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Transition énergétique | Régime d’autoproduction : « La transition passe par la suppression de la subvention »

Pour passer la vitesse supérieure et dynamiser la production du photovoltaïque dans les secteurs résidentiel et tertiaire, le président de la Chambre syndicale des intégrateurs en photovoltaïque (Cspv), Ali Kanzari, préconise de mettre en œuvre une batterie de mesures permettant d’alléger le fardeau financier de la Steg et de dynamiser la production de l’énergie photovoltaïque.   

Pour nous éclairer sur le sujet de la transition énergétique, nous nous sommes adressés au président de la Cspv qui considère que la suppression de la subvention énergétique est la solution clé pour la réussite de la transition énergétique.  Et il a ajouté de l’eau à son moulin, en énumérant les mesures à engager dans cet objectif. Selon Ali Kanzari,  président de la (Cspv)  relevant de l’Utica, la transition énergétique passe obligatoirement par la suppression de la subvention énergétique. Il a expliqué, dans ce sens, que le premier problème qu’affronte  le secteur de l’énergie est celui de  sa tarification, étant toujours subventionnée. “Une économie basée sur les subventions n’est pas une économie viable. Cela empêche l’émergence et le développement des nouvelles technologies”, a-t-il noté.

Ainsi pour s’attaquer au déficit énergétique et accélérer la transition vers les énergies renouvelables, notamment à travers le régime de l’autoproduction, le président de la Cspv recommande d’engager une batterie de mesures.

1 million de familles bénéficiaires d’un système photovoltaïque

Ali Kanzari a, tout d’abord,  préconisé de “fournir gratuitement l’électricité” aux familles démunies dont le nombre dépasse 1 million, sachant que le nombre total des ménages abonnés de la Steg est aux alentours de 4 millions. “Sur les 4 millions familles abonnées de  la Steg, 1 million 200 bénéficient d’une tarification subventionnée à hauteur de 75% du coût réel de la production d’électricité.  Cette couche sociale consomme très peu d’énergie,  mais  ses dépenses énergétiques constituent un lourd fardeau pour la Steg. En 2014, nous avons proposé au ministère de tutelle de fournir “gratuitement”  l’électricité à cette catégorie  d’abonnés en les faisant bénéficier gratuitement d’un système photovoltaïque d’une puissance de 500 ou 600 watts. Ce qui est  suffisant pour subvenir aux besoins énergétiques  de chacun de ces ménages et l’Etat peut se débarrasser, ainsi, de la lourde charge inhérente au subventionnement de l’électricité aux couches sociales vulnérables”, a expliqué Ali Kanzari.

Il a ajouté que le système photovoltaïque destiné à cette catégorie de consommateurs est un « investissement simple » qui consiste en un  panneau photovoltaïque avec un micro inverter intégré dans le panneau dont le prix ne dépasse les 800 dinars. “Si on arrive à mettre en place un tel système, on parviendra à résoudre un problème majeur qui traîne depuis longtemps. En tout état de cause, la levée des subventions à l’énergie est inévitable, puisque les recommandations du FMI et de la Banque Mondiale l’exigent d’ici 2023. Donc ce qu’il faut faire, en premier lieu, c’est  d’attribuer gratuitement aux couches sociales vulnérables  des systèmes photovoltaïques. Une fois cette étape  terminée, il faut procéder à la levée des subventions. Etant cher, le prix de l’électricité qui est de 400 millimes pour le kilowatter poussera les ménages (les 3 millions abonnés restants)  à recourir à l’énergie photovoltaïque qui sera dans ce cas beaucoup moins coûteuse”, a-t-il dévoilé.

Dans ce contexte, Ali Kanzari a déploré la forte taxation des panneaux photovoltaïques importés  qui a contribué à l’augmentation artificielle des prix des systèmes photovoltaïques et, par voie de conséquence, du retour sur investissement. “ En faisant le benchmarking, il s’est avéré que le taux d’imposition sur les systèmes photovoltaïques appliqué en Tunisie  est le taux le plus élevé dans la région. Ce qui est paradoxal, parce que, d’une part, on impose des droits de douane élevés, et, d’autre part, on subventionne le produit. On n’a pas besoin de subventionner le produit.  Il faut supprimer les droits de douane pour provoquer une baisse des prix des systèmes photovoltaïques sur le marché”, a-t-il souligné.

Changer le modèle de comptage dans le secteur tertiaire

S’agissant du secteur tertiaire, notamment l’industrie et les services, le président de la Cspv a affirmé qu’il n’y a pas eu beaucoup d’installations. En cause: Une loi contraignante où l’on a fait jouer l’article 13 de la Constitution, nous explique Ali Kanzari. En effet, pour pouvoir installer un système photovoltaïque sur les toitures d’une usine  ou d’un hôtel, il faut que le permis d’installation  soit publié au Jort. De surcroît, les délais moyens pour octroyer un permis d’installation d’un système photovoltaïque  dépasse les 10 mois. La réalisation du projet nécessite alors presque 2 ans, ce qui fait qu’en moyenne, sur les 100 permis  d’installation de systèmes photovoltaïques octroyés, 30 seulement ont été réellement mis en place. “Après des négociations avec le ministère de tutelle, la période d’octroi du permis d’installation a été réduite. Elle est d’environ 3 mois”, a-t-il fait savoir. 

Pour débloquer la situation et dynamiser le marché du photovoltaïque dans le secteur tertiaire,  Ali Kanzari recommande de réduire davantage les délais d’octroi des permis et de mettre en place un guichet unique permettant de traiter les demandes des industriels et des investisseurs d’une manière rapide et efficace. “Pour le  secteur tertiaire, tout l’enjeu réside dans le système de comptage. Alors que dans le secteur résidentiel, la méthode de comptage est le net metering où le prix de vente de l’électricité à la Steg est égal au prix de vente fixé par la Steg même, dans le secteur tertiaire, on recourt  au  net billing où on fait quotidiennement le bilan de consommation et de production énergétique de l’industriel. Ceci  donne comme situation qu’en été,  le surplus de production énergétique est vendu gratuitement à la Steg en contrepartie, en cas d’insuffisance énergétique, en l’occurrence durant l’hiver, l’industriel paie la Steg ses besoins en électricité. Pour qu’il y ait un contrat gagnant-gagnant qui satisfait tout le monde, nous avons proposé un système de comptage net metering aménagé. Ceci permet de vendre l’électricité à la Steg à un prix égal au prix d’injection (260 millimes) moins les coûts du transport et de distribution effectués par la Steg et évalués à 50 millimes. Si on arrive  à mettre en place ce système, il y aura un développement énorme du photovoltaïque dans le secteur tertiaire”, a expliqué Ali Kanzari. 

Par ailleurs, le président de la Cspv a souligné que  la loi transversale autorise la libéralisation de vente et de production de l’électricité dans le régime de l’autoproduction. Cette mesure  ouvre la voie aux abonnés de la Steg “de s’associer avec des investisseurs” et de dynamiser la production photovlotaique. Le décret d’application a été promulgué la semaine dernière. “ Il ne reste plus qu’à fixer le prix de vente de l’électricité à la Steg qui sera déterminé par un arrêté ministériel. Cette loi va dynamiser le marché. La transition énergétique connaîtra son essor”, a-t-il conclu.

 

(Image par Colin Behrens de Pixabay )

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