Maintenant qu’Elyes Fakhfakh est, peut-être, parvenu à «une solution honorable» à la question de l’association de Qalb Tounès au processus de la constitution de son futur gouvernement en attendant, toutefois, que Nabil Karoui dévoile ses conditions, se pose une problématique d’une ampleur sans précédent : comment le chef du gouvernement désigné va-t-il se comporter face au flot de demandes de portefeuilles ministériels exigés par chacun des partis politiques sur lesquels il s’est fondé pour construire sa ceinture politique et partisane et qui lui auraient promis les votes favorables de leurs députés au cas où il satisferait leurs demandes.
Encore une question : quelle réponse va apporter Elyes Fakhfakh à ceux parmi «ses alliés-partenaires» qui refusent que certains ministères de souveraineté soient confiés (sur décision de Fakhfakh) à des personnalités indépendantes qu’il désignera lui-même sans consulter personne parmi ses «alliés» ?
Plus encore, comment va-t-il traiter avec certains de ses «alliés» qui continuent à rejeter la présence de Qalb Tounès dans le prochain gouvernement et menacent de se retirer du processus en signe de contestation de l’acceptation par Fakhfakh de rencontrer Nabil Karoui et de dialoguer avec lui-même sans lui proposer un poste au sein de la prochaine équipe ministérielle.
Ces questions appellent une réponse claire et tranchante de la part d’Elyes Fakhfakh d’autant plus que les neuf partis constituant jusqu’ici la ceinture parlementaire et partisane du futur gouvernement (en attendant que s’y joignent officiellement Ennahdha et Qalb Tounès) ont placé la barre très haut pour ce qui est des ministères qu’ils exigent, en contrepartie de leur soutien, au sein d’une équipe ministérielle qu’on présente comme restreinte au maximum pour des considérations d’efficacité, de rentabilité et de célérité.
Quand Al Badil, qui dispose d’un député au palais du Bardo et offrirait donc une voix à Fakhfakh le jour du vote de confiance, exige cinq ministères, quand Al Karama avec 19 députés (qui peuvent quitter la coalition à n’importe quel moment) réclame six ministères dont le département de l’Intérieur et quand le Courant démocratique sollicite cinq ministères et avance le nom de son secrétaire général Mohamed Abbou en tant que candidat à l’un de ces départements, celui de la Justice sûrement, il est permis d’affirmer sans se tromper que le chef du gouvernement désigné s’est mis ou a été mis dans de beaux draps par ses «amis» qu’il a sélectionnés lui-même en croyant avoir choisi des hommes de confiance disposés à concrétiser les idéaux de la révolution, sauf qu’ils se sont révélés, malheureusement, un peu trop gourmands quand a sonné l’heure de répartir le butin.
Chater
9 février 2020 à 10:05
Et s’il s’avère que les partis politiques présentent des hommes et femmes d’Etat plutôt que des partisans ? La démocratie en sortira grandie.