Accueil Sport L’invité du lundi | Radhouane Felhi, ancien international et défenseur de l’ESS : «Le sacre du Caire, meilleur moment de ma carrière»

L’invité du lundi | Radhouane Felhi, ancien international et défenseur de l’ESS : «Le sacre du Caire, meilleur moment de ma carrière»

La champions League ramenée du Stade du Caire en 2007 est de loin le meilleur souvenir que garde notre invité de sa carrière de joueur. Radhouane Felhi y revient, mais nous parle aussi de la situation actuelle de son club de cœur, l’Etoile Sportive du Sahel. Interview.

Pourquoi n’avez-vous pas fait une carrière d’entraîneur et vous être reconverti plutôt en consultant ?

«Au contraire, la première chose que j’ai faite après avoir arrêté ma carrière de joueur est de m’être reconverti en entraîneur. J’ai arrêté ma carrière de joueur en juin 2016 quand j’ai remporté la Coupe de Liban sous les couleurs de Nejmeh Sporting Club. J’ai préféré arrêter ma carrière de footballeur sur une note positive que d’aller tenter une aventure au Bahrein ou en Arabie Saoudite.  J’ai  reçu des offres qui n’étaient pas intéressantes ni sur le plan sportif ni  financier. Deux mois après avoir décroché les crampons, je suis parti au Koweït où j’ai travaillé comme entraîneur adjoint durant une saison au club de Burgan. Et si j’ai pu décrocher assez rapidement un poste d’entraîneur adjoint, c’est parce j’avais le diplôme d’entraîneur deuxième degré étant donné que je suis diplômé de l’Ineps.

Actuellement j’ai le diplôme CAF «A». Sauf que depuis mon retour du Koweït, je n’ai pas reçu d’offres intéressantes. On ne m’a pas proposé un projet sportif intéressant. En même temps, les clubs qui m’ont approché n’ont pas présenté des garanties financières pour mener à bien un projet sportif s’étalant sur une saison au moins. En même temps, j’ai reçu des offres de consultant à la radio et à la télévision. Le jour où j’aurai sous la main une offre conséquente pour entraîner  m’assurant les conditions financières pour le réaliser, je n’hésiterai pas.

Parlez-nous de l’un des moments forts de votre carrière de joueur, l’épopée de 2007 avec l’ESS, notamment la finale retour de la Champions League qui fut électrique…

La Ligue des champions que j’ai remportée en 2007 avec l’Etoile du Sahel est sans aucun doute le meilleur moment de ma carrière de joueur. Beaucoup de supporters n’y croyaient pas trop après le nul vierge obtenu contre Al-Ahly à la finale aller disputée à Sousse. La majorité des supporters et même bon nombre d’observateurs avertis ne croyaient pas que nous, une bande de jeunes joueurs peu expérimentés, serions capables d’aller défier Al-Ahly du Caire chez lui.

Mais voilà que plusieurs facteurs se sont réunis pour rendre cela possible. A l’époque, il y avait une administration forte au club, une cohésion dans le groupe composé essentiellement de jeunes joueurs motivés et plus déterminés que jamais. Il y avait aussi une belle ambiance au sein du groupe. Néanmoins, Il faut comprendre aussi les gens qui ne croyaient pas trop que le miracle allait avoir lieu au Caire. Al Ahly de l’époque était composé de grands joueurs tels que Essam Ek Hadary, Aboutrika, Mohamed Baraket et les étrangers du club, Gilberto et Flavio. C’était le Dream Team. L’ambiance était électrique pour la simple et bonne raison que c’était dur pour les supporters ahlaouis de nous voir  brandir  le trophée  au Caire. Le public a très mal vécu cela au point que le trophée a été cassé au moment où Saber Ben Frej et Saïf Ghezal le portaient. Après, c’était l’enfer. Notre bus a été attaqué à la sortie du stade.

En dépit de tout ce que nous avons vécu au Caire après le match, le sacre continental de 2007 reste de loin le meilleur souvenir de toute ma carrière de joueur. L’équipe était, certes, composée essentiellement de jeunes joueurs, mais la stratégie de travail établie sur le long terme a porté ses fruits. La qualité des joueurs aussi. Il faut dire aussi que nous jouions pour mouiller le maillot. Pourtant, nous n’étions pas aussi bien payés que les joueurs d’aujourd’hui, mais nous portions en nos cœurs l’amour de l’ESS.

