Que peut-on attendre de la séance de travail annoncée dimanche 16 août par les services d’information de la Présidence de la République et qui a réuni hier le Chef de l’Etat, Mme Salma Enneifer, secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, le commissaire en charge de la politique européenne de voisinage et la commissaire européenne aux affaires intérieures avec les ministres italiens des Affaires étrangères et de l’Intérieur, Luigi Di Maio et Luciano Lamorgese ?
La question est d’autant plus légitime et commande une réponse claire et précise que les Tunisiens attendent avec impatience, anxiété et désarroi que la semaine qui vient de s’écouler a été marquée par une polémique d’une ampleur sans précédent à la faveur de la décision sans appel prise par les autorités italiennes de rapatrier les migrants irréguliers tunisiens qui ont gagné les côtes italiennes ces dernières semaines.
Et quand deux ministres italiens, ceux des Affaires étrangères et de l’Intérieur, directement concernés par le dossier de l’émigration clandestine, dans son aspect diplomatique et sa dimension sécuritaire, débarquent ensemble en Tunisie pour discuter, dans le sens d’examiner et aussi de trancher la question avec le Président de la République, avec la présence-supervision de l’Union européenne via les commissaires aux affaires intérieures et à la politique de voisinage, on doit s’attendre à ce qu’un tel sommet, dont la tenue constitue déjà un événement, soit de nature à être couronné par des actions concrètes.
En plus clair, hier, les Tunisiens qui appréhendaient ce sommet voulaient être édifiés sur la mise en œuvre d’une approche commune engageant l’Italie et l’Union européenne, d’une part, et la Tunisie, d’autre part, sur la meilleure stratégie à suivre en vue de régler cette épineuse question, tout en préservant les intérêts de l’Italie, ceux de la Tunisie et plus particulièrement ceux des migrants eux-mêmes se trouvant sur place qui exigent que leurs droits soient respectés et leur intégrité préservée.
Malheureusement, à lire le communiqué ayant sanctionné la réunion au sommet en question, on découvre que les deux parties sont restées sur leurs positions initiales : les Italiens déterminés plus que jamais, comme l’a réaffirmé le ministre des A.E. Luigi di Maio, «à ce que les migrants arrivant en Italie de manière irrégulière soient rapatriés», alors que la Tunisie «appelle à une approche de développement global» et conseille de ne pas se contenter de «l’approche sécuritaire» pour faire face au flux migratoire vers les côtes italiennes.
En somme, le sommet Tunisie-Italie-Europe aura contribué, même s’il n’a pas été sanctionné par des mesures concrètes (peut-être seront-elles annoncées dans les jours ou semaines à venir) à baliser la voie à un dialogue sérieux sur la nécessité absolue de trouver ensemble les solutions dont les conséquences désastreuses n’épargneront personne.