Trente jeunes du projet Vision Solidaire, lancé il y a trois ans par La Maison de l’Image, viennent de finaliser une expérience artistique portant sur les quartiers défavorisés. Leur regard sur les populations et leurs rêves d’une vie meilleure est loin de tout voyeurisme.
Mis en place en 2017, le projet Vision Solidaire veut former gratuitement aux métiers de l’image et du design graphique des jeunes des quartiers populaires du Grand-Tunis, âgés entre 18 et 28 ans. Cette initiative de la Maison de l’Image, dirigée par le photographe Wassim Ghozlani, est soutenue par la Fondation Drosos. Cinq disciplines sont proposées aux jeunes, trente à chaque fois. La photo, bien sûr en premier lieu à côté de la vidéographie, l’infographie et le design graphique, l’illustration et l’animation 2D, et le Webdesign et le design interactif. La troisième et dernière promotion de Vision Solidaire vient de finaliser sa formation en s’engageant dans une toute première expérience professionnelle intitulée «Shawarie» ou rues en arabe.
L’Union européenne, l’Agence française de développement (AFD) et l’Arru ont pris part au financement de «Shawarie».
Bienveillance et empathie
Ce projet artistique s’inscrit en fait dans le cadre du Programme de réhabilitation des quartiers d’habitation informelle (Priqh) en Tunisie, qui a pour but d’aider les habitants de ces cités désavantagées à mieux s’intégrer dans leur commune, à améliorer leurs conditions de vie, à dynamiser ou à créer une économie de proximité. Chbedda, Saïda et Ennassim, Sfaxi et Oued Dabbegh, Bhar Lazraq, El Bokri et Saada sont les quartiers du Grand-Tunis, où les trente jeunes de Vision Solidaire ont déployé leur talent, sans voyeurisme aucun, ni misérabilisme. Avec bienveillance et une tonne d’empathie.
Au contact de la population, caméra à l’épaule ou appareil photo en mains, les bénéficiaires du projet Vision Solidaire ont appris à poser les questions, à discuter d’une solution, à regarder et à capter les images et les développer, à les projeter pour provoquer d’éventuels débats. Le résultat de cette aventure est une plateforme web dévoilant des reportages photos dressant les portraits des quartiers ainsi qu’une série documentaire de six épisodes qui en disent long sur la vie des habitants et ce qu’ils pensent de leur environnement.
Pour aller jusqu’au bout de cette initiative inclusive, les photos seront exposées dans chacun des quartiers concernés par «Shawarie». Les vidéos seront également projetées et débattues avec le public des cités. Après Chbedda cette semaine, ce sera au tour de la population de Saida/Ennassim à partir de mercredi prochain de visualiser et de discuter le travail des jeunes photographes et vidéastes en herbe.