L’économie allemande, durement frappée par les conséquences du coronavirus, devrait connaître une récession « jusqu’en milieu d’année », a prévenu Berlin, qui s’apprête malgré tout à prolonger jusqu’au 3 mai ses mesures restrictives contre le coronavirus.
La chancelière Angela Merkel et les dirigeants des 16 régions allemandes ont décidé mercredi de prolonger les restrictions imposées depuis mi-mars contre le coronavirus dans le pays, qui devraient être par la suite progressivement levées, a-t-on appris auprès d’élus régionaux.
Fermeture des restaurants, des commerces non essentiels, distanciations sociales… Ces mesures, qui « fonctionnent » contre l’épidémie, selon l’institut Robert Koch, chargé de la veille épidémiologique, ont pourtant plombé l’économie allemande.
L’Allemagne se trouve en récession « depuis mars » a en effet indiqué mercredi le ministère de l’Économie, prévenant que cette situation pourrait durer « jusqu’au milieu d’année » et tablant aussi sur une aggravation de la situation en avril.
Déjà fortement fragilisée pendant toute l’année 2019 par les tensions commerciales internationales, qui ont mis à mal les débouchés d’un modèle économique basé sur l’exportation, l’économie allemande est désormais plombée depuis plusieurs mois par la crise du coronavirus.
Le PIB allemand devrait s’effondrer de 10 % au deuxième trimestre, du jamais vu dans l’histoire récente, selon des projections communes des principaux instituts économiques, publiées la semaine dernière.
Selon ces mêmes sources, le taux de chômage devrait grimper à 5,9 % de la population active, soit 2,5 millions de personnes sans emploi.
Automobile sinistrée
L’industrie exportatrice, pilier de l’économie allemande, est particulièrement touchée par la crise, qui atteint ses débouchés et ralentit fortement les échanges internationaux.
Au sein de l’industrie, le secteur automobile est sinistré, connaissant sa pire chute en près de 30 ans en raison de la crise du coronavirus, qui, selon le patron de BMW, menace même l’existence de grands groupes.
Plusieurs constructeurs ont fermé une partie de leurs usines dans le pays en mars, à l’image de Volkswagen et de Daimler.
La production des constructeurs allemands a globalement baissé en mars de 37 % tandis que la demande domestique a reculé de 30 %, selon la fédération des constructeurs allemands.
Face à la crise, de plus en plus de voix se sont élevées en Allemagne ces dernières semaines pour alléger ces restrictions, afin de remettre rapidement sur pied l’appareil productif allemand.
L’influent dirigeant de la région de Rhénanie du Nord-Westphalie, le conservateur Armin Laschet, a récemment fait pression sur Angela Merkel en demandant « une perspective de normalisation » pour sortir des restrictions drastiques.
Même si les mesures de confinement sont éventuellement assouplies, la situation ne pourra que progressivement s’améliorer, a toutefois prévenu mercredi le ministère de l’Économie.
1.100 milliards euros d’aides
Pour faire face à la crise, Berlin a déjà adopté un plan de plusieurs centaines de milliards d’euros, incluant des dispositifs de garanties publiques de prêts et d’aides directes aux entreprises, notamment pour les PME.
Représentant un volume de 1.100 milliards d’euros, ce plan est « sans précédent pour l’Allemagne depuis la Seconde Guerre mondiale », selon Berlin.
Le chômage partiel a été facilité par les autorités et quelque 725.000 entreprises dans tout le pays ont déposé une demande.
Ailleurs en Europe, plusieurs autres pays, comme l’Espagne et l’Autriche, ont également commencé à alléger les restrictions, notamment pour certains commerces, afin d’éviter une trop forte crise économique.
L’Allemagne comptait mercredi 127.584 cas officiellement déclarés de nouveau coronavirus et 3.254 décès, selon l’Institut Robert Koch.
(crédit photo : © Christof STACHE / AFP