Les mesures d’austérité annoncées par la présidence du gouvernement ont provoqué un tollé général. En effet, la circulaire annonçant la rationalisation des dépenses pour l’année 2021, telle que la limitation de la prime de rendement et la baisse à 50% des heures supplémentaires, le gel des recrutements dans la fonction publique, a été à l’origine d’une levée de boucliers contre les mesures prises, jugées de politique de paupérisation des salariés et d’aggravation du chômage.
Avons-nous d’autres choix que la rigueur et l’austérité ? A l’évidence oui. Mais pour y parvenir, il faut rallumer les moteurs de l’économie et faire de la solidarité un principe citoyen. Les temps sont déjà durs pour les salariés et pour les entreprises, que dire alors des couches vulnérables ?
Faut-il oublier qu’au pire moment de la tourmente de la crise sanitaire qui allait plonger l’économie nationale dans la plus grande crise de son histoire, Elyes Fakhfakh avait la conviction que pour sauver la confiance, pour éviter la peur, il fallait au contraire dire la vérité aux Tunisiens. Cette vérité, les citoyens étaient prêts à l’entendre. C’était leur dire que cette crise était grave, qu’elle allait durer, qu’elle aurait des conséquences sur la croissance, sur le chômage, sur le pouvoir d’achat. Leur dire que l’État devra un jour payer ses dettes pour pouvoir continuer à emprunter.
C’était bien de dire aussi qu’après la solidarité, viendra le temps des sacrifices. Et les Tunisiens ont démontré plus d’une fois que s’ils sont convaincus, ils s’engagent. Mais en contrepartie de ces sacrifices, que vont-ils recevoir ? Qu’est-ce qui va changer dans le secteur de la santé ? Dans les transports publics, dans la lutte contre le chômage ? De plus, qu’en est-il des fonds récoltés pour la lutte contre la Covid-19 ?
Comment a été dépensé l’argent des contribuables. Et les dons des pays amis ? A quoi ont-ils servi ? Car le socle de la confiance entre les citoyens et le gouvernement, privée de transparence, risque de s’effondrer. Au-delà des sacrifices, les Tunisiens attendent des réponses structurelles aux maux qui traumatisent encore la société.