Consciente que la reprise de l’activité économique est intimement liée au respect strict des mesures sanitaires face au Covid-19, l’Institut arabe des chefs d’entreprise (Iace) a mis en place un «plan de déconfinement responsable, citoyen et organisé » au profit des entreprises habilitées à reprendre leurs activités. 47% d’entre elles, tous secteurs confondus, ont fermé leurs portes suite à la propagation de la pandémie.
Le gouvernement a dévoilé mercredi dernier son plan de déconfinement graduel ciblé prévu le 4 mai 2020, auquel l’Iace s’oppose sur certains points. En effet, le directeur exécutif de l’Iace, Majdi Hassen, précise que l’Institut est en accord sur le principe avancé dans ce plan du fait que la Tunisie ne peut plus supporter économiquement le confinement et qu’il faut un retour au travail, mais s’interroge sur la signification de la reprise par étapes de 50% des employés. « En respectant les consignes et le protocole de santé, avec les malades chroniques et les femmes enceintes, la capacité sera portée à 70%. La reprise aurait pu être par secteur ».
L’Iace a appelé à une levée responsable du confinement pour que chaque entreprise prenne ses responsabilités, fournisse les moyens de prévention à ses employés (distanciation, gel, masques, transport …), et puissent travailler pour dépasser leurs difficultés et assurer les salaires.
Et d’ajouter que « les entreprises sont prêtes au déconfinement. Elles ne demandent rien ni à l’administration ni à l’Etat. Elles prendront en charge tout. Laissez-les travailler, laissez-les assumer leurs responsabilités mêmes si elles doivent faire face à des poursuites judiciaires en cas de non-respect des consignes sanitaires. L’Iace a fixé la reprise pour le 11 mai, pour s’assurer du respect des règles d’hygiène et des gestes barrières. Mais, on craint que la majorité des citoyens comprennent que nous sommes sortis du confinement, d’où le souci d’un relâchement et d’un effet de rebond ».
Ainsi, dans son plan de déconfinement, l’Institut indique qu’il faut tenir compte de plusieurs craintes, dont en premier lieu l’aspect comportemental. Le premier souci est de « gérer l’effet de rebond qui est prouvé dans le comportement des individus. Cela veut dire qu’après avoir effectué un effort, les individus pourront relâcher. D’ailleurs, plusieurs experts redoutent un rebond de l’épidémie après le déconfinement, c’est pour cette raison que la responsabilisation de la population, telle que recommandée par l’OMS, constitue la solution ».
Par ailleurs, le think thank estime que le dogme santé ne doit pas être aux dépens de l’économie puisque « la pauvreté et le risque d’une instabilité sociale sont là. Les salaires d’avril ont été payés par les entreprises principalement en utilisant leurs ressources propres ».
En outre, il a fait allusion à la confusion entre graduel et retour d’activité par des quotas, ce qui est inapproprié. En effet, une activité par quotas n’est pas adaptée aux PME. Dans son plan de déconfinement, l’Institut dénombre plusieurs mesures dont la levée de restrictions d’activité qui doit être effectuée dans un premier temps pour les entreprises possédant un carnet de commandes, respectant un protocole sanitaire, assurant le transport de leurs employés ne disposant pas de moyens de transport personnel. Pour les commerces et les services de proximité, « un déconfinement par métier peut être mis en place à partir du 11 mai 2020 et ce, en respectant les règles sanitaires sans consommation sur place. Les entreprises doivent aussi mettre en place des mécanismes de cohabitation avec le virus. Elles pourraient recourir au télétravail ou bien programmer des plages horaires par groupes ».
Selon la même source, la plus grande problématique est liée au transport. Ainsi, les entreprises ayant les ressources nécessaires devraient assurer le transport pour leurs employés à travers la location de bus touristiques ou de sociétés de transport, de taxis collectifs… Pour les transports publics, seuls les employés ayant une autorisation et un abonnement peuvent se déplacer. « Cette contrainte du transport doit être recadrée pour la population autorisée à travailler ». Pour assurer le contrôle des consignes sanitaires, la société civile et les bénévoles pourront apporter leur soutien aux agents des sociétés de transport.
C’est dire que l’application de la loi est exigée et l’instauration amplifiée de la confiance des citoyens envers les institutions de l’Etat est recommandée, surtout en cette période de crise.