Nouveaux tarifs consulaires : La grogne des Tunisiens résidant à l’étranger

Bon nombre de nos résidents à l’étranger préfèrent attendre le retour au bercail durant la période estivale  pour renouveler leurs passeports et ceux des membres de toute la famille pour deux raisons.

La grogne s’est installée dans les rangs des Tunisiens résidant à l’étranger suite à l’augmentation en flèche des tarifs  consulaires. La décision prise par le ministère des Finances est entrée en vigueur à partir de ce mardi mais elle a été très mal accueillie par nos concitoyens dont une bonne partie n’arrive plus à joindre les deux bouts et se trouve dans une mauvaise posture financière  sous l’effet du confinement sanitaire obligatoire.

Pertes de boulots et précarité  financière

En effet, certains résidents à l’étranger ont perdu leurs boulots durant la période du confinement en raison de la fermeture de plusieurs PME pour cause de difficultés financières. Bien d’autres  se contentent depuis des années de leur allocation de chômage après avoir perdu leurs emplois pour une raison ou une autre et se trouvent dans un état de santé précaire. A la recherche d’une meilleure qualité de vie et d’une situation financière confortable leur permettant d’exaucer leurs vœux, il leur arrive de déchanter en cours de  parcours.

Pour ceux qui l’ignorent, bon nombre  de nos résidents à l’étranger préfèrent attendre le retour au bercail durant la période estivale  pour renouveler leurs passeports et ceux des membres de toute la famille pour deux raisons. Primo, les services sont rapides et accueillants en Tunisie grâce aux bureaux des relations avec le citoyen. Secundo, les tarifs y sont de très loin, moins chers. A ce titre, le renouvellement du passeport coûtera au citoyen Tunisien résidant à l’étranger (adulte) 88 euros (environ 276 dinars selon le taux de change actuel, 1euro=3.14 dinars).S’il est en Tunisie, l’opération ne va lui couter que 80 dinars. Pour une famille composée de quatre personnes adultes (le père, la mère et les deux enfants) la différence est de taille.

Frustration et colère de la communauté tunisienne 

Plusieurs de nos concitoyens n’ont pas manqué de manifester leur refus aux nouveaux tarifs consulaires dont Mohamed Hmidi qui habite à Lausanne en Suisse. Ce dernier ne cache pas son inquiétude et son amertume à l’égard de l’augmentation exorbitante de ces tarifs. Ce n’est pas par le biais de ces mesures qu’on va réussir à combler les déficits financiers et renflouer les caisses de l’état en temps de crise. En plus, ceci va décourager la majorité de passer les vacances en Tunisie. Le pays passe par des moments difficiles on le sait en raison de la conjoncture économique difficile et l’impact de la pandémie, toutefois le gouvernement aurait pu penser à d’autres mesures en concertation avec les résidents à l’étranger   en vue d’apporter l’aide nécessaire à l’Etat.

De son côté Kaouther Trabelsi, résidente à Genève en Suisse, porte un jugement défavorable à l’égard de ces augmentations qu’elle qualifie de « hallucinantes et injustifiées ». Si notre gouvernement cherche une solution pour résoudre la crise économique qui sévit en raison de la pandémie, il doit savoir qu’il s’agit d’une crise mondiale et que les Tunisiens à l’étranger n’ont pas été épargnés.

Pétition et rassemblement en vue  

Une lettre-pétition à l’adresse du Président de la République est déjà lancée sur les réseaux sociaux pour  annuler cette décision. Elle pointe du doigt une augmentation extravagante et rappelle que les résidents à l’étranger ne sont pas tous issus d’une classe sociale aisée. Le nouveau coût élevé concernant le tarif du renouvellement du passeport va impacter considérablement le nombre des citoyens ayant pris l’habitude de passer les vacances d’été dans leur pays natal.

Résidant à Stockholm, capitale de la Suède, l’activiste Dia Eddine Ben nous a fait part de la frustration de la communauté tunisienne dans ce pays suite à l’augmentation « inattendue et arbitraire » des tarifs consulaires. Un rassemblement devant le siège de l’ambassade tunisienne est déjà programmé pour ce vendredi, nous informe-t-il.  C’est comme on nous poussait à renier nos origines et se débarrasser du passeport Tunisien, symbole de notre identité nationale, pour l’échanger à la fin contre le passeport  suédois. Au lieu de se concerter autour des solutions plus appropriées, le gouvernement ne fait que contribuer à notre déracinement, souligne Dia qui n’a pas manqué de  rencontrer l’ambassadeur de notre pays à Stockholm Moez Mahmoudi pour lui faire part du mécontentement  de la communauté tunisienne à cet égard.

Les associations à la rescousse

Pour leur part, plusieurs associations installées en Europe ce sont érigé contre  ces augmentations à l’exemple d’Arts et Cultures des deux Rives  et Citoyenneté, Développement, Cultures et Migrations des deux Rives  en France qui ont dénoncé « la lourde augmentation des droits de chancellerie au moment où le confinement sanitaire obligatoire observé dans le cadre de la lutte contre le coronavirus a pratiquement mis au chômage des milliers de Tunisiens  et a réduit drastiquement leurs revenus ».

Les deux associations ont appelé le gouvernement  à renoncer à ces augmentations excessives.

Le nombre de Tunisiens résidant à l’étranger est estimé en 2018 à 1.450 000 selon le directeur général des Affaires consulaires Mohamed Ali Nafti. La plus importante communauté est installée en France avec environ de 830 mille personnes.