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Futurs enjeux: quand le bassin redevient le cœur battant des pays riverains

A l’horizon 2025, la méditerranée observera une croissance de 4% par an pour les transports maritimes, une augmentation de la production de l’énergie éolienne en offshore et l’explosion de la production du gaz en offshore qui va quintupler entre 2010 et 2030 avec une tension sur la partie est.

Afin d’éviter toute confusion, le concept de l’économie bleue se réfère plutôt à l’économie de la mer, c’est-à-dire toutes les activités économiques en liaison avec la mer. Il est à souligner, à cet égard, qu’un autre concept appelé également économie bleue, ou encore «économie bleue 3.0» est un modèle économique qui a vu le jour au début des années 90 et qui a été conçu par l’entrepreneur belge Gunter Pauli. Par opposition au rouge (économie industrielle) et au vert (développement durable), le concept créé par l’entrepreneur belge repose sur trois principes : «Un, l’utilisation de ce que l’on a de disponible localement. Deux, la création exclusive des plus-values. Trois, la réponse aux besoins de la société, en incluant la résilience, le bonheur et la santé».

Après ce petit éclaircissement, il est à noter que l’économie bleue (objet de notre dossier) est plutôt un concept adapté au contexte méditerranéen. Pourquoi la Méditerranée? Cette mer, connue pour être le berceau des civilisations, accapare 20% de la production marine dans le monde. Une part très importante, notamment en comparaison avec ce que représente la méditerranée par rapport à la surface océanique mondiale : seulement 1%. Ainsi, cette notion d’économie bleue naquit de l’impératif de protéger l’environnement maritime de la Méditerranée et ses espaces côtiers avec une perspective de croissance «bleue» durable. Partager cette mer équitablement, préserver et protéger ses ressources, désormais, surexploitées et par conséquent vulnérables et cerner les opportunités de croissance tirée par les activités maritimes sont, en effet, les objectifs majeurs de l’économie bleue.

Construire un avenir durable à la Méditerranée

En effet, depuis 1976, année où les pays riverains de la Méditerranée et la communauté européenne ont adopté la convention de Barcelone, qui vise à protéger l’environnement maritime du bassin, il a été convenu «d’appréhender conjointement développement et environnement pour construire un avenir durable à la Méditerranée», comme il a été cité par le Plan Bleu, qui est à la fois un centre d’activités régionales pour la Méditerranée et un observatoire méditerranéen de l’environnement et du développement durable. Ainsi, selon la définition adaptée au contexte méditerranéen, l’économie bleue est «une économie circulaire peu polluante, efficace dans l’utilisation des ressources et basée sur des modes de consommation et de production durables, favorisant le bien-être humain et l’égalité sociale génératrice de valeur économique et d’emplois, réduisant de manière significative les risques environnementaux et les pénuries écologiques».

Un rapport qui a été publié en 2017 par la Fondation World Wide Fund For Nature (WWF) et qui dépeint l’ensemble des richesses de la Méditerranée, évalue «la valeur globale du patrimoine de la Méditerranée à plus de 5,6 millions de dollars. Cette valeur correspond à l’exploitation d’actifs naturels incluant les littoraux productifs, les pêcheries et les herbiers marins. La production économique annuelle estimée de la mer est d’au moins 450 milliards de dollars US». Le tourisme est le secteur qui contribue le plus aux économies locales, représentant 11% du PIB cumulé des pays méditerranéens, révèle le rapport.

Explosion des activités

Cette richesse incommensurable devrait être préservée, protégée et dûment partagée entre les pays riverains. Avec l’accroissement de la population méditerranéenne dans les années à venir, c’est le droit à la mer qui pourrait être compromis, notamment si on ne garantit pas une répartition équitable de l’exploitation de la mer entre les deux rives. Le rapport révèle, en effet, que les tendances de croissance des diverses activités maritimes économiques dans la Méditerranée sont, pour la majorité, à la hausse. Pour l’aquaculture, il est prévu une croissance de 112% à l’horizon 2030 (par rapport à 2017). A l’horizon 2025, l’on a estimé l’aménagement de plus de 5.000 km de littoral artificiel supplémentaire, plus de 500 millions d’arrivées internationales, 4% de croissance par an pour les transports maritimes, un développement accéléré de la pêche de loisir, l’augmentation de la production de l’énergie éolienne en offshore qui peut atteindre, à terme, les 12 GW, le développement accéléré de l’exploitation minière marine et l’explosion de la production du gaz en offshore qui va quintupler entre 2010 et 2030 avec une tension sur la partie est de la Méditerranée. En contrepartie, il est prévu que l’activité de pêche sera revue à la baisse en vue d’enrayer la pêche excessive dans le bassin dans l’objectif de protéger l’environnement marin.

Ces estimations de croissance dans les diverses activités économiques maritimes en Méditerranée donnent des sueurs froides à la fondation WWf qui met en garde les décideurs politiques dans la région contre le tarissement des ressources du bassin et son érosion marine. Ainsi, pour «un avenir durable de la méditerranée», le rapport a fixé 6 priorités, à savoir la mise en œuvre d’une gestion et d’une planification maritimes cohérentes et axées sur les écosystèmes, la mise en place d’une économie bleue durable, aller vers une économie respectueuse du climat et neutre en carbone, le déblocage du potentiel productif du patrimoine naturel à travers des financements publics et privés, la réduction de l’empreinte du tourisme de masse en mettant sur pied des modèles de tourisme plus durables et enfin la promotion d’une pêche durable.

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