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Comment l’Agriculture Tunisienne peut battre le covid19

Lettre ouverte adressée par l’ancien secrétaire d’Etat Abdallah Rabhi au chef du gouvernement

L’ancien secrétaire d’État auprès du ministre de l’Agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche, chargé des ressources hydrauliques et de la pêche, Abdallah Rabhi vient de publier une lettre ouverte sur son compte facebook à l’adresse du chef du gouvernement Ilyes Fakhfakh sous l’intitulé « Comment l’Agriculture Tunisienne peut battre le covid19 ».

Pour contenir les effets de la crise liée au Covid 19, plusieurs initiatives ont été lancées ces derniers jours. Deux d’entre elles ont particulièrement attiré mon attention : celle de M. Radhi el Meddeb et celle de Hakim Ben Hammouda. Toutefois j’aurais aimé qu’un accent particulier soit mis sur le secteur agricole appelé à carburer à plein régime et offrir des solutions à court terme, souligne-t-il au début de cette lettre.

L’agriculture est le secteur le plus résilient à cette crise, qui peut aider notre économie dans cette période difficile en assurant nos besoins en produits alimentaires nécessaires et en réduisant au maximum nos importations et pourquoi pas l’élaboration d’une stratégie d’exportation pour certains produits tels que les fruits d’été qui généralement posent problème. Pour réussir, il faut des mesures spécifiques mais aussi rapides car les campagnes agricoles n’attendent pas. Parmi les mesures envisageables :

– Autoriser les fournisseurs du secteur à mettre à la disposition des agriculteurs les intrants nécessaires à la campagne agricole. Les produits phytosanitaires, les pièces de rechange pour les moissonneuses et les presses ainsi que les pompes doivent être disponibles au même titre que les médicaments pour l’être humain. Une journée de retard risque d’être lourdement sanctionnée.

– Faire un effort supplémentaire pour réussir les campagnes de saison actuelles et bien préparer les campagnes d’été et d’arrière-saison en relation avec les disponibilités hydriques et les semences. En prévision, il est nécessaire de préparer un programme spécial pour les fourrages d’été et de mettre à la disposition des agriculteurs des semences gratuitement : Sorgho et mais. Un montant doit être débloqué d’urgence à l’office de l’élevage pour grouper ces achats.

– Continuer le transfert des eaux de l’extrême nord au rythme de croisière et mettre à la disposition de la Société d’Exploitation du Canal et des Adductions des Eaux du Nord (Secadunor) le montant de 20 millions de dinars pour régler les factures d’énergie.

– Une attention particulière doit être donnée aux différentes filières en renforçant les mesures déjà prises pour les stocks de régulation, ainsi qu’à la filière laitière. De telles mesures ne peuvent que libérer et sécuriser l’agriculteur.

– Une réunion extraordinaire avec les gouverneurs dans les plus brefs délais est plus qu’urgente pour prendre les mesures qui s’imposent.

– Une attention particulière doit être prêtée à certains gouvernorats : Gafsa, Tataouine, Kef, Sfax et Krib.

– L’achèvement de la station de dessalement de Sousse sera déterminant pour soulager le système Bélli –Sahel- Sfax et permettre d’utiliser une allocation des eaux du barrage Nebhana au démarrage de la campagne des primeurs du sahel.

– Des équipements de secours pour les forages et les stations de pompage doivent être mis à la disposition des régions. Un fonds spécial doit être alloué à cette action avec une souplesse de gestion : gré à gré si possible

– Il est temps de faire l’apurement des dettes des groupements GDA responsables de la gestion de l’eau. Ace propos, un montant de 50 millions de dinars doit être accordé aux CRDA. En contrepartie les agriculteurs s’engagent à payer d’avance leur consommation future et de valider une augmentation des tarifs de vente d’eau pour couvrir les frais. Cette décision reportée à plusieurs reprises dans les lois de finances antérieures est envisageable aujourd’hui avec les nouvelles prérogatives accordées au chef du Gouvernement.

– Agir avec fermeté pour éradiquer toutes les formes d’agression sur le domaine public hydraulique en instaurant la loi. (C’est très facile et vous avez les moyens ; au lieu d’attendre des textes qui tardent à paraître). Nos nappes risquent de disparaître si rien n’est fait.

– Entamer la numérisation de l’agriculture.

Mon unique objectif est d’enrichir le débat autour de cette question, et non pas de remplacer les instances officielles auxquelles j’exprime tout mon respect, a conclu l’ancien secrétaire d’État Abdalla Rabhi dans cette lettre qu’il vient de publier en tant que citoyen tunisien.

Ingénieur agronome et titulaire d’un master en sciences hydrauliques de Paris 6 et un master eau et agriculture de l’Institut national agronomique de Tunisie. Abdallah Rabhi est né le 26 décembre 1975,

Durant sa carrière, il a exercé plusieurs fonctions au sein du ministère de l’Agriculture, avant d’occuper le poste de chef de cabinet du ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche.

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