Dans ces temps de Covid-19, le sport, comme étant une activité de loisirs, mais en bonne partie marchande (se vend et s’échange sur le marché des biens et de services avec des postes d’emploi rémunérés au côté de la partie bénévole non lucrative) , souffre. Plus de compétition, calendrier chamboulé, engagements sportifs et économiques annulés et reportés et des liquidités qui font défaut. Il n ‘ y a plus de spectacle, donc plus de billetterie et d’activités autour de la compétition.
De notre côté, l’effet du Covid-19 est considérable, mais comme on l’a dit, ça reste amorti par rapport au football ultra professionnel où les pertes en droits TV et en revenus commerciaux se comptent en millions d’euros. Nous n’avons pas de montants énormes de revenus sponsoring, la billetterie est pratiquement négligeable, et les droits TV sont moyens et se versent en retard. Pourquoi crier le chaos ? Qu’est-ce qui a changé auprès de la majorité des clubs tunisiens ?
Covid ou pas, les caisses sont usées, vides, les flux d’encaissement faibles et discontinus. A part deux clubs dont les présidents injectent de l’argent frais et monopolisent la gestion, le reste souffre le martyre. Le problème le plus épineux (existentiel !) est celui de la paie des salaires. Les contrats mal rédigés qui profitent aux joueurs et à leurs agents et avocats (on peut faire les deux en même temps !), sont un fardeau. La réaction ? Une stratégie de compression des charges salariales dans le monde entier. Réduire les avantages des joueurs et des entraîneurs également (pourquoi personne ne les implique ?) pour que les caisses des clubs respirent mieux.
Il n ‘ y a plus d’autres tactiques à moyen terme : il faut agir et vite sur les salaires et décharger les budgets. Faute de revenus supplémentaires (à part les dons des mécènes et du large public, comme ce fut le cas au CA), rééquilibrer les budgets et sauver les meubles passent par compromettre les charges, essentiellement « salariales ». Autre point : étant donné que la compétition est arrêtée, certaines charges variables liées au fonctionnement des clubs sont inexistantes : on n’a pas d’hébergement, pas de frais de transport, ni de consommation d’eau, de gaz et d’électricité des locaux des clubs, on n’a pas d’achats intermédiaires.
On n’en parle pas. Donc, l’équation est simple : salaires des joueurs et ceux du personnel d’un club (les agents d’entretien, de sécurité, sans oublier les administratifs) à régler, et faute de liquidités, ça pose problème. L’option ? Réduire ces charges, en premier lieu les salaires des joueurs (pas tout le monde en fait, car il y a des joueurs qui touchent un peu plus que le Smig) et des entraîneurs, en attendant le retour d’activité. L’austérité est aujourd’hui une stratégie obligée pour tous nos clubs : réduire les salaires, oui, mais agir sur les acquisitions des joueurs y compris tunisiens. Le mercato va être sûrement très lourd : les joueurs en fin de contrat vont être les plus bénéficiaires, alors que les clubs vont devoir procéder à des échanges de joueurs.
Dépenser moins, ne plus recruter que quelques jeunes joueurs à valeur ajoutée prometteuse, compter sur la production de ses sections des jeunes , former de bons joueurs à exporter un autre jour ( le modèle rentable de l’Etoile de Othmane Jenayeh et plus tard de Moez Driss ), chercher des partenariats à long terme avec des sponsors à des tarifs étudiés et bon marché, c’est ce que nos clubs doivent mettre en pratique sur les deux prochaines saisons. On n’a plus le confort des transactions luxueuses, ou des budgets gonflés mais déséquilibrés.
L’austérité, dans une logique d’amateurisme (au bon sens du terme), est une solution inévitable, contraignante sûrement pour les joueurs et les entraîneurs, mais si réconfortante. C’est le seul moyen de s’en sortir le moins sinistré possible de cette crise aigüe.