
Mais où est passée Henda Labidi, ce peintre intimidé par ses propres courbes émanant de son for intérieur? D’un coup de pinceau, la voilà qui déflore sa palette sans crainte aucune et, en toute confiance, elle apprivoise son univers onirique…
Comme par enchantement, cette palette a explosé de tout son éclat sur les murs de la galerie Saladin. Rouge, bleu, rose, jaune, noir… c’est la danse des couleurs.
À l’entrée de la galerie, on est d’emblée emportés au rythme de cette danse aux nuances vives exprimée par des jets et des courbes volubiles et mouvementés. Le tout savamment disposé sur les toiles d’une Henda Labidi méconnaissable.
La voilà munie d’un pinceau effronté, un pinceau qui n’a pas peur de se perdre dans les dédales d’une palette aux coloris chatoyants et qui les révèle dans tout leur éclat. Couleurs élégantes, suaves et non moins fluides. Une invitation à un bal entraînant sur une musique endiablée et des tons pluriels bien juxtaposés sur des toiles en mouvement, des toiles qui nous semblent vivantes. Henda Labidi a pérennisé un geste qui tend vers l’infini. Par des touches fluides et bien animées, elle nous a ouvert le monde merveilleux d’un imaginaire bien riche. Jeux de couleurs et de lumières qui enfantent du beau. Le pinceau mû par la seule loi d’une palette pluridimensionnelle. Il jette l’encre sur les tableaux tel un éclat d’obus. Il explose à chaque fois en nous offrant un voyage dans le monde onirique d’un peintre qui a trouvé sa voie… Un pinceau débarrassé de toute attache, un pinceau libre qui danse sur chaque tableau et nous entraîne là où tout n’est que beauté et volupté.

Henda Labidi est à l’affût du moindre détail. A Travers chaque touche transparaît son être, sa passion pour la peinture… Un rendu voluptueux qui caresse le regard et d’un trait balaye le spleen. Notre peintre a même flirté avec l’aquarelle… Une réminiscence, un come-back à l’enfance où elle manipulait cette matière. Un beau rendu couleurs pastels…
Mais la langue principale de cette exposition reste l’impressionnisme… Tant il est vrai que l’impressionnisme utilise les couleurs comme outil de composition… Mais, plus encore, Henda Labidi a conduit ses mouvements impressionnistes jusqu’à l’abstraction au rythme d’un pinceau séducteur qui accouche d’impressions furtives et coulantes. Ce même pinceau alerte et désireux de suspendre le temps dans son envol invite le contemplateur à s’évader lui-même dans son monde intérieur. Un éclat multicolore suggestif prêt à être interprété tel le test de Rorschach… Notre peintre sait manipuler l’acrylique qui met bas des formes fluides qui bravent les frontières de la pensée artistique.
Chacune des toiles conte un rêve et le pinceau déploie ses ailes… Pour nous laisser choir dans le fantasmagorique ou le fantastique… Nous laisser choir dans un univers où règne la couleur en maître absolu… À travers une palette riche et haute en couleur, Henda Labidi nous a invités à découvrir son monde intérieur qui ne fait que refléter notre propre image.
Najet KACEM