Aujourd’hui, l’ESS est un club mal géré. Comment expliquer la situation actuelle du club ? Comment en est-il arrivé là ? une situation aussi désolante !

En premier lieu, l’instabilité du staff technique. Ils sont quatre entraîneurs à avoir dirigé l’Etoile cette saison. Or, l’instabilité du staff technique n’a jamais fait partie des traditions de l’ESS. C’est qu’aujourd’hui, il y a un sérieux problème de structure à l’Etoile du Sahel. Un président de section football ne peut pas gérer à lui seul un aussi grand club de la trempe de l’ESS.

La gestion de l’équipe a aussi failli, notamment dans le choix des joueurs recrutés.

Le choix de Faouzi Benzarti resté seulement deux mois n’était-il pas mauvais lui aussi ?

La question n’est pas propre au choix porté sur Faouzi Benzarti. Même si on avait choisi un autre entraîneur à l’intersaison, le constat aurait été le même dans la mesure où le fond du problème était d’ordre structurel. Faouzi Benzarti avait déclaré refuser d’entraîner des recrues qu’il découvrait à la séance d’entraînement. Il n’était donc pas mis au courant de certains recrutements. Par ailleurs, côté recrutements, le casting était mauvais..

Et que pensez-vous du timing du limogeage de Juan Carlos Garrido au moment où il avait qualifié l’ESS première de son groupe aux quarts de finale de la C1 Africaine ?

Si on se réfère aux résultats obtenus par Garrido à l’échelle continentale, son limogeage n’était pas adéquat. Mais il semble que le courant ne passait plus avec les joueurs. Iheb Msakni a fait une déclaration en ce sens.

Quels sont les profils des joueurs qui manquent à l’ESS ?

Essentiellement, un gardien de but. On peut cibler aussi des joueurs étrangers pour renforcer la ligne d’attaque. Laaribi était bon par moments de la saison. Il faut cibler un attaquant au moins aussi bon que lui.

Que pensez-vous du travail accompli au centre de formation et le retour à cette tradition qu’on a perdue ces derniers temps ?

Je suis contre l’idée de faire accéder d’un seul coup 12 jeunes à l’équipe première. Il y a un gros risque qu’on les grille avant même que leur carrière ne soit lancée. A mon avis, il faut préserver certains joueurs cadres de l’équipe, notamment Saddam Ben Aziza, Zied Boughattas, Iheb Msakni et Mohamed Amine Ben Amor pour qu’ils encadrent les jeunes qui montent, Six à sept au maximum. Une accession qui doit se faire d’une manière progressive. Ce qui ne semble pas le cas actuellement. Si on est revenu à la politique de la formation « en masse », c’est que le club est endetté et que les dirigeants sont forcés de se débarrasser des gros salaires.

Comment voyez-vous l’avenir de l’ESS ?

Honnêtement, je ne vois pas le bout du tunnel pour un club surendetté et mal structuré. Il faut le restructurer en le dotant de commissions de types administratif, juridique et médical. Il est essentiel qu’une commission technique, composée d’anciens joueurs de l’ESS et d’entraîneurs qualifiés, voit le jour. Après, il faudra entamer un travail de longue haleine et peut-être qu’on finira par voir le bout du tunnel quand on honorera les dettes du club.

Que pensez-vous du football tunisien ?

Le championnat  suffoque financièrement. Nos clubs sont à la merci de la générosité de leurs pourvoyeurs principaux. De plus, il n’est pas doté d’une infrastructure adéquate. Quand on sait qu’aucun de nos stades n’est homologué par la CAF, que l’EST et le CA n’ont pas trouvé de stade pour disputer le derby et quand on voit l’état dans lequel se trouve le Stade 15-Octobre, il y a de quoi se poser bien des questions sur la qualité du spectacle qu’offre notre championnat.

Et l’équipe nationale, est-elle capable de remporter la CAN ?

L’actuelle sélection nationale n’a peut-être pas le meilleur effectif qu’a enfanté le football tunisien, mais elle dispose d’un groupe respectable. En termes de résultats, l’équipe de Tunisie réussit plutôt bien. Elle a disputé la Coupe du monde de Russie et a atteint les demi-finales de la CAN 2019. Si la FTF soigne ses rapports avec les clubs et avec du travail structuré notamment en ce qui concerne les finances des clubs et l’infrastructure, notre sélection nationale est en mesure de remporter la prochaine CAN.

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