Le travail de Kassou se décline au féminin dans cette exposition pour laquelle Musk and Amber a mis en scène une atmosphère de boudoir poudré et chaleureux.
Tirez le fil, il y a quelque chose au bout : fil d’Ariane, qui vous guide, fil du rasoir qui vous perd, fil de Pénélope qui, sans cesse, se défile, Kassou joue avec nous… et avec ses femmes-fil. Le jeu est subtil, l’enjeu imprécis. Que veut-elle montrer ? Ou plutôt que veut-elle cacher par ce fil qui masque et dénude, qui cache et révèle ?
Pourtant, derrière le fil, derrière cette toile d’araignée patiemment tissée, cette dentelle arachnéenne, les femmes de Kassou sont des femmes de terre, de feuilles et de fleurs, des femmes à qui la nature semble donner consistance et matière. A moins que tout cela ne soit qu’un jeu de masques, que ces nymphes éthérées ne vous laissent approcher que pour mieux s’évaporer.
Le travail de Kassou se décline au féminin dans cette exposition pour laquelle Musk and Amber a mis en scène une atmosphère de boudoir poudré et chaleureux. Reines en majesté, ses femmes, à nulles autres pareilles, toutes de fluidités et de transparences, semblent se fondre dans une nature généreuse, opulente, exubérante. Mais là n’est pas l’enjeu, ce n’en est qu’une partie. Au-delà du décor planté, le fil qui brode leurs contours, les souligne, les surligne, a une fonction révélatrice :
« Au rythme de Nature mise en écho au sein de leurs émotions inconscientes, elles déchirent en mille morceaux le voile des apparences et nous convient à plonger dans les tréfonds de leur âme. Légères comme un soupir, elles se dressent, appellent de leurs vœux le fugace et le transitoire», écrit l’artiste en présentant cette exposition qu’elle appelle D’Âme, et dont on devine que, plus qu’un exercice de virtuosité, elle a mis beaucoup de son ‘‘âme’’ justement».
Eve s’ennuie-t-elle au paradis terrestre ? Elle « erre », elle « languit », Elle « dénie », elle « déborde », elle « s’exhibe », elle « égare », et s’ «égare » .
Et puis tout s’apaise dans une douce sérénité :
« Tout cela ne tient qu’à un fil, à la fois robuste et fragile. Alors, on finit par comprendre que c’est cause perdue d’essayer de les rattraper ces belles âmes déjà parties hors de l’espace, hors du temps…», écrit Anissa Bouasker.
Alors, peut-être faut-il conclure avec Fatma Ben Becher, dont on a plaisir à retrouver la plume :
« Pour ne pas se perdre dans le labyrinthe de ses choix, il faudra désormais suivre le fil de Kassou. »