Accueil Editorial Un accord indécent

Un accord indécent

Selon des sources concordantes, le ministre espagnol de l’Intérieur a annoncé le rapatriement forcé de 600 migrants tunisiens détenus au centre Ceti Melilla et ce, en parfait accord avec l’ambassade de Tunisie à Madrid.

Il est à rappeler à ce propos que ces migrants irréguliers ont subi un traitement inhumain et dégradant sur le sol espagnol. L’atrocité des conditions de « rétention » y a atteint son summum.  D’abord, ils ont  été retenus, enfermés, déshumanisés au point de vouloir se donner la mort (nombreux sont ceux qui se sont coupé les veines). De plus, incarcération arbitraire, errance et vexations permanentes d’un environnement hostile, comme s’il s’agissait d’ennemis dangereux, sont le lot quotidien de ces malheureux migrants voulant coûte que coûte se rendre en Europe. La politique de la sourde oreille des responsables européens et le désarroi des habitants ont conduit le gouvernement espagnol à durcir le « contrôle ». Faisant fi des recommandations de l’OIM en cette période délicate où les valeurs humanitaires et la solidarité sont les principes qui doivent guider les nations dans leur lutte contre le Covid-19, cette décision de refoulement est d’autant plus choquante que des autorités tunisiennes l’ont acceptée. Cet accord conclu en catimini va à l’encontre de l’appel de solidarité lancé par des organisations de la société civile espagnole avec les migrants irréguliers qui sont parmi les catégories les plus vulnérables dans cette crise sanitaire.

En effet, les virus et maladies ne font pas de distinction entre les hommes, et selon l’Organisation internationale des migrations, « il y va de l’intérêt général de garantir un accès aux soins et autres mesures de prévention à toutes les personnes sans tenir compte de leur statut migratoire ».

D’ailleurs, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (Ftdes) a réaffirmé son rejet de ce rapatriement collectif forcé des migrants irréguliers détenus au centre Ceti Melilla en Espagne. En attendant de voir les langues se délier pour nous éclairer sur les péripéties de ce deal diplomatique et sécuritaire, il faut d’ores et déjà  préparer les conditions de leur confinement sur le territoire tunisien. Certes, la Tunisie ne ménagera aucun effort, dans la limite de ses moyens, pour accueillir ses enfants et leur prodiguer l’encadrement sanitaire nécessaire. Et c’est un devoir. Mais aussi c’est l’Espagne et derrière elle l’Europe tout entière qui doivent s’engager aux côtés de la Tunisie dans la gestion du retour des migrants irréguliers sur le plan humanitaire. Et c’est une responsabilité.

Charger plus d'articles
Charger plus par Chokri Ben Nessir
Charger plus dans Editorial

Un commentaire

  1. Dr. Ezzeddine Moudoud

    29 avril 2020 à 20:22

    Incroyable … comment mes « frères » espagnols peuvent se comporter de la sorte…eux qui il n’y a pas si longtemps « étaient » (avec nous autres maghrébins et portugais) presque des esclaves, de la « chair à canon » pour le développement industrial de la France et du reste de l’Europe du nord. Quel honte. Comment notre ambassade à Madrid a pu accepter un tel accord? Qui est ce con qu’on a comme ambassador à Madrid? Mais, et a cause de l’histoire, de notre Andalousie éternelle et nos liens avec le peuple fier d’Espagne, je dis n’insultant pas l’avenir et « VIVE LA CATALOGNE LIBRE »…Barcelone est plus proche de Tunis que Madrid. A partir d’aujourd’hui je déchire ma carte de « MADRIDISTA » !!! Zizou et Karimo comprendront . Quelle honte pour le peuple Espagnol…Lutter contre l’immigration « clandestine », OK, mais traiter des humains comme des animaux…Franco est de retour ma parole !!!

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *