Depuis la visite effectuée par Kaïs Saïed dans les principales villes côtières de départ des barques de la mort, les unités sécuritaires ont réussi des coups de filet qui ont abouti à l’arrestation de plusieurs personnes. En effet, la chasse aux passeurs est lancée de pied ferme dont l’objectif est d’adresser un message clair aux partenaires européens sur la détermination de Tunis à combattre ce fléau qui les inquiète.
C’est que le nombre de migrants tunisiens a dépassé les sept mille rien que sur l’île de Lampedusa — ce qui constitue plus de 45% du contingent des immigrés irréguliers qui ont débarqué durant les derniers mois en Italie. Cette situation qui a provoqué un tollé dans ce pays qui craint une vague massive comme celle survenue en 2011.
Exhortées par le Chef de l’Etat Kaïs Saïed à accorder un intérêt primordial à l’arrêt de ce business de la mort, où les passeurs amassent des fortunes sur la vie des migrants, les unités sécuritaires sont parties au pas de charge pour démanteler les réseaux de la migration irrégulière. Elles ont pour objectif premier d’appréhender les passeurs et les recruteurs au voyage qui profitent de la détresse sociale des candidats à l’émigration. Ces derniers payeraient des sommes exorbitantes malgré leur misère. Cette opération cible non seulement le “business model” de ceux qui tirent parti de la misère des migrants mais aussi vise à sauver des vies, à démanteler les réseaux de trafiquants d’êtres humains et à s’en prendre aux causes profondes de la migration.
Mais force est de reconnaître qu’une défaillance et une baisse de garde ont favorisé l’amplification de ces opérations de migration à nos frontières, puisque plusieurs avis de recherche ont été émis contre des présumés passeurs en Tunisie sans toutefois procéder à leur arrestation. Mais après avoir opéré un changement important au niveau des chefs de districts de police, les unités de la Garde nationale ont eu les coudées franches et ont pu interpeller 23 individus à Mahdia, 11 autres à Sfax, en un laps de temps.
Ce résultat édifiant serait obtenu grâce à la mise en œuvre d’une stratégie élaborée par la direction des renseignements de la Garde nationale, en coordination avec les unités régionales. Il est à noter que la Garde nationale poursuivra ses campagnes pour mettre un terme à ce phénomène et ce, dans toutes les régions côtières.
En plus de cette mission au sol, musclée et offensive pour une neutralisation préventive des opérations de migration et l’arrestation des trafiquants, des moyens aériens d’observation (avions de surveillance maritime, drones, hélicoptères) et d’imagerie (radars, satellites) ont été mobilisés ainsi que la requisition d’unités d’intervention sur les côtes qui impliquerait la recherche — et si nécessaire, la saisie en mer — des navires suspects.
Mais il s’agit aussi d’organiser le sauvetage en mer car la cible des forces de sécurité n’est pas les migrants mais les trafiquants. A cet effet, une coordination avec les pays riverains et européens ainsi qu’une coopération avec les partenaires (ONU, Unhcr, Frontex …) sont déclenchées en vue de recueillir et d’échanger les informations sur les trafics humains.
La Tunisie est ainsi déterminée à gérer ses côtes de façon optimale, une opération qui présente des similitudes avec l’opération navale entamée en Méditerranée mais qui pourrait déboucher sur une impasse si la gestion du dossier des migrants tunisiens sur place en Italie butait sur un conflit diplomatique tuniso-italien.