Accueil Economie Kamel Neji, président du conseil d’administration de l’UIB : «La performance de 2019 sera difficile à maintenir en 2020»

Kamel Neji, président du conseil d’administration de l’UIB : «La performance de 2019 sera difficile à maintenir en 2020»

En 2020, l’UIB devrait voir ses résultats nets baisser fortement sous l’effet de la crise de la Covid-19… Les indicateurs du premier trimestre 2020 en ont déjà porté la trace, alors que le confinement n’avait que deux semaines…

L’Union internationale de banques (UIB) a organisé vendredi 26 juin ses assemblées générales ordinaire & extraordinaire, qui se sont tenues, à titre préventif et de manière exceptionnelle, à distance en visioconférence, sous la présidence de M. Kamel Neji, président du conseil d’administration.

Un secteur qui défie la crise de la Covid-19

La crise sanitaire du coronavirus a atteint l’économie nationale, déjà fragile, avec une croissance annuelle moyenne atone de 1,5% au cours de la période 2015-2019. Pour l’heure, le PIB devrait reculer de 4,4% cette année. Et il n’est pas exclu que le gouvernement revoit à la baisse ses anticipations de croissance, et ce, à la lumière de nouvelles prévisions économiques du Fonds monétaire international (FMI). S’agissant du taux de chômage, il passerait de 15 à 21%. En outre, la récession est de nature à complexifier la donne en matière de finances publiques, dans la mesure où la marge de manœuvre mutuelle a été largement entamée avant le déclenchement de la crise, avec un taux d’endettement public de 71% en 2019, alors qu’il était de 65% en 2016. Le déficit budgétaire serait de 7,2% en 2020, pour une prévision initiale de 3%. Le ratio de la dette publique par rapport au PIB va indubitablement se creuser. «Cette situation concerne la quasi-totalité des pays du monde. Pour évaluer la soutenabilité de la dette publique, il ne faudrait pas se focaliser sur le niveau de la dette et sur le PIB, mais il est essentiel de prendre en compte le niveau de croissance, le taux d’intérêt en vigueur, la dette extérieure libellée en devises et le déficit de paiement… Ces quatre éléments sont déterminants», souligne M.Neji.

Il ajoute que dans ce contexte particulier, le gouvernement tunisien a pris la mesure des enjeux avec notamment le report des échéances de crédits bancaires pour les ménages et les entreprises, le report des charges fiscales et sociales, la prise en charge partielle des salaires, les garanties complémentaires à apporter au secteur privé, dans le cadre des conventions conclues, portant sur la facilitation d’octroi des crédits bancaires au profit des entreprises impactées par la pandémie de la Covid-19. De son côté, la Banque centrale de Tunisie (BCT) a pris toute sa place dans l’effort nécessaire face à la crise avec notamment la révision à la baisse de son taux directeur, la mise en œuvre de mesures en matière de liquidité des banques et de refinancement. «Ces interventions, dans l’optique de rassurer sur la capacité du secteur bancaire à soutenir l’économie, ne sont que des mesures de première ligne et il n’est pas exclu que la BCT ira plus loin pour assurer la solidité de la sphère financière… Cet effort public peut paraître à première vue insuffisamment efficace pour préparer la relance économique. Mais la situation actuelle conduirait naturellement à des fragilités difficilement acceptables pour les établissements bancaires. Donc, contenir la dette dans cette période est un choix difficile et la mobilisation de nouveaux emprunts liés à cette crise est non seulement nécessaire mais inévitable. Mais quand la crise sera derrière nous et pour relancer l’entreprise sur des bases structurellement saines, il sera plus que nécessaire de l’aider à fortifier ses fonds propres, à corriger ses déséquilibres bilanciels et à mieux maîtriser ses charges via des mécanismes lui permettant d’être plus forte dans ses réponses face aux aléas. Ce qui suppose une solidarité financière communautaire et un engagement plus affirmé des fonds d’investissement, des sociétés de capital risque et des compagnies des assurances dans les opérations de restructuration et de renforcement des fonds propres. Sur ce plan, le débat n’est pas encore assez structuré, mais l’option naturelle est de consolider les bases capitalistiques de la clientèle commerciale selon des mécanismes encore à inventer», explique-t-il.

S’attendre à une année plus difficile

Au regard des indicateurs des risques et de notation qui mettent en exergue la capacité des entreprises à honorer leurs engagements financiers, nous ne devons aucunement négliger la montée de risque d’un pays face à l’ampleur de la crise. Neji affirme que la crise de la Covid-19 a fragilisé les 2/3 des clients corporates de la banque, qui ont cessé, partiellement ou totalement, leurs activités pour des périodes allant à deux mois et plus. En quelques semaines, l’UIB s’y est adaptée avec agilité ; 50% de ses clients corporates ont pu bénéficier de report au titre de leur crédit à moyen terme et la banque a gelé les créances à long terme pour 37% de ses clients, et ce, pour plusieurs mois. La banque a également doté les clients les plus touchés par la crise de nouvelles ressources d’emprunt. Cet effort a été fondamental pour protéger ses clients dans cette période de crise.

