Maintenant qu’Elyes Fakhfakh s’est installé officiellement au palais de La Kasbah, que ses ministres d’Etat, ministres et secrétaires d’Etat ont pris leurs fonctions et se préparent à dévoiler à l’opinion publique leurs premières mesures conformément aux choix définis dans le programme gouvernemental commun et que les députés ont sauvé leurs sièges, la question que l’on pourrait se poser et à laquelle toutes les composantes du paysage politique et civil sont appelées à apporter une réponse claire et précise est la suivante : est-il possible de convenir d’un délai de grâce d’une durée d’un mois à accorder au gouvernement Elyes Fakhfakh dans le but de lui donner le temps nécessaire afin qu’il perfectionne son programme économique et social et qu’il vienne le soumettre aux députés ?
Et ce délai de grâce a été tacitement sollicité par Elyes Fakhfakh lui-même à travers sa promesse exprimée devant les députés dans laquelle il a annoncé qu’il reviendra dans un mois à l’hémicycle pour détailler les décisions et les mesures qu’il mettra en œuvre dans le cadre de la concrétisation des huit priorités urgentes que son programme comporte.
Elyes Fakhfakh et ses ministres sont profondément conscients de la délicatesse de la mission qui les attend dans une atmosphère sociale marquée par des revendications et des attentes qui ne peuvent souffrir ni promesses ni retards. Sauf que la responsabilité du gouvernement de répondre aux urgences et d’envoyer des signes rassurants aux citoyens se doit aussi d’être accompagnée ou confortée par un esprit de compréhension de la part de tous les intevenants ayant leur mot à dire dans les semaines à venir, en premier lieu les partis soutenant l’équipe ministérielle actuelle, les formations de l’opposition représentées au Parlement ou et surtout les organisations sociales ayant à leur tête les deux centrales syndicales ouvrière et patronale, à savoir l’Ugtt et l’Utica.
Sortis de près de quatre mois de négociations difficiles et harassantes en vue de la formation d’un gouvernement dont la naissance a failli se transformer, à un certain moment, en un rêve impossible, les Tunisiens s’attendent, voire exigent de leurs élites politiques, sociales, économiques, intellectuelles et surtout de leurs analystes et experts autoproclamés détenteurs exclusifs de la science infuse et des «vérités célestes», qu’ils leur accordent un moment de répit, un temps pour respirer et un délai pour qu’ils rechargent les accus. Mais, cette fois, sur la base du programme détaillé qui leur à été promis par Elyes Fakhfakh et ses hommes et femmes.