Depuis la révolution, le dinar tunisien a perdu beaucoup de sa valeur (avant de se stabiliser au premier trimestre de 2019). En effet, entre la fin de 2010 et la fin de 2018, le dinar s’est déprécié, en moyenne de 52% par rapport au dollar et de 45% par rapport à l’euro. Cette dépréciation était modérée entre 2011 et 2015 et s’est accélérée entre 2016 et 2018.
«Malheureusement, cette dépression du dinar n’a pas donné les effets escomptés, à savoir la maîtrise des déficits extérieurs, l’amélioration de la compétitivité et le maintien du volume des réserves de change à des niveaux convenables», précise-t-on dans le livre bleu de l’initiative Econ4 Tunisia baptisé «Sauver l’économie pour réussir la transition démocratique». Bien au contraire, l’économie s’est fragilisée, et on a assisté à un creusement des déficits commercial et courant, une détérioration des parts de marchés avec ses principaux partenaires, un alourdissement de la charge de la dette extérieure et une aggravation de l’inflation.
Pour pallier cette situation critique, une révision de la politique de change doit être opérée afin de garantir le triptyque : stabilisation, modernisation et efficacité.
Selon la même source, la révision de la politique du taux de change provient du fait «qu’une politique d’ajustement par les prix n’est efficace que dans une économie de marché, où les conditions de concurrence sont réunies». En Tunisie, le flottement du taux de change doit être précédé par un certain nombre de préalables, tels que la consolidation du cadre macroéconomique, l’assainissement des finances publiques, la modernisation du système bancaire et l’approfondissement du marché financier.
Mesures à court et moyen termes
Le redressement du dinar suppose la mise en place d’un certain nombre de mesures à prendre à court et moyen termes.
À court terme, la première mesure concerne la stabilisation de change. En effet, «il est impératif que la BCT exige une cession d’une partie des devises détenues par les entreprises exportatrices, limite les importations superflues et impose la contractualisation en devises pour toute prestation ciblant les non-résidents. Ceci améliore les stocks des réserves en devises et facilite les intentions sur le marché de change».
Le livre bleu propose, également, une autre mesure relative à l’assouplissement et la modernisation de change. Il s’agit «d’abandonner les mesures contraignantes auxquelles les investisseurs tunisiens font face, d’instaurer un climat de confiance pour les résidents comme pour certaines catégories des étrangers en leur donnant la possibilité d’ouvrir des comptes en devises».
Autres mesures proposées dans le livre bleu qui concernent, entre autres, la modernisation de la gestion de couverture de change associée à une mise en place de nouveaux produits de couverture contre le risque de change, et la mise en place de produits de placement adaptés à la diaspora afin d’augmenter et de diversifier les transferts des résidents à l’étranger.
À celles-ci s’ajoutent la création de mécanismes de garanties de change à long terme au profit des grands industriels, le desserrement des restrictions sur le contrôle des flux de capitaux pour que l’économie se développe et que le secteur financier se renforce.
L’objectif majeur de toutes ces mesures est d’instaurer un climat de confiance pour les opérateurs économiques. «Un tel climat favorisera l’investissement et contribuera à bosser la croissance».
Il est à noter qu’une partie importante des devises circulant dans le marché parallèle sera absorbée, «ce qui permettra d’alimenter raisonnablement le stock de réserve de change et renforcera les capacités d’intervention de change de la BCT en cas de besoin». Aussi, les coûts de production ou encore des importations ainsi que la charge de la dette diminueront, ce qui permettra de donner une bouffée d’oxygène supplémentaire aux entreprises et à l’Etat.