Au premier jour, hier, de la deuxième législature 2020- 2021, l’ARP a repris ses plénières, consacrées au dialogue avec le gouvernement, avec pour ordre du jour la situation sanitaire, sociale et éducative. Trois secteurs vitaux quasiment mis à mal, suite à la propagation du coronavirus qui ne cesse de gagner du terrain.
Peu après la séance inaugurale, présidée par Rached Ghannouchi et ses deux seconds, vint, ensuite, l’audition des ministres de la Santé, des Affaires sociales, de l’Education, de la Jeunesse, des Sports et de l’Intégration professionnelle et de l’Enseignement supérieur. Chacun d’eux a tenté de défendre son département et sauver la face, même si la réalité en dit long sur une gestion de crise non concluante.
En pareille circonstance, où nos hôpitaux se portent plutôt mal et nos soldats blancs sont mis à rude épreuve, le premier à en devoir rendre compte, c’est bien le ministre de la Santé, Dr Faouzi Mehdi.
La parole lui a été, d’emblée, cédée, pour dise ses quatre vérités. A priori, il s’enorgueillit d’avoir mis en place une stratégie de lutte antivirus qui soit basée sur des fondements scientifiques dont l’approche tient essentiellement à trois axes : la disposition de l’Etat, les protocoles sanitaires et l’adaptation au coronavirus. Selon lui, tout a été mis au service des patients testés positifs : hôpitaux de campagne installés dans plusieurs régions du pays, création de circuits Covid-19, laboratoires publics et 33 privés, auxquels s’ajouteront bientôt quatre autres laboratoires d’analyses à Sidi Bouzid, Jendouba, Tozeur et Le Kef. Ce qui a élargi la capacité d’admission des malades Covid-19.
Alarmant !
Le ministre s’est contenté, semble-t-il, de faire état d’un bilan qu’il a été jugé bon. Alors que le constat alarmant dû à l’explosion des cas infectés n’est plus à démontrer. Et là, Mme Nissaf Ben Alaya, porte-parole du ministère de la Santé a tiré la sonnette d’alarme quant à la hausse, par milliers, des cas de contamination au Covid-19. On compte, à ce jour, plus de 250 morts. Et l’on craint le pire, si les mesures de prévention ne sont pas strictement respectées.
Pas question de confinement total comme celui instauré en mars-avril derniers, affirme le ministre. Il a toutefois insisté sur l’importation de plusieurs doses de vaccins contre la grippe saisonnière, laquelle ayant les mêmes symptômes que Coronavirus. Son collègue, Mohamed Trabelsi, ministre des Affaires sociales, lui, a passé en revue les réalisations de son département pendant la première vague.
A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Des aides sociales ont été distribuées à ceux qui en ont besoin. Familles nécessiteuses, ouvriers licenciés, retraités, catégories socioprofessionnelles vulnérables, ainsi que des Tunisiens à l’étranger en ont aussi tiré profit.
Par ailleurs, la rentrée scolaire et celle de formation professionnelle ont eu lieu sous haute tension, due à l’absence de protocole sanitaire. Ce qui été fort démenti tant par le ministre de l’Education que celui de la Jeunesse. Tous deux ont affirmé avoir mis à disposition le matériel d’hygiène et de propreté qu’il faut. Contrairement aux rumeurs qui avaient circulé ces derniers jours, Kamel Deguiche, ministre de la Jeunesse, des Sports et de l’Intégration professionnelle, a souligné qu’il y a peu de cas de contaminations dans le domaine du sport.
Soit un très faible taux d’infection enregistré pour nos sportifs d’élite. A titre préventif, énumère Fethi Slaouti, ministre de l’Education, près de 240 mille masques à usage unique et multiple, plus de 10 mille détecteurs de température, à raison d’un pour 200 élèves, avec plus de 3 mille litres de produits de stérilisation.
Cela ne s’avère nullement suffisant pour couvrir deux millions d’élèves dans six mille écoles sur le territoire national. Même bilan dressé par la ministre de l’Enseignement supérieur et qui demeure toujours insatisfaisant.
Bilan jugé non convaincant
Place aux questions des députés. Tour à tour, les représentants des blocs parlementaires ont vidé leur sac, imputant ce lourd bilan des décès et cas infectés au laisser-aller dont fait preuve l’Etat tunisien. Toutes les informations et données chiffrées en ce qui concerne la stratégie de lutte contre le coronavirus semblent n’avoir pas convaincu la quasi-majorité des intervenants. Chacun parti de sa région, les députés ont jugé non concluant un tel bilan. D’après eux, la politique de l’Etat a manqué de sérieux et d’anticipation. La situation demeure, hélas, ingérable.
Le gouvernement Fakfakh et celui de Mechichi, tous deux, n’ont pas réussi à circonscrire l’épidémie. Qu’attend ce gouvernement pour agir plus vite, afin de pouvoir éviter l’inévitable ?