Pour beaucoup de citoyens, l’Etat constitue la poule aux œufs d’or. Faire preuve de farniente, de paresse et d’abandon de poste est courant dans l’administration, puisque que le salaire est servi à chaque fin de mois. L’administration tunisienne bat de l’aile depuis plus de onze ans à cause, justement, du laisser-aller et du laxisme de certains employés. Même au plus haut niveau de l’administration, les responsables ne veulent pas prendre des décisions pertinentes et audacieuses de peur d’être réprimandés. Plusieurs projets ont ainsi été retardés ou même annulés à cause de problèmes d’ordre administratif.
Et dire que l’administration tunisienne se distingue par son surplus d’employés. Des recrutements superflus ont été effectués au cours de la dernière décennie, ce qui a alourdi davantage l’administration qui ne peut plus assumer sa mission avec rentabilité et dans des délais raisonnables. Certes, des mesures gouvernementales ont été prises en vue d’alléger le fardeau de l’administration en encourageant la retraite anticipée et le départ volontaire, mais cela n’a pas résolu pour autant le problème. La lourdeur administrative ne date pas d’une époque récente, mais remonte à une époque lointaine, tout juste après l’Indépendance. La masse salariale dans la fonction publique a explosé, alors que la rentabilité a régressé sensiblement.
Pourtant, plusieurs activités économiques dépendent dans une large mesure des services administratifs comme, à titre d’exemple, les investissements privés et la création des projets. Tout retard administratif enregistré dans l’administration peut se répercuter sur la réalisation des projets. Car si certains promoteurs tiennent bon pour concrétiser leur projet, d’autres abandonnent l’idée d’un projet lorsqu’ils sont découragés par les lenteurs administratifs. Il faut dire que le Guichet Unique et l’interlocuteur unique mis en place par l’Agence de promotion de l’industrie et de l’innovation a résolu bien des problèmes, dans la mesure où tous les prestataires de services administratifs sont regroupés en un seul espace.
Mais les promoteurs demandent toujours plus et sont intéressés par la constitution d’une société à distance, sans être obligés de se déplacer. Les opérations d’importation et d’exportation dépendent aussi de certains services administratifs et douaniers. Les opérateurs économiques sont en course continue contre le temps. Leur démarche ne doit souffrir d’aucun retard sous peine de voir leurs transactions annulées.
La poule aux œufs d’or ne doit pas être tuée, mais améliorée pour qu’elle s’acquitte convenablement de sa tâche délicate et stratégique. Toutes les parties prenantes à commencer par les hauts responsables politiques doivent contribuer à faire de notre administration un exemple de bonne conduite. Les responsables des sociétés publiques doivent avoir une certaine marge de manœuvre et de liberté pour arrêter leur programme, prendre des initiatives et rendre des comptes à chaque fin d’année au ministre concerné. Des contrats-objectifs peuvent être établis entre l’administration, les sociétés publiques et les ministères respectifs pour atteindre des objectifs clairs en impliquant tous les agents et les cadres de l’administration.