semaines en vue de la formation de son gouvernement.
Contrairement à d’autres partis comme Machrou Tounès qui a décidé de ne plus participer aux réunions de concertation, estimant dans une déclaration rendue publique, hier, que «ce processus est politiquement et méthodologiquement biaisé», le parti de Montplaisir laisse la porte ouverte au retour des négociations et à la possibilité de voir Elyes Fakhfakh réviser l’approche qu’il a adoptée pour la constitution de son gouvernement et pour qu’il consente à écouter les conseils-pressions nahdhaouis renforcés par les «conseils amicaux» de Tahya Tounès dont la commission politique, réunie dimanche 2 février, n’a pas manqué d’appeler «le chef du gouvernement désigné à élargir la base des consultations pour assurer au prochain gouvernement une large ceinture politique».
On attend maintenant ce qu’Elyes Fakhfakh va décider de faire (sous la pression amicale de voir les votes nahdhaouis et de Tahya Tounès et probablement celles d’Al Karama lui échapper) à la faveur — pensent certains observateurs — de ce qui ressortira de l’entrevue qu’il aura avec le président de la République pour lui rendre compte de «la marche du processus de formation du gouvernement».
Liberte
4 février 2020 à 12:24
On propose quel salaire aux futurs membres du gouvernement? Pourquoi ne pas fixer un gros salaire, et fixer un salaire minimum avec un objectif de réalisation atteint, ainsi les choses sont définies d’avance et personne ne se plaindra. Les avantages superflus vente voiture, chauffeur, gardés du corps, maison de fonction …,finis et égalités pour tous.