La séquestration de quatre employés de la municipalité de Raoued par un habitant déclenche la sonnette d’alarme.
Le mercredi 5 février, quatre agents relevant de la municipalité de Raoued (gouvernorat de l’Ariana) étaient, comme à l’accoutumée, en pleine tournée des quartiers, des terrains vierges et des établissements commerciaux, du côté de Borj Touil, et ce, dans le cadre d’une mission routinière de recensement, quand soudain, la mésaventure commença. En effet, en déclinant leur identité à un habitant, ce dernier ne trouva pas mieux que de s’en prendre à eux, en refusant, bruyamment et dans un concert cacophonique truffé de propos obscènes, de répondre à leurs questions. Le coup de gueule d’une rare intrépidité, au lieu de baisser d’un cran, prendra, hélas, des proportions dramatiques, lorsque le quidam révolté et sans aucune raison convaincante, les fit entrer, en faisant semblant d’accéder à leur demande. Mal leur en prit, car, derrière eux, il s’empressa de refermer la porte à double serrure, avant de prendre la poudre d’escampette!
Otages d’un forcené, leur calvaire durera, tenez-vous bien, une bonne soixantaine de minutes, n’ayant dû leur salut que grâce à l’intervention «musclée» du maire de la ville qui, avec le soutien du délégué de la région et le concours des agents de la Garde nationale, réussira à libérer les siens.
Fin du mélo? Que nenni, puisque le héros malheureux de ce délit, bien qu’arrêté, a aussitôt été libéré! Suffisant pour mettre le feu aux poudres au sein de la municipalité de Raoued où tout le personnel, par solidarité avec le quatuor humilié, opéra un sit-in suivi d’une grève pour toute la journée. Grève qui paralysera tous les services et fera mal aussi bien aux citoyens empêchés d’effectuer les formalités administratives habituelles, qu’aux riverains devant les domiciles desquels des tonnes d’ordures ménagères se sont amoncelées!
Insécurité
Indépendamment des mobiles de cet incident grave et des motifs ayant assuré «l’immunité» du présumé accusé, la question de la protection des municipaux lors de l’accomplissement de leurs différentes tâches quotidiennes est ,à nouveau, déposée sur la table. Passe pour les scènes de harcèlement et de menaces dont sont victimes, de coutume, les agents de la police municipale ,chargés de la lutte contre le phénomène des constructions anarchiques. Passe encore pour les prises de bec entre les citoyens et les agents des guichets de l’état civil dans les arrondissements municipaux du pays. Mais, que le «syndrome du banditisme» étende son effet dévastateur aux agents de recensement ,un corps qui ne pose pourtant pas problème, voilà un constat amer qui signifie que les lignes rouges ont été bel et bien dépassées. Le plus sage serait d’identifier une solution pratique qui consisterait à notre sens en ces deux recommandations d’ailleurs réclamées par plusieurs municipaux que nous avons approchés :
– Primo : élargir la protection policière aux agents de recensement, étant donné l’existence d’une police municipale dans chaque commune
– Secundo : durcir les peines de prison contre tous ceux qui sont coupables d’agressions verbales et physiques envers les agents municipaux lors de l’accomplissement de leur exercice.
Reste à espérer que ces deux suggestions fortement soutenues par les syndicats trouveront écho auprès de la tutelle, de la fédération des villes tunisiennes qui chapeaute toutes les municipalités du pays, ainsi qu’auprès de la Confédération tunisiennes des maires.
Mohsen ZRIBI