Ce que fait l’EST en Ligue des champions est quelque chose de fabuleux et d’exceptionnel au niveau chiffres et qualité en Ligue des champions. Depuis qu’elle a assuré sa qualification au tour des groupes de l’édition 2018 sous la conduite de Khaled Ben Yahia, l’EST a enchaîné un cycle fou et brillant : des victoires, un tempo au diesel et une consécration continentale à laquelle même les plus optimistes des «Sang et Or» ne rêvaient pas en août dernier (période de crise et de tension). Ce n’est pas tout, le champion d’Afrique en titre ne succombe pas dans l’édition qui commence juste après. Il rafle un point hyper précieux face à Horoya Conakry, à l’ultime seconde (si significatif) avant d’enchaîner une série de résultats qui met l’EST leader de son groupe (sans pour autant convaincre dans tous les matches). Après, c’est une démonstration de force contre Constantine (une équipe moyenne pas plus) et puis cette heureuse qualification contre TPMazembe. Le match retour à Lubumbashi, on en parle encore. Le tenant du titre a trop subi, oui, s’est fait énormément peur, oui, et a été chanceux sur plusieurs occasions, c’est sûr, mais ce qui compte, c’est bien sûr la qualification à cette 2e finale consécutive. C’est très fort comme performance, et surtout quand on sait que finalement Chaâbani a compté sur les mêmes cadres et les mêmes solutions (les nouvelles recrues n’ont pas été si incisives). Une grande partie des supporters de l’EST n’est pas contente du match livré samedi dernier et c’est son plein droit.
Ben Chrifia et la chance ont sauvé Chaâbani et ses joueurs à maintes reprises, mais regardons la teneur du résultat. Un 0-0, un bloc défense qui a tenu bon, un gardien contesté, mais qui a sauvé son équipe, et surtout une réussite (une chance si vous aimez le terme) qui ne sourit qu’aux forts. La malchance, la guigne si vous voulez, c’est pour les petites équipes qui ne savent pas provoquer la chance et qui, tellement cumulent les échecs, se trouvent dans un cercle de «malchance».
L’EST est passée à sa 5e finale en 9 ans, l’ESS et le CSS ont calé en demi-finales. Toute la différence est là.
Autant l’EST a atteint depuis une année un palier de réussite inouï, autant l’ESS et le CSS, malgré leurs moyens et la qualité du jeu qu’elles offrent, restent loin des «Sang et Or». On peut dire que la compétition africaine des clubs n’est plus aussi blindée qu’avant, mais mettons aussi en valeur l’impact de l’expérience des joueurs de l’EST qui, même en jouant mal et même en optant pour des comportements défensifs risqués, réussit. C’est cela le point le plus fort de cette EST. Elle sait gagner, ses joueurs sont bien motivés, respectent leurs dirigeants et se donnent à fond. Les compétitions africaines se jouent sur des détails à partir des demi-finales. Les grands clubs d’Afrique, qui ont un fort lobbying, sont ceux qui gèrent mieux ces détails, qui travaillent en coulisses. Le CSS, qui n’a pas un lobbying conséquent, en a payé les frais contre RS Berkane (cela n’explique pas à lui seul cette déroute).
Une dynamique…
L’ESS ne peut pas être heureuse de cette élimination contre Ezzamalek. Elle a dominé à Sousse, conservant plus la balle et acculant les Egyptiens dans leur zone. Ce n’était pas suffisant. C’est une sorte de goût d’inachevé, vu qu’Ezzamalek n’était pas supérieur en tout cas. Lemerre a raté un point capital : il n’a pas su mettre à l’aise ses joueurs avant-hier. Le stade était très tendu, les joueurs aussi (mauvaise finition à l’image de Msakni et Hanachi). L’élan pris après la consécration arabe est stoppé. Pour le CSS, c’est aussi une mauvaise surprise. Les Marocains ont usé de tous les moyens (même anti fair-play). Profitant de l’influence de l’intenable Faouzi Lekjaâ, le président de la fédération royale et ex-président du club marocain.
Pour la finale EST-WAC, elle se jouera entre les joueurs des deux équipes (un style de jeu qui diffère) entre Benzarti et Chaâbani, mais en partie dans les coulisses entre les deux clubs. Lekjaâ, homme de confiance de Ahmed Ahmed, cherchera un doublé continental WAC-RSBerkane. L’EST, contrairement à l’ESS, le CSS ou le CA, est une machine à gagner qui sait mettre à profit un lobbying favorable comme le font les grands clubs. C’est de bonne guerre. C’est pourquoi elle n’a aucun concurrent en championnat, tellement elle a pris son envol depuis des années.