La propagation ces derniers jours à grande vitesse de l’information relative à la mise à l’écart de responsables relevant de la Direction générale des services techniques (Dgst) au sein du ministère de l’Intérieur n’a fait qu’alimenter les rumeurs quant aux raisons inhérentes à la prise de cette décision. Citant des sources bien informées, des médias n’ont pas hésité à évoquer «une instruction judiciaire» ouverte à l’encontre de certains cadres de cette direction. Qu’en est-il au juste et s’agirait-il en arrière-plan d’opérations d’écoutes effectuées hors du cadre de la loi?
Contrairement à ce qui a été divulgué à ce propos, il s’agirait plutôt de la nomination d’un nouveau directeur à la tête de l’une des directions clés de la Dgst et non de la mise à l’écart de tous ses directeurs. Quelques sous-directeurs et chefs de services ont été, à leur tour, touchés par un mouvement décidé par la même occasion à un haut niveau au ministère de l’Intérieur et ce suite à des investigations menées depuis plusieurs mois par l’inspection centrale des services dudit ministère, selon une source sécuritaire. « D’autres nominations sont attendues dans les prochains jours », ajoute la même source, non seulement au niveau de la Dgst mais aussi d’autres directions générales dont les services spécialisés (Dgss).
L’ombre de l’inspection centrale
Si le directeur général de la Dgst a été épargné, la même source n’exclut pas la nomination imminente d’un nouveau directeur général à sa tête pour des raisons « purement professionnelles » n’ayant aucune relation avec de présumées opérations d’écoute effectuées hors de tout cadre légal, comme le supposent certaines parties qui ignorent le rôle primordial joué par cette direction en matière de préservation de la sécurité nationale et notamment de la lutte antiterroriste.
On rappelle à ce propos que le président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption, le doyen Chawki Tabib, a lancé un pavé dans la mare en révélant en mars 2018 lors d’un entretien diffusé sur les ondes d’une radio privée qu’il a été « victime d’écoute sauvage par des éléments infiltrés au ministère de l’Intérieur et qui sont en relation avec les réseaux de la corruption ». Vraies ou fausses allégations ? On n’en saura pas plus.
Contrairement à ce qui a été divulgué, il s’agirait plutôt de la nomination d’un nouveau directeur à la tête de l’une des directions clés de la Dgst et non de la mise à l’écart de tous ses directeurs. Quelques sous-directeurs et chefs de services ont été, à leur tour, touchés par un mouvement décidé par la même occasion à un haut niveau au ministère de l’Intérieur et ce suite à des investigations menées depuis plusieurs mois par l’inspection centrale des services dudit ministère, selon une source sécuritaire. « D’autres nominations sont attendues dans les prochains jours », ajoute la même source, non seulement au niveau de la Dgst mais aussi d’autres directions générales dont les services spécialisés (Dgss).
Il est par ailleurs utile de souligner que ces changements surviennent trois mois après la visite du président de la République, Kaïs Saïed, au QG du ministère de l’Intérieur. Une visite effectuée tard dans la soirée du 26 février 2020 durant laquelle le président s’est rendu aux différents services du ministère dont la Dgst.
Une direction hautement sensible et hermétique
Pour rappel, la Dgst compte parmi les directions les plus hermétiques au ministère de l’Intérieur. Elle a connu plusieurs directeurs généraux et ses agents sont connus, du moins avant la révolution selon nos sources, par leur grande discrétion. Mais depuis le 14 janvier 2011, comme par ailleurs pour la majorité des directions relevant du ministère de l’Intérieur, les nominations des hauts responsables se sont succédé à un rythme inquiétant. Durant 24 ans de règne, Ben Ali n’avait nommé que trois hauts responsables à la tête de la Dgst, à savoir : Mohamed Arbi Mahjoubi, surnommé Chedly Hammi (de 1987 à 1988), Ali Noureddine ben Hamadi (décédé) et Chedly Sahli, surnommé la boîte noire du régime de Ben Ali.
De hauts cadres sécuritaires, actuellement à la retraite ou en détachement, pointent du doigt l’instabilité qui règne au niveau des hauts postes de commandement qui fait que le responsable n’est plus en mesure de passer plus d’une année ou deux dans son poste, d’où les retombées négatives sur les activités de la direction qu’il est censé diriger. Dès qu’un remaniement gouvernemental est effectué, c’est la valse des directeurs généraux et des directeurs qui commence.
Inquiétant et préoccupant à la fois…