Le projet de «Cinéma fi Houmetna» lancé par la Ftcc a commencé en 2015. En 2018, l’idée (et le festival) avec l’appui de «Tfannen-Tunisie créative» s’est étendue à 24 quartiers et 12 gouvernorats. A l’occasion de la conférence de presse, nous avons rencontré la présidente de la Ftcc.
Où en sont les choses aujourd’hui à la Ftcc (qui vient de fêter récemment ses 70 ans en 2019) et quels sont ses défis ?
A cette occasion, il a fallu prendre du recul pour voir où en est la fédération, ses acquis et les défis qu’on doit relever. Force est de croire que nos défis sont aujourd’hui beaucoup plus compliqués, même si on ne vit plus sous une dictature… Nous sommes dans une démocratie où il y a la liberté d’expression, mais la pierre d’achoppement, de nos jours, réside dans les plateformes de cinéma et le streaming, et autant de nouvelles technologies qui empêchent les jeunes de sortir voir un film dans le cadre d’un cinéclub. L’une des solutions que nous avons trouvées consiste en le lancement de festivals. Nous disposons, en fait, d’une trentaine de cinéclubs en Tunisie et nous avons décidé de les encourager à organiser des festivals de cinéma avec des thématiques même avec des budgets limités. L’idée est de créer une ambiance particulière pour attirer les jeunes. Je cite l’exemple du cinéclub de Tunis qui organise «Le cinéma de la paix ?», le cinéclub Hammamet qui a organisé trois sessions de «Biouyounihounna» (A travers leurs yeux), un festival dédié aux productions de femmes. A Gabès, nous avons le court métrage tunisien, à Redeyef le film écologique et le cinéma du monde ouvrier à Menzel Bourguiba. Et nous continuons à lancer des festivals avec la spécificité de la Ftcc.
Vous arrivez à financer vos activités avec seulement le soutien de l’Etat ?
90% de notre budget provenaient avant de la subvention du ministère des Affaires culturelles. Nous avons essayé de diversifier nos ressources et de trouver d’autres soutiens à condition de respecter l’éthique de la Ftcc. (Et je fais référence à notre plateforme de l’action culturelle qui date de 1975). Nous avons donc préparé des dossiers et nous les avons présentés à des bailleurs de fonds européens ou tunisiens. C’est ainsi qu’on peut obtenir des financements de Deutchvel academy (Allemagne) pour notre projet «Cinéchebeb» qui s’étend sur toute une année, il y a aussi «Tfannen, Tunisie créative» et Naas qui est un réseau d’écrans alternatifs sur le monde arabe et où on a travaillé entre autres sur le renforcement des capacités des animateurs de cinéclubs et la rédaction d’un manuel de l’animateur. Aujourd’hui, nous nous ouvrons au sponsoring parce qu’il y a des entreprises nationales qui croient en notre éthique et en nos projets.