Sur nos écrans est projeté, actuellement le film du Marocain Alaa Eddine Aljem, sélectionné lors de la Semaine de la critique à Cannes, en 2019, et présenté dans le cadre de Cinétoiles à L’IFT. Une fable du désert qui fait malheureusement du surplace.
C’est le premier long-métrage écrit et réalisé par Alaa Eddine Aljem. Dans le désert marocain, un voleur gravit une colline pour y enterrer son butin. Puis, il se fait arrêter par la police, laissant derrière lui un sac rempli d’argent enfoui sous terre, ce que des villageois prendront pour la tombe d’un mort.
Dix ans plus tard, quand il sort de prison, le voleur retourne sur les lieux de sa cachette. Stupeur : à cet endroit a été construit un mausolée dédié à un «saint inconnu», farouchement protégé par un gardien et son chien. Le voleur s’installe dans l’auberge toute proche pour guetter le moment où il pourra à nouveau grimper et récupérer ses liasses de billets. Mais ce mausolée, avec sa plaque dorée et sa fontaine de pièces, aiguise décidément l’appétit des habitants, tiraillés entre l’ennui et l’appât du gain. Le voleur (et son associé) rencontrent nombre d’obstacles et de contretemps pour mettre la main sur le butin en question.
L’idée de départ est véritablement séduisante, de prime abord. Une idée qui se prête du reste aussi bien à une comédie dramatique qu’à une comédie tout court. Les sept premières minutes du film sont montées d’une manière à nous mettre tout de suite dans le bain avec un sens de l’ellipse très étudié et un rythme qui nous installe dans une atmosphère d’attente de ce qui va se passer. Un village où rien ne se passe de particulier et où l’ennui serre ses boulons autour de tous les habitants. Même le médecin qui s’y installe ne trouve personne à soigner et pense qu’il est plus gratifiant de soigner les animaux que les humains. Le chien du gardien devient alors un symbole et n’est plus un simple accessoire dramatique. Soit ! Mais c’est justement sur le plan du récit qu’on reprochera au réalisateur de trop s’étaler sur l’histoire du médecin du village et du chien à tel point qu’on se trouve presque éjecté du nœud dramatique principal qui est : comment récupérer le butin ? L’histoire du chien et de sa symbolique est très importante dans le film mais, étalée ainsi, elle nous donne cette impression de remplissage au cœur de l’histoire principale qui, en s’ajoutant au rythme d’un montage amorphe, donne au spectateur cette sensation agaçante de faire du «surplace». On comprend que le réalisateur ait voulu faire dans le burlesque (ce qui n’est pas déjà une mince affaire), mais sans rester dans les normes du genre. Et même s’il a voulu faire son propre burlesque (pourquoi pas ?) il serait au moins utile pour nous qu’il nous donne des pistes de lecture de «son» burlesque… Mais rien ! Bien entendu, on peut parler du culte des croyances au Maroc et faire une lecture politique de la situation, mais sans aucune jubilation censée nous toucher grâce à ce burlesque.