«La performance de 2019 sera difficile à maintenir en 2020 et l’UIB devrait voir ses résultats nets baisser fortement sous l’effet de la crise qui s’annonce trop profonde. Les indicateurs du premier trimestre 2020 en ont déjà porté la trace, alors que le confinement n’avait que deux semaines… 2020 ne sera pas une année comme les autres pour nos différentes parties prenantes et pour nos actionnaires; le coût de la suspension des intérêts au titre des crédits aux particuliers vaut autant que neuf mois de résultat net de l’UIB. Cette initiative a été prise alors que le monde de l’entreprise a besoin de notre soutien… pour l’exercice 2020, il sera difficile de porter un jugement sûr et infaillible sur les tendances attendues et leurs retombées en terme du coût net du risque. Selon notre scénario central, et sur un an, la situation risque d’être compliquée dans la mesure où les premiers remboursements attendus des crédits objet de report vont avoir lieu à partir de mois de septembre 2020», explique-t-il.

«Malgré cette situation, la crise est une bonne occasion pour moderniser notre action et pour réformer notre banque de manière à ce qu’elle soit un maillon d’une économie-monde plus respectueuse de l’Homme mais aussi un échelon de l’économie de la vie et un partenaire des entreprises, celles qui investissement dans le secteur public et qui travaillent dans la santé, la prévention, le logement, l’alimentation, le recyclage…».

Chiffres-clés pour 2019

En dépit d’une conjoncture économique difficile, l’UIB affiche des résultats positifs pour l’exercice clos le 31 décembre 2019 tant en termes des états financiers consolidés de la banque qui font apparaître un total bilan de 6.329,7 millions de dinars qu’en termes du PNB (419.664 milliers de dinars contre 362.598 KTND au 31/12/18), avec un bénéfice consolidé de 116,3 MTND vs 109,4 MTND en 2018.

S’agissant de l’état de flux de trésorerie, le flux de trésorerie net provenant des activités d’exploitation a atteint 231 MDT au 31/12/19 (contre 303 MDT au 31/12/18), alors que celui provenant des activités d’investissement est passé de 17 MDT à 64 MDT, contre 18MDT provenant des activités de financement. Au total, les liquidités et équivalents de liquidité ont enregistré une hausse remarquable, passant de 158 à 343 MDT.

Pour le total des créances sur les établissements bancaires et financiers, il s’élève à 145 MDT au 31/12/2019 contre 53 MDT au 31/12/2018. Quant aux créances sur les établissements bancaires et financiers hors provisions, ils se détaillent comme suit : 145.710 en 2019 et 53.904 en 2018. Alors que pour les créances sur la clientèle, ils présentent au 31/12/2019 un solde de 5.499,172 KTND contre 5.330,395 KTND au 31/12/2018, soit une variation de 168.777 KTND.

Pour le Portefeuille-Titres commercial, le solde de cette rubrique s’élève au 31/12/2019 à 57.826 KTND contre 39.740 KTND au 31/12/2018 alors que le Portefeuille d’investissement s’élève au 31/12/2019 à 193.227 KTND contre 146.087 KTND au 31/12/2018.

Les dépôts de la clientèle présentent un solde de 4.972,135 KTND au 31/12/2019 contre 4.688,794 KTND au 31/12/2018 tandis que les réserves s’élèvent à 329.129 KTND au 31/12/2019 contre 242.461 KTND au 31/12/2018, soit une augmentation de 86.668 KTND. Le total des capitaux propres de la Banque s’élève à 623.494 KTND au 31/12/2019 contre 530.488 KTND au 31/12/2018, soit une variation 93.006 KTND.

L’état de résultat et l’état des flux de trésorerie pour l’exercice clos à cette date font ressortir des capitaux propres positifs de 623.494 KTND, y compris le résultat bénéficiaire de l’exercice s’élevant à 117.058 KTND.

Les intérêts et revenus assimilés et les commissions comptabilisées en produits par la banque s’élèvent, au 31 décembre 2019, à 65.536 KTND et représentent 93% du total des produits d’exploitation bancaire.

Le chiffre d’affaires s’est amélioré de 63% passant de 309 KDT en 2018 à 505 KDT en 2019. Les charges d’exploitation ont été très bien maîtrisées et n’ont augmenté que de 3% par rapport à l’année précédente. Le résultat net demeure négatif à -113 KDT malgré une amélioration de 60% par rapport à l’année 2018.

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