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Le printemps cinématographique de Tozeur

Parallèlement à la campagne de tournages en cours et à venir, les préparatifs vont bon train en vue de la deuxième édition du Toiff. Qui engrange les profits de la précédente !

Dans le flot envahissant et continu de mauvaises nouvelles que charrie l’actualité, il en est quelques-unes qui donnent quand même à espérer des perspectives meilleures pour notre pays. Parce que, pendant que quelques-uns s’emploient méthodiquement à démanteler nos acquis, d’autres, patiemment, s’emploient à construire l’avenir. Qu’il s’agisse d’individus ou d’associations, ils déploient, dans la discrétion des véritables bâtisseurs, des efforts acharnés pour reconstruire l’édifice. Et c’est ainsi que, ces derniers temps, des nouvelles réconfortantes nous parviennent de Tozeur ou à son sujet. En particulier dans le domaine si prometteur de l’industrie cinématographique.

L’annonce la plus spectaculaire est, bien évidemment, celle relative au débarquement dans la capitale du Jérid de «Rocky» (ou « Rambo », au choix), Sylvester Stallone soi-même, accompagné de Bruce Willis et d’Arnold Schwartzenneger, pour le tournage dans la région de séquences de son film «The Expendables» qui en est à son quatrième volet. Aux toutes dernières nouvelles, il n’en est rien mais une équipe de techniciens diligentée par ses soins est bel et bien sur place pour procéder à des repérages à cette fin. Cette équipe en aura certainement croisé une autre qui, composée de près de cinq cents personnes, effectue le tournage d’une série Netflix relative au règne des Mamelouks d’Egypte.

Ceci, «côté scène ». Et nul n’ignore les retombées économiques et en termes d’image que peuvent générer de telles activités pour une région qui regorge de ressources, malheureusement très insuffisamment exploitées. « Côté cour », un travail de fond est en train d’être mené pour affirmer la vocation du Jérid en tant que principal pôle de l’industrie cinématographique de Tunisie.

A l’initiative de l’Association des amis du Jérid (Amjad), s’est tenue début décembre dernier la première édition du Festival international du film de Tozeur (Toiff). Cette manifestation tranche avec les événements similaires par la poursuite d’objectifs structurels et à long terme. S’il s’agit bien d’offrir à la population locale une bouffée d’oxygène culturel dont elle est ordinairement privée du fait de l’absence totale d’infrastructures appropriées à la projection de films dans des conditions normales, il s’agit aussi d’installer durablement le cinéma dans le paysage économique du Jérid en tant que cadre pour le tournage de productions variées mais aussi en tant que prestataire des services associés à cette activité en accessoires et en compétences.

Samy Mhenni, cheville ouvrière du Toiff, et Kamel Labidi, président d’Amjad, avaient déclaré à la clôture de la première édition que la préparation de la seconde allait être entamée dès le lendemain. A mi-chemin avant l’échéance, qu’en est-il ? Mhenni affirme que « le festival est né grand ». Peut-être pas en tant qu’événement culturel mais en tant que foire, en tant que plateforme propice aux affaires.

Se faisant l’écho des réaction enregistrées en Tunisie aussi bien qu’à l’étranger, il relève qu’elles constituent une excellente caisse de résonance aux ambitions des organisateurs qui s’emploient maintenant à en traduire la teneur en termes de réalisations sur le terrain. L’on se souvient que le festival avait invité des représentants de Location Guide, l’incontournable plateforme professionnelle du cinéma qui a dépêché à Tozeur 6 Anglais, 2 Américains et un Australien qui avaient travaillé sur la Guerre des étoiles. Dix jours durant, ce groupe a été promené à travers les divers sites de Tunisie pouvant servir de décor à des tournages. Un grand nombre d’entre eux sera intégré dans le répertoire de la plateforme.

Les nouveautés de la prochaine édition du Toiff

Parallèlement aux préparatifs en rapport avec la prochaine édition du Toiff, les organisateurs poursuivent leurs prospections pour des avancées concrètes sur le terrain. Leurs contacts ont permis d’identifier deux investisseurs susceptibles d’aménager une salle de cinéma à Tozeur, promesse qui avait été faite aux Tozeurois en décembre dernier. Il s’agit de Lassaâd Gobantini, grand distributeur de films en Tunisie (Le Colisée, Le Capitole, etc.) et Hakka Distribution.

Sur un autre plan, des contacts avec un assureur de la place promettent de déboucher sur l’instauration, une première en Tunisie, d’une assurance cinématographique.

Surtout, les organisateurs se livrent à un intense travail de lobbying en vue de faire octroyer au gouvernorat de Tozeur le statut d’un « gouvernorat cinématographique », c’est-à-dire de donner aux instances régionales le pouvoir d’accorder toutes les autorisations nécessaires à un tournage de sorte que toutes les démarches nécessaires aux tournages puissent être accordées sur place, ce qui ferait l’économie d’un temps précieux pour les opérateurs et les encouragerait à opter pour la région.

S’agissant de la deuxième édition du Toiff, les organisateurs annoncent avoir obtenu l’implication dans cette session du Centre national de la cinématographie et de l’image (Cnci). De même, ils révèlent la venue d’une délégation de l’équivalent français de Location Guide.

De même, ils ont programmé la tenue à Tozeur d’un forum autour du thème : le cinéma tunisien, problèmes et solutions.

Enfin, au public tozeurois frustré lors de la dernière édition de n’avoir pu assister à toutes les projections qu’il désirait par manque de temps, les organisateurs annoncent l’allongement de la durée de la prochaine, portée à six jours, du 23 au 28 novembre prochain.

Tahar AYACHI

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