Accueil Culture «Claudia Cardinale, la plus belle italienne de Tunis» de Mahmoud Ben Mahmoud et Mohamed Challouf: Une Tunisienne dans l’âme !

«Claudia Cardinale, la plus belle italienne de Tunis» de Mahmoud Ben Mahmoud et Mohamed Challouf: Une Tunisienne dans l’âme !

Entre la colline de Carthage et l’église de l’Accroplium, une musique italienne traverse le temps et rappelle un passé commun et un présent où le sentiment de gratitude et de compassion entre les deux peuples voisins n’ont jamais été aussi forts.

En cette période difficile dans le monde et une pandémie qui a lourdement frappé l’Italie, le cinéma et les arts constituent un trait d’union qui renforce cette communion entre les peuples. Un bel hommage est rendu à l’une des icônes les plus emblématiques du cinéma mondial, l’Italienne Claudia Cardinale qui a fêté le 15 avril ses 82 printemps.

A l’initiative de l’Institut culturel italien de Tunis et l’Association tunisienne «Ciné-Sud Patrimoine», la belle native de 1938 à La Goulette a été présente parmi ses fans à travers une interview exclusive (26 mn) intitulée «Claudia Cardinale, la plus belle italienne de Tunis». Elle est diffusée sur la Toile à l’adresse suivante: 

Œuvre du réalisateur Mahmoud Ben Mahmoud et son compagnon de route Mohamed Challouf qui conduisait l’entretien, cette vidéo portrait livre le parcours inédit de la diva qui se prononce en italien et «chwaya» (un peu) le dialecte tunisien.

Le réalisateur brosse le portrait de la belle adulée de Tunis. Il fouille dans les souvenirs lointains de cette icône des années 60 issue d’une famille sicilienne qui s’était installée sur trois générations en Tunisie. L’interview est réalisée en 1994 dans les locaux de l’Institut du Monde arabe, soit près de sept ans après l’inauguration en 1987 de ce haut lieu de la Civilisation arabe niché sur la Seine au cœur de Paris.

Tout a commencé le 1er juin 1994, dans un lieu où l’on voit une Claudia aux cheveux courts et qui portait un pantalon large et un blazer. Elle est émerveillée et sereine dans ce lieu symbolique qui évoque «mes racines et l’endroit où je suis née et j’ai vécu jusqu’à mes 18 ans», dit l’actrice.

Celle que ses amis surnommaient CC, à l’image de son idole BB (Brigitte Bardot), était élue au milieu des années 50 «la plus belle fille de Tunisie». L’actrice révèle une élection faite par hasard lors d’une soirée de bienfaisance et à l’occasion de la semaine du cinéma italien à Tunis.

A presque 16 ans, elle avait eu son premier rôle aux côtés d’Omar Charif, dans le film «Goha» de Jean Baratier, première coproduction franco-tunisienne. Le film «Anneaux d’or» de René Vautier lui avait permis d’aller à la Mostra de Venise et de s’installer à Rome. Une expérience qui n’était pas aussi évidente sur le plan personnel ni familial. Son père qui n’était pas favorable à son départ et à faire du cinéma, avait fini par accepter.

Le film « Anneaux d’or » de René Vautier lui avait permis d’aller à la Mostra de Venise et de s’installer à Rome.

La quiétude à Tunis lui manquait terriblement. Un sentiment qui l’accompagne toujours dans un monde où il n’y a plus de place pour la contemplation. Elle dévoile sa grande sensibilité et sa nostalgie à ce lien agréable avec «la nature, le ciel, les étoiles, la lune, le désert et la simplicité de la vie».

Nostalgique et reconnaissante, Claudia est tunisienne dans l’âme. Son Amour pour la Tunisie, elle l’a transmis à ses enfants, Claudia et Patrick. Le Palmier demeure assez présent dans son imaginaire, symbole d’une Afrique qui l’habite toujours. Elle se considère «tunisienne et italienne, mais aussi d’éducation française».

Nous avons vécu en harmonie, dans une Tunisie où cohabitaient les religions et les races …
De l’époque de l’indépendance, je me rappelle des femmes en première ligne à l’occasion du retour de Bourguiba, un bel homme, superbe, aux yeux clairs, largement apprécié par les femmes qui criaient joyeusement « Bourguiba est revenu ! 

Ses souvenirs vont vers la période de la Seconde Guerre et les camps de concentration pour Italiens et Français. Pour les besoins de l’armée coloniale, les hommes étaient déportés vers des lieux lointains de la capitale comme à Jbal ersas ou dans le sud du pays. La discrimination vis-à-vis de la communauté italienne était aussi un souvenir douloureux pour l’actrice.

La guerre, le fascisme et des souvenirs angoissants constituent une difficulté qui n’a jamais été suffisante pour qu’elle renie ses origines. Son père, migrant italien d’origine sicilienne, était aussi un homme attaché à ses racines. Il avait trouvé refuge en Tunisie, en une période difficile où les emplois se faisaient assez rares.

Entre séquences filmées et photos en noir et blanc, la belle italienne est toujours nostalgique. Elle avait «vécu en harmonie dans une Tunisie où cohabitaient les religions et les races». De l’époque de l’indépendance, elle se rappelle des femmes en première ligne à l’occasion du retour de Bourguiba, «un bel homme, superbe, aux yeux clairs, largement apprécié par les femmes».

Elles criaient joyeusement «Bourguiba est revenu !», qu’elle prononce dans un bel accent tunisien. Le réalisateur nous mène aussi vers la périphérie de Rome, chez le frère de Claudia, Franco Cardinale, et sa femme Youlanda, habitant une modeste demeure dans la campagne. Un dîner en famille autour d’un couscous à l’agneau et la conversation continue sur la cuisine tunisienne qu’elle maîtrise grâce à sa belle-mère, de la Mloukia jusqu’au couscous au poisson.

Le couple voulait voir pousser des plantes comme celles qu’il avait à Tunis, les bougainvilliers et le jasmin, sauf que le climat nordique de la capitale italienne ne le permet pas. Dans un coin du jardin, la plante des figues de barbarie a réussi à s’accommoder. Le récit de Ben Mahmoud embarque le spectateur dans le train actuel de la banlieue nord, une vue sur le port à l’entrée de La Goulette, des maisons ornées de verdure et des stations peintes en blanc et bleu. Dans ce même train logent les plus beaux souvenirs de la petite Claudia.

De La Goulette à Carthage, l’actrice est toujours marquée par ses voyages fréquents par train puis à pied pour assister à la procession de sainte Félicité et visiter sa grand-mère qui habitait la même zone.

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